Résultats trimestriels : guerre fratricide entre Bouygues Telecom et Free

Résultats trimestriels : guerre fratricide entre Bouygues Telecom et Free

Qui perd des abonnés et qui en gagne ? Les résultats trimestriels des opérateurs télécoms permettent de faire un point sur leur capacité à conquérir de nouveaux clients. Le marché français n’étant pas extensible à l’infini, les quatre acteurs – Orange, SFR, Free, Bouygues Telecom – se partagent les parts du même gâteau.

Lors de la publication de ses résultats financiers fin avril, Orange avait annoncé avoir gagné 3 000 abonnés dans le mobile mais perdu 21 000 clients dans le fixe. La hausse de 1 à 2 euros de ses forfaits a entraîné un taux de résiliation important, évalué à 12 % dans le mobile.

Est-ce que, mécaniquement, cette volatilité de la clientèle a profité à ses concurrents ? Depuis le retrait de sa maison mère, Altice Europe, de la Bourse, la société SFR n’est plus tenue de publier des résultats détaillés. En revanche, Bouygues Telecom et Iliad (Free) viennent de communiquer leurs résultats trimestriels.

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Bouygues Telecom en forte conquête dans le fixe…

Bouygues Telecom affiche de solides performances. La filiale du groupe Bouygues a poursuivi son développement commercial. Sur le trimestre, elle a conquis 27 000 nouveaux clients dans le mobile et 148 000 dans le fixe portant son parc d’abonnés à respectivement 15,2 millions et 4,7 millions d’abonnés.

Ce qui permet à Bouygues Telecom d’enregistrer un chiffre d’affaires facturé aux clients de 1,4 milliard d’euros, en hausse de 6% par rapport au premier trimestre de l’an dernier. Ayant procédé à des hausses de tarifs comme Orange, l’opérateur voit son revenu moyen par abonné (ABPU, Average Billing Per User) renchéri. Il augmente de 0,2 euro dans le mobile à 19,7 euros par client et par mois et à 1,7 euros dans le fixe à 30,3 € par client par mois).

Le déploiement de la 5G et de la fibre optique sur tout le territoire étant loin d’être achevé, Bouygues Telecom maintient un niveau d’investissement élevé dans ses réseaux. Il s’établit, hors fréquences, à 522 millions d’euros sur le trimestre, en légère hausse sur un an.

…et Free dans le mobile

Les nouvelles sont également bonnes pour Iliad. Dans la lignée de ses résultats annuels, la maison mère de Free affiche de solides performances. Elle réalise un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros au premier trimestre, soit une croissance organique de 8 % sur ses trois pays d’implantation en Europe (7,6 % en France).

Dans l’Hexagone, Free affiche un solde positif de 172 000 nouveaux abonnés dans le mobile et 42 000 dans le haut et très haut débit. Un succès que l’opérateur fondé par Xavier Niel met sur le compte de la force de sa marque et de son positionnement « en termes de rapport qualité prix ».

A la différence de ses concurrents, Free n’a pas répercuté les effets de l’inflation sur ses tarifs. Il s’est même engagé à bloquer ses forfaits mobiles à 2 et 19,99 euros jusqu’en 2027. Free entend, par ailleurs, faire du segment entreprises « un puissant relais de croissance », avec le lancement récent d’une offre de cybersécurité.

Comme Bouygues Telecom, Iliad consent à de lourds investissements. Ils s’élèvent à 553 millions d’euros au premier trimestre 2023, en hausse de 14% en organique pro forma. Il ne s’agit pas seulement de déployer ou de moderniser ses infrastructures réseaux.

La croissance de ces investissements est essentiellement tirée par la France et la reconstitution de stocks de Freebox « après les forts recrutements de nouveaux abonnés des derniers trimestres, dont une majorité en fibre avec des Freebox de dernière génération », précise le groupe dans son communiqué de presse.

Après SFR, Free fait condamner Bouygues Telecom

La bataille entre les deux opérateurs n’est pas seulement le front commercial, il l’est aussi sur le terrain juridique. A l’occasion de la publication de ses résultats, Bouygues Telecom a annoncé avoir versé à Free Mobile, la somme de 308 millions d’euros, « majorée notamment des intérêts légaux demandés ».

En février dernier, Bouygues Telecom a été condamné par le Tribunal de commerce de Paris à verser ces dommages et intérêts à Free Mobile, dans le cadre d’un contentieux sur les offres dites “subventionnées”, liant la vente de forfaits mobiles avec engagement comprenant un smartphone subventionné.

En 2012, Free avait déjà attaqué SFR sur le même principe et avait remporté une victoire devant la Cour de cassation. « Bien que la validité de l’exécution provisoire soit fermement contestée par Bouygues Telecom devant les juridictions compétentes, Free Mobile a pris la décision de procéder à l’exécution forcée de la condamnation », indique Bouygues Telecom dans un bref communiqué.

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