Royaume-Uni : Lindsay Hoyle remplace John Bercow comme « speaker » de la Chambre des communes – Le Monde

Le parlementaire travailliste succède à John Bercow et aura la lourde charge d’organiser les débats sur le Brexit, dont la prochaine échéance est fixée au 31 janvier.

Publié aujourd’hui à 22h14, mis à jour à 23h02

Temps de Lecture 2 min.

Lindsay Hoyle, officiant pour la première en tant que « speaker  » de la Chambre des communes, le 4 novembre.

John Bercow disposait d’un fan-club très conséquent, surtout chez les remainers. Ces derniers auront peut-être un peu de mal au début, après dix ans de présidence d’un personnage si haut en couleur, à adopter les manières discrètes et policées de Lindsay Hoyle. Car c’est ce député travailliste de 62 ans, qui devrait lui succéder à la présidence de la Chambre des communes, sous réserve qu’il soit réélu lors des élections générales du 12 décembre.

Grand favori, M. Hoyle a été désigné lundi 4 novembre au quatrième tour d’un scrutin à bulletin secret. Il deviendra le 158e « speaker » du plus ancien parlement du monde en activité, le premier cité dans les annales étant Pierre de Montfort, qui occupa cette charge à partir de 1258, au sein du premier Parlement anglais (aussi dénommé « Parlement d’Oxford »).

Les Communes « vont changer, pour le meilleur »

Très ému, M. Hoyle a rendu hommage lundi soir à sa fille Nathalie, disparue il y a presque deux ans. Il a aussi promis de rester « transparent » et « neutre » à sa nouvelle charge. Les Communes « vont changer, pour le meilleur » a t-il ajouté, promettant encore que cette Chambre « sera très respectée ici et dans le monde entier ». L’élu de Chorley (nord-est de l’Angleterre) depuis plus de vingt ans veillera à ce que « la tolérance » reste une valeur forte dans une institution, vénérable mais profondément divisée par le Brexit.

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Avec ses « order » sonores, son mordant, sa capacité à remettre les députés à leur place, ministres comme backbenchers (littéralement, « les élus des bancs du fond »), John Bercow a beaucoup fait pour la notoriété du Parlement britannique. Il a maintenu ferme la barre, quand il s’est agi de défendre les prérogatives des élus, après le référendum de 2016. Au prix d’une lecture assez créative des usages aux Communes : les brexiters n’ont pas hésité à l’accuser de partialité. « Sa volonté d’être innovant dans l’interprétation des règles fut cruciale pour éviter un « no deal » le 31 octobre », estime pour sa part Philip Hammond, ex-ministre des finances de Theresa May.

Neuf ans adjoint de John Bercow

M. Hoyle a jusqu’à présent refusé de révéler s’il avait voté Leave ou Remain en 2016. Le costume impeccable, la cravate discrète, il fut pendant neuf ans l’adjoint du flamboyant Bercow sans presque se faire remarquer, ni rugir pour obtenir le silence. Est ce pour ces qualités, qu’il a été élu, y compris par les conservateurs, alors que l’usage veut que le « speaker » soit issu du parti politique dominant aux Communes ? Boris Johnson a salué sa « gentillesse » et son caractère « raisonnable », tandis que Jérémy Corbyn, le leader travailliste, le prévenait qu’il lui faudrait « des yeux dans le dos » pour bien réussir à son nouveau poste.

M. Hoyle ne manque en tout cas ni d’humour ni d’ambition. La veille de son élection, il a accordé une première longue interview au Sunday Times, n’hésitant pas à aborder les sujets personnels, dont la perte de sa fille. Il a aussi posé avec une véritable ménagerie : un perroquet, prénommé Boris, à qui il a déjà appris à crier « order », une grosse tortue, Maggie, et deux chiens, dont un terrier, Bettie, du nom de l’ex-speaker de la Chambre, Bettie Boothroyd, dans les années 1990.

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