A Bruxelles, Sylvie Goulard hérite de l’industrie – Economie – L’Usine Nouvelle

Bruxelles va-t-elle enfin se mettre à la politique industrielle ? En nommant la commissaire française Sylvie Goulard à un très large portefeuille économique, la présidente de la Commission européenne a donné en tout cas des gages à la France, qui plaide depuis des mois en ce sens.

Au sein du collège de 27 commissaires, Sylvie Goulard hérite du poste de Commissaire au marché intérieur, mais avec des compétences élargies englobant l’industrie mais aussi l’espace et la défense. Pour cela, la Commissaire aura sous ses ordres une nouvelle direction générale, spécialisée sur l’industrie spatiale et la défense, créée à partir de cet automne.

portefeuille étendu à l’industrie de la défense

De quoi acter la montée en puissance de l’UE et des progrès dans ces domaines. Sylvie Goulard va superviser le fonds européen de défense, doté de 13 milliards d’euros et opérationnel en 2021, qui doit soutenir des programmes de recherche en armement et la production en commun d’équipements militaires. L’Europe, sous la pression des concurrents américains, a prévu de dégager 16 milliards d’euros sur sept ans pour le secteur spatial. 

La Commissaire va devoir aussi concrétiser une politique industrielle plus offensive, poussée de concert par la France et l’Allemagne ces derniers mois. “Des progrès notables ont été faits ces dernières années”, pointait-on ces derniers mois à Paris, alors que les tensions économiques avec les Etats-Unis et la Chine ont exacerbé les enjeux. Ces dernières années, Bruxelles s’est dotée de nouveaux outils mais qui doivent encore être mis en œuvre. L’UE a lancé avant l’été un projet dans les batteries pour le véhicule électrique, afin de soutenir l’émergence d’acteurs européens dans la filière. Un test pour les ambitions industrielles de l’Europe. 

Priorité au green deal et numérique

A travers la hiérarchie de la répartition des postes, la nouvelle Commission européenne d’Ursula von der Leyen entend surtout incarner deux priorités pour son mandat: la transition écologique et le numérique. Candidat malheureux à la présidence de la Commission, c’est le néerlandais Frans Timmerman, avec le titre de vice-président exécutif, qui supervisera la mise en œuvre du “green deal” pour faire “de l’Europe le premier continent neutre en carbone en 2050”. Avec à la clef 1 000 milliards d’euros sur dix ans, notamment apportés par la BEI pour financer la transition énergétique.

La Danoise Margrethe Vestager conserve de son côté son poste de commissaire à la concurrence. Redoutée des géants numériques américains, après ses amendes record contre Google, Apple et Amazon, elle devrait superviser l’ensemble des dossiers numériques. Paris et Berlin, qui plaident une refonte des règles de concurrence pour soutenir l’essor de champions industriels, devraient batailler ferme avec la Commissaire, peu convaincue par la position franco-allemande. 

Accord du parlement européen

L’Irlandais Phil Hogan, l’ancien Commissaire européen à l’agriculture reprend lui le portefeuille du commerce, un poste lui aussi stratégique alors que l’Europe reste sous la menace de taxes américaines sur l’automobile ou le vin. Son expérience devrait lui être utile pour tenter de déminer les inquiétudes des citoyens sur les accords commerciaux.  

L’Estonienne Kadri Simon pilotera l’énergie, la Bulgare Mariya Gabriel hérite de l’innovation et le Polonais Janusz Wojcienchowski est en charge du portefeuille crucial de l’agriculture, en pleine renégociation du budget de la PAC. Pour être définitivement nommés, tous les commissaires vont devoir encore être confirmés par le Parlement européen. Les auditions débuteront la semaine prochaine.

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