Corée du Sud : du “chaos” dans les rues à la bousculade meurtrière, récit d’une nuit “horrible” à Séoul – franceinfo

Une soirée d’Halloween tant attendue qui a viré au cauchemar. Des survivants de la bousculade meurtrière survenue dans la nuit du samedi 29 octobre dans le quartier d’Itaewon à Séoul (Corée du Sud) racontent comment se sont déroulés les événements. Franceinfo remonte le fil du mouvement de foule qui a entraîné la mort d’au moins 153 personnes, et fait une centaine de blessés.

A 19 heures, “déjà le chaos” à la sortie du métro

Les premiers témoignages font état d’une foule compacte dès le début de la soirée aux abords de la station de métro Itaewon. On y trouve des milliers de résidents de Séoul, mais aussi des Coréens de passage dans la capitale, ainsi que des touristes. Tous sont “heureux” d’être là “après deux ans de restrictions liées au Covid-19” raconte dans The Guardian* le journaliste Raphael Rashid, présent lors de la bousculade.

“Quand nous sommes arrivés à 19 heures, c’était clair qu’il y avait déjà beaucoup de monde, relate-t-il. Les employés du métro tentaient de repousser les gens qui s’agglutinaient aux guichets. Dehors, c’était déjà le chaos, je ne pouvais pas bouger.” Plusieurs clients de bars filment la scène en observant, médusés, l’affluence dans le quartier.

Le quartier d’Itaewon, habituellement rempli de visiteurs et d’amateurs de la fiction sud-coréenne Itaewon Class (qui s’y déroule), est rapidement devenu “plein à craquer” relate au site coréen Korea TimesBeta Bayusantika, un touriste indonésien de 27 qui se décrit comme un grand fan de la série en question. “Depuis le coin d’une allée, je voyais des gens qui essayaient de s’extirper [de la foule], ça m’a brisé le cœur.” Connu pour ses soirées sur le thème d’Halloween, le quartier est assailli de fêtards déguisés et pas moins de 100 000 personnes sont massées dans cette longue rue commerçante, selon les estimations de médias locaux.

Aux alentours de 22h30, plusieurs chutes signalées dans une ruelle

De petites bousculades finissent par mener à un important mouvement de foule dans une petite rue en pente qui jouxte l’hôtel Hamilton, un lieu de fête prisé des Séouliens. “Six adultes auraient du mal à s’y tenir côte à côte” dans cette ruelle longue de 40 mètres et large de 4 mètres, décrit l’agence de presse sud-coréenne Yonhap. “Quelqu’un de petit comme moi ne pouvait plus respirer, explique une jeune femme interrogée par l’agence*. Si j’ai survécu, c’est parce que j’étais sur un côté de l’allée. J’ai l’impression que ce sont les gens au milieu qui ont souffert le plus.” 

Rapidement, des centaines de personnes se retrouvent écrasées sous le poids d’autres fêtards ayant chuté ou en état de détresse respiratoire. Parmi les victimes, une majorité de jeunes femmes dans la vingtaine préciseront plus tard selon les autorités locales. Sur les réseaux sociaux, des passants situés à quelques mètres de la ruelle publient des vidéos montrant des scènes insoutenables avec des personnes écrasées, piétinées ou étouffées dans la bousculade.

Des opérations de sauvetage de plusieurs heures

Il faut de longues minutes aux services de secours pour réussir à approcher la scène de l’incident, avant de tenter d’extirper de la foule les premiers corps inertes. Les policiers, jugés trop peu nombreux par certains témoins, se relayent avec des pompiers et des ambulanciers pendant plusieurs heures pour prendre en charge les victimes mais aussi disposer les dépouilles dans la rue principale d’Itaewon.

Face au grand nombre de blessés en situation d’arrêt respiratoire, des dizaines de passants se mettent à prodiguer les premiers soins et effectuent des massages cardiaques en série, souvent sans succès. “Nous avons commencé à recevoir des messages du gouvernement nous demandant de rentrer chez nous dès que possible”, raconte le journaliste Raphael Rashid. Sur leurs téléphones, les passants commencent à voir circuler des “vidéos horribles”, poursuit-il. “Il devenait clair que quelque chose de terrible venait d’arriver.”

Vers 3 heures du matin, au milieu des rues jonchées de vêtements déchirés et de morceaux de costumes, une poignée de fêtards déboussolés sont encore là. Mais pour les services de secours et les familles à la recherche d’un proche, la soirée est loin d’être terminée. Le président sud-coréen, Yoon Seok-youl, a décrété dimanche un deuil national d’une semaine.

*Les liens marqués d’un astérisque renvoient vers des articles en anglais

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