Le message européen de Macron à la Chine – Blog Le Monde

Editorial. Alors que Pékin sait parfaitement diviser pour régner, il est illusoire pour un pays européen, aussi puissant soit-il, de prétendre faire jeu égal avec la Chine.

Publié aujourd’hui à 10h35, mis à jour à 11h01

Temps de Lecture 2 min.

Editorial du « Monde ». En visite officielle en Chine du 4 au 6 novembre, Emmanuel Macron entend à la fois défendre les intérêts français et envoyer un message d’unité européenne à la deuxième puissance économique mondiale. Symboliquement, un membre du gouvernement allemand, la ministre de la recherche, Anja Karliczek, le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, et les représentants d’une vingtaine d’entreprises allemandes accompagnent le président de la République en Chine. Il faut se réjouir de cette première.

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Déjà, en mars, lorsqu’il avait reçu le président Xi Jinping à l’Elysée, Emmanuel Macron avait invité la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à se joindre à lui. Le message envoyé était clair : alors que l’Union européenne, premier partenaire commercial de la Chine, qualifie désormais ce pays de « rival systémique », l’heure n’est plus au chacun-pour-soi en matière commerciale. Le message du président de la République est le bon. Alors que Pékin sait parfaitement diviser pour régner, il est illusoire pour un pays européen, aussi puissant soit-il, de prétendre faire jeu égal avec la Chine.

Pékin, qui ne connaît que les rapports de force, l’a compris. Même s’il ne faut pas surinterpréter cette annonce, la nomination, vendredi 1er novembre, d’un « M. Europe » au sein de la diplomatie chinoise est sans doute le signe que Pékin, qui a longtemps considéré l’Europe comme une quantité négligeable, est en train de revoir son analyse. Encore faut-il que l’Union européenne sache se montrer durablement unie. On en est loin. En septembre dernier, Angela Merkel s’est bien gardée d’inviter des chefs d’entreprise français à l’accompagner en Chine. La semaine dernière, à l’ONU, certains pays européens n’ont pas condamné la répression par Pékin des musulmans ouïgours au Xinjiang. Pour ne rien dire des divisions des Européens sur la technologie 5G et sur l’ouverture ou non de ce marché au chinois Huawei.

Première victoire

Grâce à sa politique d’influence menée notamment dans le cadre des « nouvelles routes de la soie », grand projet d’investissement mondial centré sur les infrastructures, Pékin sait parfaitement faire pression sur les différentes capitales pour qu’elles se désolidarisent d’initiatives internationales qui lui déplaisent. La démarche d’Emmanuel Macron ne doit donc pas constituer un acte isolé. D’ores et déjà, les Européens ont remporté une première victoire. A l’occasion de la visite du président français et du commissaire européen à Pékin, ils devraient signer, mercredi 6 novembre, un accord négocié depuis plusieurs années avec les Chinois sur la protection des indications géographiques. Une avancée importante, notamment pour les agriculteurs. Il reste maintenant à négocier un accord sur la protection des investissements.

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Les Européens, qui estiment que les Chinois jouent la montre dans un contexte de guerre commerciale avec les Etats-Unis, espèrent parvenir à un accord au cours du second semestre de 2020, lors de la visite prévue du président Xi Jinping en Allemagne pour le prochain sommet Union européenne-Chine. A condition qu’il ne soit pas au rabais, un tel accord marquerait une réelle relance du multilatéralisme, bien mal en point. Ces sujets, tout comme les négociations en cours sur le climat et la biodiversité, seront autant d’occasions de voir si Pékin, qui ne cesse de proclamer sa foi dans le multilatéralisme, prend l’Europe au sérieux. Encore faut-il que celle-ci soit également au rendez-vous.

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