ChatGPT : utiliser l’IA pendant ses études peut avoir des conséquences néfastes selon ces scientifiques

Des chercheurs ont mesuré que l’usage répété de l’IA ChatGPT dans le cadre des études n’est pas sans risque. Il entraînerait des conséquences négatives sur celles et ceux qui comptent trop sur le chatbot.

ChatGPT
Crédits : 123RF

Lorsque que l’intelligence artificielle générative ChatGPT a vu le jour, certains étudiants y ont très vite vu un moyen de gagner du temps sur leurs devoirs et pourquoi pas d’augmenter leurs notes. Les professeurs ont également flairé les dérives possibles : ils sont 98 % à craindre que les élèves trichent grâce à l’IA. Et ce ne sont pas les outils mis en place pour éviter ça qui les rassurent. Devant l’essor fulgurant du chatbot, des établissements ont pris la décision radicale d’interdire l’usage de ChatGPT en leur sein, tout simplement.

Il est en réalité difficile d’empêcher les étudiants de confier la rédaction d’un dossier ou la résolution d’équations à l’intelligence artificielle. L’outil est accessible très facilement et son usage est intuitif. Le professeur Muhammad Abbas de la National University of Computer and Emerging Sciences au Pakistan a justement “observé une dépendance croissante, non critique, à l’égard des outils d’IA générative parmi [ses] étudiants pour diverses missions et projets” confiés par ses soins. Il cherche alors à savoir si utiliser ChatGPT peut avoir des conséquences sur les élèves, à différents niveaux.

Les étudiants ne devraient pas utiliser ChatGPT trop souvent, cette étude pointe des risques

Dans un premier temps, Muhammad Abbas et son équipe ont développé une échelle de mesure permettant de quantifier l’usage de ChatGPT chez les étudiants. Elle comporte 8 entrées comme “J’utilise ChatGPT pour mes devoirs de cours“, “Je suis accro à ChatGPT lorsqu’il s’agit d’études” ou “ChatGPT fait partie de ma vie sur le campus“. Ensuite, les hypothèses des chercheurs sont testées sur un échantillon de 494 étudiants de l’université, à 3 moments distincts séparés chacun par une ou deux semaines d’intervalle.

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Cette méthode permet notamment de récolter les données de manière logique. D’abord sur les variables que sont la charge de travail, la pression temporelle (le temps alloué pour rendre un projet), la sensibilité aux récompenses et la sensibilité à la qualité du rendu. Ensuite vient la mesure de l’usage de ChatGPT à l’aide de l’échelle créée, puis vient l’évaluation de ses conséquences. L’équipe en formule 3 : la tendance à la procrastination, c’est-à-dire à remettre tout au lendemain, la perte de mémoire et la performance scolaire.

D’après une recherche, se reposer excessivement sur ChatGPT pendant ses études impacte la mémoire, entre autres

Le premier résultat est assez logique. Les étudiants confrontés à une grande charge de travail et à une pression temporelle forte se tournent plus vers ChatGPT que les autres. Ils pensent sûrement que l’IA leur permettra de tenir les délais. En revanche, celles et ceux qui sont plus sensibles aux récompenses s’en servent moins. Cela suggère que ces élèves craindraient en quelque sorte de “se faire prendre” à utiliser le chatbot. Quant à la sensibilité à la qualité du résultat, elle n’a pas d’influence. Mais ce sont surtout les résultats suivants qui inquiètent.

Recourir à ChatGPT de manière accrue est directement lié à un plus haut niveau de procrastination, des pertes de mémoire plus fréquentes, et une baisse des résultats scolaires. Ici, l’IA a l’effet inverse de celui attendu. Le professeur Abbas met donc en garde contre “le côté obscur d’une utilisation excessive de l’IA générative“. Il n’oublie pas que son étude comporte des failles cependant.

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Par exemple, le lien entre usage de ChatGPT et procrastination n’est peut-être pas direct, mais bidirectionnel. Autrement dit : plutôt que dire “utiliser ChatGPT rend plus enclin à remettre ses devoirs à plus tard”, on peut imaginer que les étudiants se tournent vers ChatGPT parce qu’ils sont des procrastineurs à la base.

Muhammad Abbas est conscient de ces limites et pense déjà à la suite. “À long terme, mes objectifs consistent à élargir ce domaine de recherche pour explorer davantage, par d’autres méthodes telles que des expériences, comment l’utilisation excessive de l’IA générative affecte les résultats des étudiants“. D’autres pourront également s’intéresser aux liens entre usage des outils d’intelligence artificielle générative et compétences cognitives, ou même apprentissage en général.

Source : PsyPost

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