Présidentielle 2022 : après une percée, la précampagne d’Eric Zemmour s’essouffle – Le Monde

Le polémiste Eric Zemmour au salon « Made in France », à la porte de Versailles, à Paris, le 14 novembre 2021.

Eric Zemmour n’ira pas discourir à la Royal Institution of Great Britain, vendredi 19 novembre à Londres, mais dans la salle d’un hôtel Ibis – une déconvenue cruelle pour celui qui tient aux lieux patinés par l’histoire. La société savante britannique, née il y a deux cents ans pour promouvoir la science et placée sous le patronage du prince Charles, a annulé, après vérifications, la location de son amphithéâtre au candidat putatif, qui devait y tenir un meeting devant 300 sympathisants. « Toute personne voulant (…) inciter à la haine contre des personnes en raison de leur couleur de peau ou de leur croyance n’est pas la bienvenue », a déclaré Sadiq Khan, le maire de Londres.

Même déboire à Genève, où 1 600 personnes ont signé une pétition en ligne contre la venue du polémiste d’extrême droite, prévue le 24 novembre. Il doit y donner une conférence avec l’avocat genevois Marc Bonnant, au bord du lac Léman, dans le parc des Eaux-Vives, qui appartient à la mairie. Mais l’édile de la ville suisse, Frédérique Perlier, a indiqué le 14 novembre qu’il n’était pas « le bienvenu » et qu’elle ne mettrait aucun lieu public à sa disposition, pour éviter que Genève ne soit « complice de la propagation de ses messages haineux ». La municipalité ne peut toutefois empêcher la conférence du probable candidat, qui devrait se tenir dans un lieu privé.

Ces ratés ternissent la tournée d’Eric Zemmour, alors que le parquet a requis 10 000 euros d’amende à son encontre, mercredi 17 novembre, pour « complicité de provocation à la haine raciale » envers les mineurs étrangers isolés (qu’il avait qualifiés de « voleurs, assassins, violeurs » dans son talk-show sur CNews, en 2020). Malgré une percée fulgurante, l’ex-chroniqueur du Figaro ne se voit pas officialiser sa candidature avant la fin novembre, au risque de lasser ses soutiens. Dans son premier cercle, où l’on a l’œil rivé sur des sondages dénotant un léger recul, on s’alarme d’un « faux plat » en passe de devenir un « creux ». Même l’audience sur YouTube s’essouffle, de 415 000 internautes ayant visionné son meeting de Toulon, mi-septembre, à 160 000 pour celui de Bordeaux, deux mois plus tard.

« Il n’a pas mis le doigt sur la gâchette »

Le quasi-candidat a multiplié les outrances jusqu’à faire douter son camp. Le 13 novembre, il fait prévenir les chaînes de télévision puis se rend au Bataclan pour dénoncer l’immigration et accuser François Hollande de n’avoir « pas protégé les Français ». Cette récupération sur les lieux du massacre a suscité une très large indignation politique et la colère des associations de victimes. « Une faute », l’enfonce Marine Le Pen, en assurant qu’elle n’aurait « jamais » agi de la sorte. « Peut-être qu’il lui manque l’expérience de la vie », a désapprouvé Robert Ménard jeudi sur RMC, ajoutant que « ça finit par faire peur, les propos qu’il tient ».

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