Police: Une citation tronquée de Sibeth Ndiaye fait enrager les syndicats – Le HuffPost

Capture d’écran France 3 / Twitter
Dimanche 21 juin, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye s’est exprimée au sujet de Farida C., l’infirmière arrêtée pour avoir jeté des pierres en direction de la police. Et l’une de ses phrases, mal comprise, a fait hurler les syndicats policiers.
POLITIQUE – La porte-parole du gouvernement français justifierait-elle que l’on s’en prenne par la violence aux policiers nationaux? Voilà ce que semblent avoir retenu plusieurs syndicats du passage de Sibeth Ndiaye sur France 3 dimanche 21 juin. 

Invitée de l’émission “Dimanche en politique”, l’ancienne porte-parole de campagne d’Emmanuel Macron était interrogée sur le cas de Farida C., l’infirmière arrêtée durant la manifestation parisienne des soignants après avoir jeté des pierres en direction des forces de l’ordre. 

Et à en croire une séquence relayée par la plupart des syndicats de la police nationale, Sibeth Ndiaye aurait répondu qu’elle était bien incapable d’expliquer à ses enfants si oui ou non il était “normal de jeter des pierres sur les forces de l’ordre”. 

Une manière de justifier les violences commises contre les forces de l’ordre? C’est ce qu’ont cru déceler plusieurs organisations syndicales, que les soit le syndicat majoritaire Unité SGP Police (FO), celui des commissaires, Alternative (CFDT) ou encore Synergie (CFE-CGC, qui représente les officiers). 

Le syndicat Alliance, quant à lui, va jusqu’à demander la démission de Sibeth Ndiaye. “Alliance Police nationale ne saurait expliquer si elle est bête ou simplement irresponsable”, est-il notamment écrit au sujet de la porte-parole du gouvernement dans une vidéo mise en ligne par l’organisation sur les réseaux sociaux. 

Sauf que si l’on prend la séquence dans son entièreté, la réalité des propos de Sibeth Ndiaye est bien différente. Ce dimanche, la porte-parole du gouvernement était donc interrogée sur Farida C. et notamment sur la nécessité ou non que la justice se montre particulièrement clémente à son égard au vu des circonstances de ses gestes. 

“Je pense que la justice doit s’appliquer de manière normale, comme pour n’importe quel citoyen”, a d’emblée répondu Sibeth Ndiaye. “Quand je ne sais pas expliquer pourquoi il serait normal qu’on jette des pierres sur les forces de l’ordre, je ne vois pas en quoi il faudrait l’absoudre”, continue-t-elle. “La justice, qui est parfaitement indépendante dans notre pays, doit juger en droit sur ce qu’il s’est passé.” 

“Que dirions-nous au fils ou à la fille du CRS qui reçoit cette pierre dans le visage?”

Relancée sur le fait de savoir si, de fait, Farida C. mériterait d’aller en prison -peine à laquelle ses actions l’exposent- Sibth Ndiaye a gardé le cap: “Ce n’est pas à la porte-parole du gouvernement de déterminer quelle doit être la décision de justice.” 

Et d’en arriver finalement à la phrase évoquée par les différents syndicats policiers: “Je comprends évidemment l’émotion qu’a suscitée l’image qu’on a vue de son arrestation, mais en même temps, je ne saurai pas expliquer à mes enfants par exemple s’il est normal ou pas de jeter des pierres sur les forces de l’ordre.”

En clair, bien loin de justifier les actes de l’infirmière, Sibeth Ndiaye persiste: selon elle, il est bien impossible de justifier et donc de nuancer la portée des gestes de l’infirmière. “Il faut que l’on soit capable de considérer que la justice doit être la même pour tous”, conclut même la proche d’Emmanuel Macron, rappelant qu’il sera à la justice de trouver (ou non) des circonstances aggravantes dans cette affaire.

Elle termine, sans ambigüité aucune: “On peut tous, dans des circonstances particulières, être amené à être à bout de nerfs, est-ce que pour autant ça justifie qu’on jette des pierres sur les forces de l’ordre? Que dirions-nous au fils ou à la fille du CRS qui reçoit cette pierre dans le visage? On ne peut pas dire que ce n’est pas grave.” 

“Ignobles paroles”

Toutefois, la version tronquée des propos de Sibeth Ndiaye n’a pas manqué d’être répétée sur les plateaux de télévision et sur les réseaux sociaux par les adversaires politiques du gouvernement actuel. À droite et à l’extrême droite, de nombreuses personnalités se sont ainsi insurgées contre la petite phrase. 

Sur LCI, l’élu local du Rassemblement national Julien Odoul, connu pour avoir villipendé une mère de famille voilée, a par exemple parlé de propos “d’une gravité extrême”, évoquant “une nouvelle gifle envoyée à la face de nos policiers et gendarmes”. 

“Elle nous dit qu’elle ne sait pas s’il est normal ou pas de respecter la loi d’une part, et d’attaquer des policiers d’autre part”, a-t-il martelé, détournant à nouveau sciemment les mots de la porte-parole du gouvernement. Et de réclamer dans la foulée sa démission. 

Comme lui, Valérie Boyer (LR) a dénoncé des “ignobles paroles” et des “lamentables propos”, et Nadine Morano (LR également) a insisté: “Quand on est porte-parole du gouvernement, on doit faire attention à ce qu’on dit.” Des critiques que l’on retrouve chez la députée Agnès Thill (exclue de LREM), l’eurodéputée RN Hélène Laporte, son collègue Gilbert Collard ou encore chez Thierry Mariani (ex-LR passé au RN). 

En revanche, comme l’ont noté nos confrères de Libération, l’ancienne tête de liste LR aux élections européennes François-Xavier Bellamy a refusé de tomber à son tour dans le piège de la petite phrase erronée.

Interrogé par Sud Radio sur la polémique naissante, il a regretté un “mauvais procès” fait à Sibeth Ndiaye. Avant d’ajouter, tout de même: “Je ne crois pas qu’on ait besoin de tant de mots pour dire une chose très simple: il ne faut pas jeter de pierre sur les policiers. Un point c’est tout.” 

À voir également sur le HuffPost: Bus caillassé, palette calcinée… La manifestation des soignants perturbée

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