Après le coup d’Etat au Mali, la France redoute une nouvelle dégradation de la sécurité dans la région – Le Monde

Des Maliens manifestent sur la place de l’indépendance à Bamako, le 18 août.

Après des mois de troubles, la catastrophe redoutée est survenue. Pour la France, le coup d’État militaire au Mali suscite la peur du vide politique et d’une tourmente sécuritaire accrue, dans un pays sans intégrité territoriale, au pouvoir central trop frêle. Dans un communiqué publié mardi 18 août, le ministère des affaires étrangères a exprimé son « inquiétude » devant la « mutinerie » engagée, condamnant « avec la plus grande fermeté cet événement grave ».

Emmanuel Macron s’est entretenu de la crise en cours avec plusieurs dirigeants de la région, notamment ses homologues nigérien Mahamadou Issoufou, ivoirien Alassane Ouattara et sénégalais Macky Sall. Une fois le coup d’Etat déclenché, le président français avait même réussi à joindre le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (« IBK »), peu avant son arrestation. « Il s’agissait de lui indiquer que nous étions sur la même ligne que la Cedeao [Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest], à savoir le refus d’un coup d’Etat », explique une source diplomatique.

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A la demande de la France et du Niger, qui préside actuellement la Cedeao, le Conseil de sécurité de l’ONU devait se réunir en urgence, mercredi 19 août, pour examiner la situation au Mali. Le Quai d’Orsay précisait mardi que la France partageait la position de la Communauté, « qui appelle au maintien de l’ordre constitutionnel et exhorte les militaires à regagner sans délai leurs casernes ». Mais il faudra vite, pourtant, prendre contact avec les militaires, qui disent assurer une simple transition avant de nouvelles élections.

Pour la France, le Mali est à la fois un allié – inconstant et faible – dans la lutte contre les groupes djihadistes et un point d’ancrage important dans l’Afrique francophone. Sécurité et influence. Mais Paris vit dans une forme d’impuissance et d’énervement contenu depuis des années, constatant le marasme politique dans ce pays et l’incapacité du président malien à œuvrer à la réconciliation et à l’unité territoriale.

« Un président faible, sans vision »

« Depuis les élections législatives d’avril, tout le monde demandait àIBKde prendre des initiatives politiques, détaille une source diplomatique française. Il existe aujourd’hui une frustration partagée, notamment par nous. On sait ce qu’il faudrait faire, et ce n’est certainement pas un coup d’Etat militaire. »

A Paris, on estime qu’outre la démission indispensable de trente et un députés élus dans des conditions frauduleuses, « IBK » aurait dû accepter la mise à l’écart de son entourage familial. « Il cristallise la colère populaire, poursuit la source française. On l’a bien vu mardi soir à Bamako. il n’y a pas eu d’émeutes ou de manifestations, mais des pillages ciblés contre sa famille. » Cible privilégiée : Karim Keïta, l’un des fils du président, au train de vie grandiose.

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