Grâce à Snapchat, ils proposent un véritable Amazon de la contrebande pour les détenus

Durant plusieurs mois, des détenus de nombreuses prisons françaises ont fait appel à un compte Snapchat pour faire leurs courses. Baptisé Drone2France, ce compte géré par huit personnes était spécialisé dans la livraison de contrebandes (alcool, drogues, smartphones, etc.) via des drones.

snapchat livraison drones
Crédits : 123RF

Depuis plusieurs années déjà, la réputation de Snapchat a été entachée par plusieurs scandales, notamment en raison de son utilisation récurrente par des organisations criminelles. Déjà en 2021, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait déclaré dans une interview que Snapchat était devenu “le réseau social de la drogue“. Une position partagé par la justice américaine, qui a poursuivi la plateforme en février 2023 après le dépôt de plainte d’une cinquantaine de parents d’élèves. Ils accusaient Snapchat de faciliter le trafic de drogue.

Or, l’histoire du jour ne fait que confirmer cette tendance. En effet, les gendarmes de la section de recherche de Limoges viennent de mettre fin à un vaste trafic de contrebandes. Tout commence en janvier 2023, lorsque les surveillants pénitenciers de la maison d’arrêt d’Uzerche (Corrèze), repèrent un drone en survol au-dessus de la cour de la prison. L’appareil venait tout juste de larguer un colis, destiné visiblement à l’un des détenus.

Rapidement, ils parviennent à identifier le destinataire. Ils trouvent dans le paquet du cannabis ainsi que plusieurs smartphones. Dans la foulée, ils perquisitionnent la cellule du client et trouvent un autre mobile. Après avoir épluché les données du téléphone, les forces de l’ordre découvrent que le détenu a passé sa commande via un compte Snapchat baptisé Drone2France.

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Un service de livraison de contrebandes sur Snapchat

Une enquête de longue haleine débute alors. D’après les éléments partagés par les forces de l’ordre, ce compte Snapchat est devenu en quelques mois la référence de la livraison de contrebandes dans les pénitenciers hexagonaux. Au total, des livraisons ont été effectués dans plus d’une quinzaine de centres de détention, notamment à Fresnes, Epinal, Châteauroux, Tarascon ou encore Metz. “On s’est également rendu compte qu’ils opéraient des livraisons en Belgique”, précise le lieutenant-colonel Denis Dempuré, commandant de la section de recherche de Limoges.

Le montant minimal de la commande était de 450 euros, et pour ce prix, le client recevait un colis contenant des smartphones, des stupéfiants ou d’autres produits de son choix. Et pour livrer près d’une prison, le “panier” devait contenir au moins quatre colis, soit une facture de 1 800 euros. Il aura fallu quasiment un an d’enquête pour identifier les auteurs de ce service illégal, qui proposait carrément des promotions et des publicités comme Amazon ou n’importe quel site de e-commerce.

8 personnes interpellées, 160 000 € de gains

En début de semaine, 80 gendarmes ont mené un vaste coup de filet en région parisienne et dans les Hauts-de-France. Au total, 8 personnes ont été interpellées et ce jeudi, trois d’entre elles, dont un couple (considéré comme le cerveau de l’opération), ont été mises en examen pour trafic de stupéfiants, remise illicite d’objets à des détenus et blanchiment. Ils ont été placés en détention provisoire.

D’après les derniers éléments de l’enquête, tous les prévenus sont connus très défavorablement des services de police, pour des faits de trafic de drogue justement. L’un des leaders de l’opération venait tout juste de purger un an de prison en détention provisoire avant de lancer ce compte Snapchat. Selon les forces de l’ordre, le groupe criminel a empoché pas moins de 160 000 euros de gains entre octobre 2022 et avril 2023, et encore il s’agit d’une estimation comme l’a précisé la gendarmerie. Durant les perquisitions, les gendarmes ont trouvé deux drones, des trackers de drone, 2,3 kg de cannabis, deux voitures de luxe et de la maroquinerie. L’enquête suit toujours son cours pour trouver d’éventuels complices (notamment les familles des détenus qui ont passé commande) et pour déterminer comment l’argent rapporté a été utilisé.

Source : 20 minutes

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