Carrefour, Accor, Renault… l’AI Act préoccupe de grands patrons français

Carrefour, Accor, Renault… l’AI Act préoccupe de grands patrons français

En juin, le Parlement adoptait l’AI Act, le dernier texte européen destiné à encadrer l’intelligence artificielle. Le Conseil européen fait quant à lui pression pour une adoption rapide. Cette hâte est notamment justifiée par “l’importance de voir l’UE devenir un lieu majeur pour le développement de l’IA.”

Le texte ne fait en revanche pas l’unanimité dans la sphère économique. Les dirigeants de 150 entreprises européennes ont signé une lettre ouverte mettant en garde les institutions européennes contre les conséquences de l’AI Act.

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Inquiétude sur les modèles fondation

Parmi les signataires figurent les patrons de grands acteurs français, parmi lesquels Carrefour, Accor, Dassault Systèmes, Blablacar, Airbus, Engie, Renault ou encore Capgemini et Orange. Des figures reconnues de l’intelligence artificielle, dont Luc Julia et Jean-Gabriel Ganascia, sont eux aussi du nombre, comme les dirigeants de la dernière pépite de l’IA générative, Mistral AI, ou Cédric O, l’ancien secrétaire d’Etat au numérique.

Pour les signataires, l’intelligence artificielle représente une “chance pour l’Europe de rejoindre l’avant-garde technologique”. Or, cette opportunité risquerait d’être compromise par l’adoption de l’AI Act dans sa version actuelle. Les décideurs attirent en particulier l’attention sur la régulation des modèles fondation.

“Les modèles fondation, quels que soient leurs cas d’utilisation, seraient fortement réglementés et les entreprises qui développent et mettent en œuvre ces systèmes seraient confrontées à des coûts de mise en conformité et à des risques de responsabilité disproportionnés”, s’inquiètent-ils.

Le lancement par OpenAI de ChatGPT a conduit les régulateurs à revoir profondément le texte initial afin de réglementer plus strictement les modèles d’IA générative. Ces modifications ne sont pas du goût des entreprises européennes et d’éditeurs d’IA.

L’IA générative un avantage concurrentiel en péril

“Les États qui disposent des grands modèles de langage les plus puissants auront un avantage concurrentiel décisif”, jugent les signataires de la lettre aux autorités européennes. Ceux-ci y voient aussi “des outils puissants qui façonneront non seulement notre économie, mais aussi notre culture. L’Europe ne peut pas se permettre de rester à l’écart.”

Les dirigeants d’entreprises jugent que “la réglementation de l’IA générative dans la loi” telle que pensée par l’AI Act revient à imposer une “logique de conformité rigide”. L’approche du législateur est en outre qualifiée de “bureaucratique” et “inefficace”.

Les signataires militent pour la mise en place d’un cadre transatlantique, présenté comme une priorité. Ils plaident surtout pour un remaniement de la dernière version de la loi sur l’IA. La finalité : aboutir à une “législation proportionnée et tournée vers l’avenir qui contribuera à la compétitivité européenne tout en protégeant notre société.”

La lettre ouverte est accueillie très défavorablement par le rapporteur du texte au Parlement, l’eurodéputé Dragoș Tudorache. Pour ce dernier, les signataires n’ont visiblement pas lu l’AI Act et réagissent “à l’impulsion de quelques-uns”.

“Il est regrettable que le lobbying agressif de quelques-uns s’empare d’autres entreprises sérieuses (…) Cela sape malheureusement l’avance indéniable que l’Europe a prise”, déplore le député européen.

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