Tuerie à la Préfecture de police : Christophe Castaner reconnaît des « dysfonctionnements » – Le Monde

Un « comportement anormal » du tueur avait été constaté en 2015 après l’attentat de « Charlie Hebdo », mais il n’avait pas donné lieu à un signalement, a précisé le ministre de l’intérieur, qui assure que des « sanctions » seront prises si des erreurs ont été commises.

Publié aujourd’hui à 13h50, mis à jour à 15h44

Temps de Lecture 3 min.

Le ministère de l’intérieur, Christophe Castaner, devant la Préfecture de police de Paris, le 3 octobre 2019.

« Incompétence », « dissimulation », voire « scandale d’Etat » : visé par des attaques de l’opposition concernant l’attaque qui a fait quatre morts à la Préfecture de police de Paris, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, s’est exprimé, dimanche 6 octobre, sur TF1. Alors que plusieurs membres de l’opposition réclament sa démission, le représentant de la place Beauvau a estimé que « la question ne se pose pas ».

Dès le début de son interview, le ministre de l’intérieur a toutefois reconnu « des failles, puisque trois hommes et une femme sont morts sous les coups de l’assaillant ». « S’il y a eu des fautes, il faudra les corriger. S’il y a eu des erreurs, il faudra les sanctionner », a-t-il ajouté. Et d’insister : « Evidemment, il y a eu des dysfonctionnements. » Christophe Castaner, qui avait assuré peu après cette attaque au couteau que le suspect « n’avait jamais présenté de difficultés comportementales », a rappelé sur TF1 qu’« aucun élément sur une quelconque radicalisation n’apparaît dans son dossier administratif ».

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Converti à l’islam depuis une dizaine d’années, Mickaël Harpon, un informaticien de 45 ans qui travaillait depuis 2003 à la direction du renseignement de la Préfecture de police de Paris (DRPP), avait pourtant adopté au fil des ans « une vision radicale de l’islam », a révélé samedi le procureur antiterroriste. Les premières investigations ont notamment souligné son « approbation de certaines exactions commises au nom de cette religion » et « sa justification » des attentats de Charlie Hebdo en 2015.

Un signalement avorté

Sur ce point, Christophe Castaner précise que deux de ses collègues avaient « fait état, en juillet 2015, d’un comportement anormal et d’une altercation suite à l’attentat de Charlie Hebdo ». Le policier en charge de la radicalisation « les as rencontrés, les a écoutés, il leur a expressément demandé s’ils voulaient faire un signalement administratif. Ils auraient, selon les informations qui m’ont été communiquées, décidé de ne pas faire de signalement ». « Si ces faits sont confirmés, le dysfonctionnement est à ce moment-là […] Nous aurions alors évité le pire », poursuit le ministre de l’intérieur.

Et de maintenir qu’« aucun signe n’était apparu dans le dossier administratif de l’individu laissant penser à une radicalisation », précisant que « le suspect présentait de bonnes notes ces dernières années » et que son « habilitation a toujours été renouvelée ».

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Christophe Castaner affirme que l’enquête ouverte par le Parquet national antiterroriste (PNAT) permettra de « creuser cela ». Le lancement, par le premier ministre, de deux missions d’évaluation, confiées à l’Inspection générale du renseignement, devra également permettre de pointer les dysfonctionnements.

Face aux critiques visant le ministre de l’intérieur – plusieurs membres de l’opposition réclament à sa démission –, le premier ministre, Edouard Philippe, lui a assuré sa « confiance », samedi, refusant de « répondre à des polémiques politiciennes ».

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« Nous ne savons pas les informations auxquelles il a eu accès »

Le secrétaire d’Etat à l’intérieur, Laurent Nunez, a peu après déclaré dimanche sur BFM-TV ne pas avoir connaissance de l’existence d’une cellule autour du tueur de la Préfecture de police :

« L’enquête va se poursuivre pour déterminer l’ensemble de ses contacts mais, à ce stade, ce que je peux vous dire au vu des informations qui sont les miennes et en se référant à ce qu’a dit le procureur national antiterroriste, on ne peut parler de l’existence d’une cellule. »

Il a, cependant, concédé ne pas savoir à quelles données cet informaticien travaillant à la direction du renseignement de la PP avait pu avoir accès : « Nous ne savons pas les informations auxquelles il a eu accès. Pour l’instant, nous n’avons pas de raison de penser qu’il a pu transmettre des informations. […] Il faut qu’on y voit clair le plus vite possible là-dessus. »

Malgré les critiques, M. Nunez a écarté l’hypothèse d’un rapide changement à la tête de la DRPP ou d’une réforme de ce service susceptible d’être intégré à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) : « Pour l’instant, ce genre de questions ne se pose pas. La priorité, c’est l’investigation », a affirmé celui qui dirigea la DGSI de 2017 à 2018. « S’il y a eu des dysfonctionnements, il y aura des sanctions », a-t-il cependant promis, à l’unisson du ministre de l’intérieur.

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