Un rapport alarmant sur la psychiatrie déplore une “prise en charge catastrophique” – Le HuffPost

CHARLY TRIBALLEAU via Getty Images

Manifestation à l’hôpital psychiatrique du Havre en juillet 2018. 

SANTÉ – Un rapport explosif. Face à la “prise en charge catastrophique” des patients en santé mentale, deux députées appellent à “sortir enfin la psychiatrie de l’hôpital” en “redéployant 80%” du personnel de cette filière “au bord de l’implosion” vers la ville ”à l’horizon 2030″, dans un rapport dévoilé ce mercredi 18 septembre.

“Retard au diagnostic beaucoup trop important”, “sur-occupation des lits” de psychiatrie représentant un “fléau pour les patients comme pour les soignants”, recours croissant ”à l’hospitalisation sans consentement”… L’organisation territoriale de la psychiatrie est “tout à la fois inefficiente et inefficace”, estiment Martine Wonner (LREM) et Caroline Fiat (LFI), rapporteures d’une mission d’information sur le sujet.

Avant de devenir députées, Martine Wonner était psychiatre, Caroline Fiat aide soignante dans un Ehpad.

Les CMP “partout saturés”

“Le nombre de lits d’hospitalisation en psychiatrie par habitant a diminué de moitié depuis les années 1990”, rappellent les députés. Mais les structures qui se sont développées parallèlement en ville “ne permettent pas de répondre à la demande croissante” de soins, les centres médicopsychologique (CMP) étant “partout saturés” tandis que “le premier rendez-vous avec un psychiatre peut atteindre trois mois, et parfois bien plus”.

Conséquence, “les patients n’ont d’autre solution que les urgences, puis d’être hospitalisés, alors que la crise aurait pu être évitée”.

“Si les revendications des personnels hospitaliers”, illustrées par plusieurs grèves depuis l’an dernier (Amiens, Rouen, Le Havre, etc…), “en faveur de plus de lits sont parfaitement compréhensibles (…) la réponse ne se trouve pas dans l’hôpital mais en dehors”, jugent-elles.

La création d’une agence dédiée

“Il est urgent de déployer des moyens importants sur les structures extra-hospitalières, qu’elles soient sanitaires, sociales ou médico-sociales”, font-elles valoir, plaidant pour “le développement massif d’équipes mobiles sur l’ensemble du territoire mais aussi de structures d’amont et d’aval”.

“Au terme d’une dizaine d’années, l’objectif (…) devrait être de déployer 80% des moyens de l’hôpital psychiatrique sur l’ambulatoire”. Les députées proposent en outre la création d’une “agence nationale en charge des politiques de santé mentale” sur le modèle de l’Institut national du cancer. Autre initiative préconisée, la “destigmatisation de la psychiatrie”. 

En réponse à la crise du secteur, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait nommé en avril le professeur Frank Bellivier délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, quand les députées souhaitent un “pilotage interministériel”.

Le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2020 devrait par ailleurs amorcer la “refonte” du financement de la psychiatrie.

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