Du zéro Covid à la brusque levée des restrictions, trois ans de gestion sanitaire abrupte par la Chine – Le Monde

Les silences de la propagande sont parfois assourdissants. La disparition des références à la stratégie zéro Covid dans les médias chinois depuis le 7 décembre en dit plus long sur le virage à 180 degrés opéré ce jour-là que les discours alambiqués des experts et des responsables officiels qui, depuis, tentent désespérément de ne pas perdre la face. Plus les jours passent, plus la gestion de l’épidémie de Covid-19 par la Chine ressemble à une longue descente aux enfers.

Comme toute tragédie, celle-ci se joue en trois actes. La victoire en 2020, le doute en 2021 et l’échec en 2022. Tant les files d’attente devant les crématoriums de Pékin que les mesures de précaution prises actuellement par divers pays face aux risques d’un nouveau « variant chinois » du Covid-19 confirment ce dénouement humiliant.

Si, en cette fin décembre, la vie commence à reprendre normalement à Pékin, les écoles restent fermées, les pharmacies sous-approvisionnées, les hôpitaux débordés et, face à l’engorgement des crématoriums, les chauffeurs de taxi vous font comprendre que pour quelques centaines d’euros, ils sont prêts à transformer leur voiture en corbillard et emmener le corps d’un défunt dans la province voisine du Hebei.

Des patients atteints du Covid-19, dans le hall de l’hôpital populaire numéro 5 de Chongqing (Chine), le 23 décembre 2022.

Pourtant, en 2020, après un début d’année catastrophique, la propagande chinoise avait fait preuve d’une efficacité exceptionnelle. Elle était presque parvenue à faire oublier les atermoiements initiaux des responsables face à ce nouveau virus, les calomnies proférées contre les courageux médecins de Wuhan lanceurs d’alerte et l’ahurissant banquet à la gloire du Parti communiste (PCC) auquel furent conviées 40 000 familles wuhanaises le 18 janvier.

« Remporter la guerre contre le virus »

Le confinement de cette ville de 11 millions d’habitants du 23 janvier au 8 avril 2020 fut un coup de tonnerre. L’arrivée de 42 000 médecins et infirmières présentés comme « volontaires » venus de tout le pays et la construction d’hôpitaux en un temps record allaient impressionner le monde entier.

Reçu par le président chinois, Xi Jinping, à Pékin, le 28 janvier, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), effectue même une génuflexion devant celui qui est aussi le secrétaire général du PCC. Le symbole est fort. Loin de lui demander des comptes, la plus haute autorité médicale internationale rendait hommage au travail accompli par la Chine.

Les Chinois aussi semblent satisfaits. « Je me méfiais des communistes. Je les croyais capables de sacrifier la ville pour sauver le pays. Le 23 janvier au matin, j’ai voulu fuir avec mon mari et notre fils, mais nous avons été contraints par la police de faire demi-tour. J’ai d’abord eu peur, mais je reconnais que, finalement, ça a été plutôt bien géré », nous confiait une riche Wuhanaise en septembre 2020.

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