« Notre rôle est de tenir les positions » : dans la région de Kherson, la contre-offensive village par village – Le Monde

Les hommes craignent les drones russes alors, pour se cacher du ciel, la consigne est de rester sous la végétation. Le sol est marqué de cratères et d’impacts d’explosions, tout comme la façade d’un des bâtiments dans lesquels les soldats ont pris position, au sud de la région de Mykolaïv. Cela fait une semaine que cette unité du 220e bataillon de la 126e brigade de la défense territoriale d’Odessa, une vingtaine de soldats, a pris ses quartiers dans un petit village détruit par les bombardements, non loin de la ligne de front. Selon Danylo, « Shamonya » de son nom de guerre, jeune homme aux mains tatouées de barbelés, les forces russes qui occupent une partie de la région voisine de Kherson, au sud, se trouvent à environ « 5 à 7 kilomètres ».

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Le sous-sol de ce qui devait être le magasin du village a été réaménagé pour les besoins de l’unité. La pièce est sombre, grise. Les fenêtres ne laissent filtrer que peu de lumière à travers des sacs de sable empilés. Sous une publicité pour des dizaines de marques de glaces, un homme assis vérifie sur un écran les images des caméras de surveillance disposées aux quatre coins du site. Un matelas de fortune traîne au sol. Sachets de thé, boîtes de munitions et paquets de gâteaux ont été jetés en vrac sur des étagères. Des fusils d’assaut sont posés contre les murs.

Des soldats de la défense territoriale ukrainienne sur une position à quelques kilomètres des forces russes, dans l’oblast de Mykolaïv (Ukraine), le 27 juillet 2022.

Ces deux dernières semaines, après avoir subi des bombardements quotidiens et réguliers sur leurs précédentes positions, les frappes russes sur l’unité ont nettement diminué. C’est loin d’être le cas ailleurs, que ce soit sur la ligne de front ou dans les faubourgs de la ville de Mykolaïv, mais le commandant de l’unité, Aleksandr, « Posliana », un colosse aux larges épaules, veut croire que les tirs ukrainiens avec des armes occidentales sur des dépôts de munitions ennemis commencent à avoir un effet en profondeur et affectent l’efficacité des forces russes. « Tout le monde pense que c’est grâce à ces frappes très précises, s’enthousiasme-t-il. Nous avons besoin d’encore plus de ces armes ! »

« Notre rôle est de tenir les positions »

Les autorités de Kiev ont annoncé le déclenchement d’une contre-offensive afin de reprendre la région stratégique de Kherson, conquise par l’armée russe dans les premiers jours de l’invasion. A ce stade, un travail préparatoire semble en cours. Plusieurs vagues de tirs ont ciblé des infrastructures vitales pour le dispositif de l’ennemi. En plus des frappes sur des bases de l’armée, trois ponts cruciaux pour le ravitaillement des forces du Kremlin ont été touchés. Dans la nuit de mardi à mercredi, le pont d’Antonovka, déjà endommagé par des frappes la semaine précédente, a de nouveau été touché par des tirs de lance-roquettes multiples américains, Himars. Ce pont du Dniepr, qui relie Kherson à d’autres zones tenues par les Russes, est désormais impraticable pour les véhicules.

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