L’UE envisagerait de bannir Huawei de ses réseaux 5G

L’UE envisagerait de bannir Huawei de ses réseaux 5G

Déjà soumis à un embargo par les Etats-Unis depuis 2019, Huawei pourrait se voir banni de l’Union Européenne. Selon le Financial Times, Bruxelles envisagerait d’interdire le recours de ses Etats-membres à des fournisseurs présentant un risque pour la sécurité de leurs infrastructures 5G, l’équipementier chinois figurant dans cette liste noire.

Par cette décision, la Commission européenne forcerait la main aux pays encore réticents à interdire les équipements de Huawei de leurs réseaux de communications mobiles. Seul un tiers des Etats a fait ce choix comme le Danemark, la Suède, les pays baltes ou, aux frontières de l’Europe, le Royaume-Uni.

Les recommandations émises par Bruxelles en 2020 et approuvées à l’unanimité des Etats-membres, allaient, rappelle FT, « des exigences de certification à la diversification des fournisseurs ». Avec ce bannissement total, la Commission irait un cran plus loin en orchestrant une interdiction coordonnée à l’échelle du Vieux Continent.

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Un espion à la solde de Pékin ?

Huawei, mais aussi d’autres équipementiers chinois comme ZTE, sont régulièrement accusés de servir de courroie de transmission aux services de renseignements de Pékin. Leurs matériels et logiciels comporteraient des « portes dérobées » (backdoors). Huawei et le gouvernement chinois ont toujours rejeté ces accusations, considérant qu’elles servaient la cause de technologies concurrentes.

Lors du Conseil Télécoms du 2 juin au Luxembourg, Thierry Breton, commissaire au marché intérieur, aurait mis en garde les 27 ministres des télécommunications européens présents sur cette forte exposition aux risques. Il leur aurait « rappeler l’urgence d’agir pour éviter de créer des vulnérabilités majeures qu’il serait difficile d’inverser. »

A l’instar de ce que l’UE a été réalisé dans le domaine de l’énergie dans le contexte géopolitique de la guerre en Ukraine, elle doit, selon lui, faire de même pour les réseaux 5G. « Nous ne pouvons pas nous permettre de maintenir des dépendances critiques qui pourraient devenir une arme contre nos intérêts ».

Huawei a profité de l’arrivée de la 5G pour conforter son assise. Au-delà des tarifs attractifs proposés par l’équipementier chinois, sa technologie est généralement reconnue comme plus performante et innovante par les experts télécoms, en comparaison de ses rivaux européens, le finlandais Nokia ou le suédois Ericsson. Huawei rappelle, pour sa part, qu’il est le premier dépositaire auprès de l’Office européen des brevets.

Pas d’interdiction formelle de la France

Pour autant, les nuages s’accumulent au-dessus de sa tête dans le contexte de tension avec la Chine. Washington a accusé Huawei d’être une entreprise criminelle qui a volé des entreprises américaines, violé les sanctions contre la Corée du Nord et fait de fausses déclarations au FBI, rappelle FT.

Plus près de nous, l’Allemagne envisagerait d’ordonner à ses opérateurs télécoms de retirer les équipements fournis par Huawei et ZTE de leurs réseaux 5G, selon Les Echos. De son côté, le Portugal vient de fermer l’accès à ses réseaux 5G aux fournisseurs ne provenant pas de l’Union européenne, l’Otan ou l’OCDE.

La France a adopté une approche moins tranchée. Depuis la loi du 1er août 2019 dite « anti Huawei », notre pays n’interdit pas explicitement le matériel du spécialiste chinois mais conditionne son déploiement à une autorisation d‘exploitation, particulièrement restrictive, délivrée par l’Anssi.

Dans les faits, ce bannissement tacite à conduit les opérateurs à démanteler les installations Huawei de leurs réseaux. Selon L’Informé, Bouygues Telecom et SFR sont contraient de démanteler respectivement 3 000 et 8 000 antennes du fabricant. Ce qui représente un surcoût significatif. Les deux opérateurs ont saisi le tribunal administratif de Paris et demande à l’État « une indemnisation de plusieurs centaines de millions d’euros ».

A la prochaine édition de Vivatech, Huawei fêtera ses 20 ans de présence en France. L’occasion pour l’équipementier de rappeler son poids dans notre pays. « Un emploi chez Huawei France génère 5,3 emplois supplémentaires dans le reste de l’économie », évalue-t-il dans un dossier. Le groupe chinois a notamment créé de cinq centres R&D sur notre territoire. Au total, son empreinte sur l’économie française représenterait « 1 milliard d’euros de valeur ajoutée et près de 10 000 emplois.

Pas de bannissement total avant 2024

Cité par le FT, Huawei se dit opposé à toute politisation dans l’évaluation des fournisseurs. « Évaluer les risques de cybersécurité sans respecter les normes technologiques, ou exclure des fournisseurs spécifiques du marché sans évaluation technologique appropriée, est une violation des principes d’équité et de non-discrimination, ainsi que des lois et règlements de l’Union européenne et de ses États membres. »

L’équipementier devrait avoir un peu de répit pour préparer sa défense. Selon le FT, « Il est peu probable que de nouvelles règles imposant une interdiction interviennent avant la fin du mandat de cinq ans de l’actuelle Commission européenne en 2024, étant donné le temps nécessaire pour obtenir le soutien du Parlement européen et des États membres pour toute nouvelle loi. »

Crédit photo : Huawei

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