Nouvelle attaque aérienne contre une milice chiite au nord de Bagdad – Le Monde

Manifestation d’Iraniens à Téhéran après l’attaque américaine, le 3 janvier.

Manifestation d’Iraniens à Téhéran après l’attaque américaine, le 3 janvier. Wana News Agency / VIA REUTERS

Un nouveau raid aérien contre les pro-Téhéran au nord de Bagdad, samedi 4 janvier, a provoqué la confusion, en pleine escalade entre les Etats-Unis et l’Iran. Il a été attribué aux Américains par plusieurs sources irakiennes, mais le porte-parole de la coalition contre le groupe Etat islamique en Irak, dirigé par Washington, a démenti sur Twitter : « FAIT : la coalition n’a pas mené de frappes aériennes près de la base de Taji ces derniers jours. »

Il y a eu « des morts et des blessés » dans cette attaque aérienne contre un convoi du Hachd Al-Chaabi, coalition de paramilitaires pro-Iran désormais intégrés à l’Etat irakien, a indiqué une source policière irakienne.

La veille, c’est un « tir de précision d’un drone » américain qui avait plongé le monde entier dans l’incertitude, faisant redouter « une nouvelle guerre dans le Golfe » que « le monde ne peut se permettre », selon l’ONU.

Egalement au beau milieu de la nuit, le bombardement américain avait pulvérisé deux voitures qui sortaient de l’aéroport de Bagdad. A l’intérieur, le général Ghassem Soleimani, l’architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient, et Abou Mehdi Al-Mouhandis, l’homme de l’Iran à Bagdad, étaient tués sur le coup.

Crainte de représailles et renforts militaires

L’Iran a fait savoir vendredi au Conseil de sécurité des Nations Unies qu’elle se réservait le droit d’exercer sa légitime défense en vertu des lois internationales, après l’assassinat. Dans une lettre, le représentant de l’Iran à l’Onu, Majid Takht Ravanchi, écrit que l’assassinat de Soleimani « est un exemple évident de terrorisme d’Etat et, en tant qu’acte criminel, constitue une violation flagrante des principes fondamentaux du droit international et, en particulier, ceux stipulés dans la Charte des Nations Unies ».

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Le Pentagone, qui craint des représailles à l’assassinat du général iranien Ghassem Soleimani, entend sécuriser les positions américaines. Washington a décidé de déployer entre 3 000 et 3 500 militaires supplémentaires au Moyen-Orient pour renforcer la sécurité des positions américaines dans la région, a annoncé le Pentagone.

Ces soldats appartiennent à une force de réaction rapide de la 82e division aéroportée. Ils s’ajoutent aux quelque 700 soldats qui ont été envoyés au Koweït en début de semaine après l’attaque contre l’ambassade des Etats-Unis dans la capitale irakienne, Bagdad, mardi.

Le président américain, Donald Trump, a affirmé vendredi ne pas chercher de « changement de régime » à Téhéran après l’élimination de celui qu’il a qualifié de « terroriste numéro un » dans le monde. Affirmant avoir agi pour « arrêter » une guerre, pas pour en commencer une, il a assuré que Ghassem Soleimani préparait des attaques « imminentes » contre des diplomates et des militaires américains.

Plus tôt dans la journée l’ambassade américaine à Bagdad avait appelé ses ressortissants à quitter l’Irak « immédiatement », « par avion tant que cela est possible, sinon vers d’autres pays par voie terrestre ».

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Manifestations et appels au calme

En Iran et en Irak, les appels à la vengeance des responsables politiques et religieux se multiplient. L’Iran et les « nations libres de la région » se vengeront des Etats-Unis, a promis le président Hassan Rohani. Le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, plus haute instance sécuritaire de l’Iran, a également promis de venger « au bon endroit et au bon moment » le général Soleimani. « L’Amérique doit savoir que son attaque criminelle (…) a été la plus grave erreur du pays », fait-il savoir dans un communiqué.

A Téhéran, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour dénoncer les « crimes » américains. Côté irakien, le premier ministre démissionnaire, Adel Abdel Mahdi, a estimé que le raid américain allait « déclencher une guerre dévastatrice en Irak », dénonçant « une agression contre l’Irak, son Etat, son gouvernement et son peuple ». Sur la même ligne, le pouvoir syrien a dénoncé la « lâche agression américaine », y voyant une « grave escalade » pour le Moyen-Orient.

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Partout dans le monde les appels à la désescalade se sont multipliés. Le grand ayatollah Ali Al-Sistani, figure irakienne majeure de l’islam chiite, a appelé, vendredi, toutes les parties à faire preuve de retenue et de sagesse. « Le monde ne peut se permettre une nouvelle guerre dans le Golfe », a affirmé de son côté le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres. Même invitation à la « retenue » de la part du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Exhortant tous les acteurs impliqués à « la responsabilité en ce moment crucial », M. Borrell a souligné qu’une « autre crise risquait de mettre en danger des années d’efforts pour stabiliser l’Irak ».

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