Apple se plie au DMA… tout en imposant une nouvelle taxe

Apple se plie au DMA… tout en imposant une nouvelle taxe

Contraint et forcé, Apple a dévoilé le 25 janvier, plusieurs nouveautés qui s’appliqueront aux utilisateurs des 27 Etats-membres de l’Union européenne début mars. Pour se mettre en conformité avec le Digital Markets Act (DMA), la marque à la pomme a dû desserrer l’étau de son écosystème applicatif composé de son système d’exploitation (iOS), de son navigateur web (Safari) et de l’App Store.

Changement le plus notable, Apple met fin à sa situation de monopole sur la distribution d’applications. Les développeurs comme les propriétaires d’iPhone, d’iPad ou de Mac n’ont actuellement d’autre choix que de passer sous les fourches caudines de l’App Store, la boutique d’applications maison et ses commissions particulièrement élevées.

Dans les prochains mois, des magasins d’applications alternatifs à App Store seront autorisés. Apple mettra à disposition des développeurs un nouveau framework et des APIs pour assurer le téléchargement des applications iOS depuis ces boutiques tierces. La firme à la pomme conserve néanmoins un droit de regard sur les applications publiées en dehors de l’App Store. Dans le même esprit, Apple autorise les développeurs à passer par un système de paiement autre qu’Apple Pay.

Vous sortez de l’App Store à vos risques et périls

Mauvaise joueuse, la société de Cupertino joue toutefois sur la peur des utilisateurs. Elle avance que « les nouvelles options de traitement des paiements et de téléchargement d’applications sur iOS ouvrent de nouvelles voies pour les logiciels malveillants, la fraude et les escroqueries, les contenus illicites et préjudiciables, ainsi que d’autres menaces à la vie privée et à la sécurité. »

En dépit des mesures de protection mises en place, « de nombreux risques demeurent », poursuit Apple qui, en amont des changements opérés en mars, informera les utilisateurs sur les différentes options qui s’offriront à eux et sur « les meilleures pratiques pour protéger leur vie privée et leur sécurité. »

Concernant Safari, Apple favorisera la possibilité de définir par défaut un autre navigateur que le sien. Avec la nouvelle version bêta d’iOS 17.4, un nouvel écran de choix apparaîtra lors de la première ouverture de Safari, proposant aux utilisateurs de choisir un autre navigateur par défaut parmi plusieurs options.

Là encore, le constructeur américain se fend d’un commentaire anxiogène. Il redoute que « les applications qui utilisent d’autres moteurs de navigateur (autres que WebKit d’Apple) peuvent avoir un impact négatif sur l’expérience utilisateur, y compris des impacts sur les performances du système et la durée de vie de la batterie. »

Un taux de commission en baisse mais…

Les développeurs sont, eux, face à un choix cornélien. Doivent-ils rester sur la boutique officielle, dont la notoriété n’est plus à faire, ou opter pour un « app store » et un système de paiement alternatifs ? Pour conserver les développeurs dans son écosystème, Apple manie le bâton et la carotte.

Côté carotte, une nouvelle grille tarifaire s’appliquera. Pour les applications iOS téléchargées depuis l’App Store, les commissions seront ramenées à 10% – pour la grande majorité des petits développeurs – ou 17% sur les transactions de biens et services numériques, contre 15 et 30 % jusqu’alors. Les développeurs qui continueront à utiliser son système de paiement, débourseront 3% de frais supplémentaires.

Côté bâton, Apple laisse entendre qu’il s’agit pour les développeurs d’un voyage sans retour, une fois leur choix fait. La création d’un magasin d’applications tiers est, par ailleurs, est soumise à autorisation. Une garantie financière d’au moins un million d’euros serait exigée selon des conditions générales diffusées sur X.

… un nouveau droit de passage

Par ailleurs, la marque à pomme introduit un nouvelle taxe baptisée « Core Technology Fee », une sorte de droit d’accès à ses terminaux, de 50 centimes d’euro par installation et par an. Elle s’applique aux applications hébergées dans l’App Store ou dans un magasin tiers au-delà du seuil d’un million de téléchargements par an. Une forfait qui pourrait lourdement pénaliser les applications gratuites et freemium ou les « killer apps » de type Fortnite (Epic Games) ou Spotify.

Si il a salué les annonces d’Apple, le commissaire européen Thierry Breton a indiqué, à l’agence Reuters, que Bruxelles évaluera la proposition des géants du numérique concerné par le DMA. « Si les solutions proposées ne sont pas suffisantes, nous n’hésiterons pas à prendre des mesures fortes. »

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