Attaques d’installations pétrolières : Riyad présente ses preuves de l’implication de l’Iran – Le Monde
Les autorités ont présenté des débris de drones et de missiles de croisière iraniens. « L’attaque a été lancée du Nord et était indéniablement commanditée par l’Iran », a déclaré le porte-parole du ministère de la défense.
L’Arabie saoudite a présenté, mercredi 18 septembre, les résultats de sa propre enquête sur les attaques contre deux installations pétrolières du royaume et ce qu’elle présente comme des preuves matérielles prouvant l’implication du régime iranien.
Les attaques ont été menées le week-end dernier à l’aide de drones iraniens Delta et de missiles de croisière, a précisé le colonel Turki Al-Malki, porte-parole du ministère de la défense. « L’attaque a été lancée du Nord et était indéniablement commanditée par l’Iran », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Le responsable saoudien n’a toutefois pas directement accusé l’Iran d’avoir lancé les attaques depuis son territoire, affirmant seulement sa certitude quant aux capacités du royaume à trouver le lieu de lancement à l’issue de l’enquête.
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Menaces des houthistes contre les EAU
L’Iran dément avoir joué le moindre rôle dans les attaques de samedi, qui ont fait baisser de moitié la production de pétrole du royaume et fait flamber les prix du brut, avant un repli. De leur côté, les rebelles yéménites ont menacé mercredi de frapper « des dizaines de cibles aux Emirats arabes unis [EAU], dont Abou Dhabi et Dubaï », a déclaré Yahiya Saree, porte-parole des rebelles yéménites qui ont revendiqué les frappes dévastatrices de samedi contre des installations pétrolières saoudiennes. Les EAU sont l’un des piliers de la coalition militaire que dirige l’Arabie saoudite au Yémen. Les houthistes ont menacé par le passé les Emirats et revendiqué des frappes qui n’ont jamais été confirmées par les autorités émiraties. « Si vous voulez la paix et la sécurité pour vos installations et pour vos tours de verre qui ne peuvent résister à un drone, alors laissez le Yémen tranquille », a déclaré ce porte-parole militaire.
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Mission d’experts de l’ONU
Des experts de l’ONU ont été envoyés en Arabie saoudite pour mener une enquête internationale sur les attaques, a annoncé le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Il a précisé que la résolution 2231, ayant entériné l’accord nucléaire conclu avec l’Iran en 2015, permet une telle enquête internationale de l’ONU. « Nous devons arrêter ce type d’escalade », a-t-il insisté.
De son côté, le Kremlin a déclaré qu’à l’issue d’un échange téléphonique avec le prince héritier Mohammed Ben Salman, le président russe, Vladimir Poutine, avait « appelé à une enquête approfondie et objective ».
Le président français, Emmanuel Macron, s’est, lui, aussi entretenu avec le prince héritier, homme fort du royaume, et va envoyer des experts pour participer à l’enquête saoudienne, selon l’Elysée. La France entend « établir soigneusement les faits » avant toute réaction, a ajouté mercredi la porte-parole du ministère des affaires étrangères français.
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, en visite en Arabie saoudite, a accusé l’Iran et qualifié l’attaque d’« acte de guerre ». « C’était une attaque iranienne », a déclaré à la presse le chef de la diplomatie américaine, assurant qu’elle portait « les empreintes digitales de l’ayatollah » Ali Khamenei, le guide suprême iranien. Le président Trump a affirmé vouloir se concerter avec Riyad et attendre d’avoir la certitude que Téhéran était derrière les attaques.
Le président américain et le premier ministre britannique, Boris Johnson, ont discuté de la nécessité d’une « réponse diplomatique unie » de la part de la communauté internationale, rapportent les services du premier ministre britannique. Le président américain et le premier ministre britannique ont condamné ces attaques, imputées à l’Iran par Washington.
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Durcissement des sanctions américaines
Le président américain a aussi annoncé avoir ordonné au secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, de « renforcer substantiellement les sanctions » imposées à l’Iran.
Ces sanctions, dont la nature doit encore être détaillée, viendront s’ajouter aux mesures punitives déjà sans précédent imposées par Washington à Téhéran depuis que le président a retiré son pays en mai 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien, qu’il juge insuffisant pour empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique et de déstabiliser le Moyen-Orient.
Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a accusé mercredi Washington de « viser délibérément » les civils iraniens et a qualifié ces mesures d’« illégales » et d’« inhumaines ».