L’opposante biélorusse Tikhanovskaïa salue le courage des manifestants au lendemain de rassemblements historiques – Le Monde

Svetlana Tikhanovskaïa, lors d’un meeting à Brest, en Biélorussie, le 2 août.

Au lendemain de l’un des plus grands rassemblements de l’opposition dans l’histoire de la Biélorussie, l’opposante et candidate à la présidentielle Svetlana Tikhanovskaïa a salué lundi 17 août le « courage » des manifestants.

De nouvelles manifestations étaient d’ailleurs en cours lundi devant plusieurs usines et le siège de la télévision publique à Minsk. Des protestataires brandissant les drapeaux blanc et rouge de l’opposition se sont notamment réunis devant une usine de véhicules lourds où M. Loukachenko est arrivé lundi en hélicoptère. Des milliers d’employés ont également arrêté le travail dans l’usine de tracteurs de Minsk (MTZ), ont affirmé des ouvriers de cette entreprise à l’Agence France-Presse (AFP).

« Vous qui avez cru en moi, qui m’avez donné la force, j’admire aujourd’hui chaque minute votre courage, votre auto-organisation et combien vous êtes forts et brillants », avait plus tôt déclaré dans une vidéo l’opposante au président Alexandre Loukachenko, réfugiée en Lituanie. Elle a confirmé sa volonté de « sortir de ce cercle sans fin dans lequel nous nous sommes retrouvés il y a vingt-six ans », lors de l’accession au pouvoir de M. Loukachenko.

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« Je suis prête à assumer mes responsabilités et à agir en tant que leader national », a-t-elle encore ajouté, rappelant qu’elle n’avait pas « voulu devenir une politicienne » mais que « le destin a décrété que je me trouverais en première ligne face à l’arbitraire et l’injustice ».

Réfugiée en Lituanie

Svetlana Tsikhanovskaïa, 37 ans, s’est présentée à l’élection présidentielle du 9 août pour remplacer son mari, un blogueur, emprisonné pour avoir mis en évidence l’incurie de l’Etat. A l’issue du scrutin, au cours duquel elle a officiellement recueilli 10 % des voix contre 80 % pour le chef de l’Etat sortant, elle avait revendiqué la victoire et demandé à Alexandre Loukachenko de céder la place.

Elle s’est réfugiée en Lituanie au début de la semaine dernière, ses alliés dénonçant les pressions qu’elle a subies, et avait appelé à des manifestations pacifiques dans tout le pays, qui se succèdent quotidiennement depuis l’élection.

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Le nombre des manifestants qui se sont réunis à Minsk dimanche est difficile à évaluer, mais les estimations vont de plusieurs dizaines de milliers à plusieurs centaines de milliers de personnes. Vêtus de blanc, au milieu des chants et klaxons, les contestataires brandissaient des milliers de drapeaux rouges et blancs, les couleurs de l’opposition.

La Biélorussie n’avait jamais connu mobilisation comparable, et celle-ci va bien au-delà de la seule capitale. Des images publiées sur les réseaux sociaux ont montré des flux de manifestants quitter les banlieues des cités moyennes pour se déverser dans les centres-villes de Brest, Grodno, Moguilev ou Gomel.

Les revendications exprimées avec opiniâtreté depuis une semaine sont les mêmes : libération des milliers de protestataires arrêtés, démission des responsables de la répression, recomptage des bulletins ou organisation d’un nouveau scrutin présidentiel.

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En milieu de journée, dimanche, M. Loukachenko avait fait une apparition surprise sur la place de l’Indépendance, à Minsk, devant environ dix mille de ses soutiens. Le président a rejeté la demande de l’opposition d’organiser une nouvelle élection. « Si nous faisons ça, nous partirons en vrille et nous n’en reviendrons jamais », a-t-il prédit.

En réaction à l’aggravation de la crise, l’Union européenne a donné vendredi son accord à des sanctions contre des responsables biélorusses liés à la répression ou à des fraudes électorales. Lundi, le Royaume-Uni a annoncé ne pas accepter les résultats de l’élection présidentielle et a demandé « de toute urgence une enquête indépendante par l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] sur les failles qui ont rendu injustes les élections, ainsi que sur la répression atroce qui a suivi ».

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Le Monde avec AFP

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