Macron relance le débat sur l’âge de départ à la retraite, Ménard a « honte » de ses propos sur les migrants… Les infos politiques du jour – Le Monde

Le Monde tient le carnet de bord de la campagne de l’élection présidentielle de 2022 : un point quotidien, publié à 19 heures, revient sur les faits politiques de la journée écoulée et aborde les rendez-vous à venir.

Emmanuel Macron relance le débat avec sa proposition de porter l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans

La question sensible de la réforme des retraites a fait irruption, jeudi, dans la campagne électorale avec la proposition – annoncée mercredi soir – du candidat Emmanuel Macron de repousser l’âge de départ de 62 à 65 ans. S’il est réélu en avril, le chef de l’Etat ambitionne de relancer cette vaste réforme qu’il avait dû suspendre puis annuler en pleine crise due à l’épidémie de Covid-19.

Le relèvement serait graduel, à raison de quatre mois par année de naissance, et le processus devrait s’étaler jusqu’en 2033. La pension minimale serait portée à 1 100 euros par mois pour les personnes justifiant d’une carrière complète. Des dérogations seraient maintenues dans plusieurs situations : personnes ayant commencé à travailler tôt, invalidité, inaptitude… Pour ces catégories, l’âge d’ouverture des droits devrait être 62 ans, contre 60 ans actuellement.

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M. Macron n’est pas le seul à vouloir repousser l’âge de départ à la retraite. « La retraite à 65 ans, nous l’avons proposée, Macron ne l’a pas fait ! Comment faire confiance à Macron candidat alors qu’il promet tout ce que Macron président n’a pas fait pendant son quinquennat ? », a fustigé Valérie Pécresse, la candidate des Républicains.

A l’extrême droite, Eric Zemmour veut la porter à 64 ans ; Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national, avait défendu la retraite à 60 ans, mais elle la réserve finalement à ceux qui sont entrés très jeunes dans la vie active. « La retraite à 65 ans, c’est profondément injuste », a-t-elle déclaré, expliquant qu’un « maximum de gens n’arriveront jamais à la retraite ».

A gauche, le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a affiché son « désaccord absolu ». « Moi, je suis pour la retraite à 60 ans », a-t-il rappelé sur RMC. La socialiste Anne Hidalgo a dénoncé « une hypocrisie fondamentale », tandis que l’écologiste Yannick Jadot a parlé d’une mesure « extrêmement injuste », souhaitant au contraire remettre la pénibilité au cœur du régime des retraites.

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La photo du jour : Le drapeau européen de nouveau sous l’Arc de triomphe, Marine Le Pen et Eric Zemmour de nouveau offusqués

Le drapeau européen flottant sous l’Arc de triomphe, à Paris, le jeudi 10 mars 2022.

Comme un air de déjà-vu. A l’occasion du sommet européen informel organisé à Versailles, jeudi et vendredi, un drapeau européen a été fixé sous l’Arc de triomphe, à Paris. Le drapeau aux douze étoiles avait déjà été placé sous le monument parisien pendant quelques jours, fin décembre et tout début janvier, à l’occasion de l’ouverture de la présidence française du Conseil de l’Union européenne.

Plusieurs candidats à la présidentielle s’étaient montrés très critiques envers l’initiative, dont Marine Le Pen, Eric Zemmour, Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon, certains dénonçant un acte antipatriotique, d’autres réclamant qu’un drapeau français soit ajouté au-dessus du tombeau du Soldat inconnu. Emmanuel Macron avait ensuite dénoncé « une mauvaise polémique » et s’était dit « fier » de ce « symbole de paix ».

Deux mois plus tard, l’histoire se répète : le candidat d’extrême droite Eric Zemmour a affirmé sur Twitter : « Emmanuel Macron aime humilier la nation française. La preuve : il récidive. » En marge du grand oral des candidats à l’élection présidentielle par les sapeurs-pompiers de France, Marine Le Pen a, de son côté, déclaré devant la presse que « le président de la République, pour la deuxième fois, probablement par provocation, viole la loi ».

En fait, aucun autre texte législatif ou réglementaire n’encadre ou ne précise les règles de pavoisement des édifices publics en France, et le drapeau européen peut être déployé ou côtoyer le drapeau tricolore sans que cela soit considéré comme illégal. Dès 1963, le ministère de l’intérieur avait donné son accord à l’affichage du drapeau européen, à l’exception de la célébration des fêtes nationales.

La phrase : Robert Ménard a « honte » de ses propos passés sur l’arrivée de migrants syriens et irakiens

Il regrette ses propos. Le maire de Béziers, Robert Ménard, proche de Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national, a dit, jeudi, avoir « honte » de ses propos passés sur l’arrivée de migrants fuyant la guerre en Syrie et en Irak.

« Quand j’ai été élu maire, il y a eu la grave crise en Syrie, et j’ai fait des déclarations, le journal municipal a fait des unes, des affiches aussi, que je ne referais plus, et que, pour tout vous dire, j’ai honte d’avoir faites », a-t-il déclaré sur Public Sénat, en pleine guerre en Ukraine.

Une affiche, datant d’octobre 2016 et montrant des migrants qui pourraient être africains ou moyen-orientaux devant une église, proclamait alors : « L’Etat nous les impose. Ça y est, ils arrivent… Les migrants dans notre centre-ville ! »

La veille, l’ancien président de Reporters sans frontières avait estimé sur LCI que ses déclarations passées, « c’est pas une erreur, c’est une faute ». « Il n’y a pas deux sortes de victimes, des Européens chrétiens qu’il faudrait défendre et des gens pas européens qui seraient au Moyen-Orient et qu’on aurait eu raison de ne pas accepter chez nous », avait-il ajouté, regrettant un « deux poids deux mesures pas glorieux ».

Dans les archives du « Monde » : En 2017, les abstentionnistes détiennent la clé du scrutin

Archive du

Ils pouvaient faire basculer la présidentielle il y a cinq ans et leur pouvoir reste tout aussi fort aujourd’hui. « Que ces électeurs s’abstiennent réellement, et ce serait un signe de dévitalisation de notre démocratie. Qu’ils votent finalement, et ce pourrait modifier les rapports de force – au premier comme au second tour », pouvait-on lire dans Le Monde daté du 10 mars 2017.

« Il faut donc regarder avec attention l’autre côté du miroir, non pas ceux qui votent mais ceux qui ne sont pas sûrs, à des degrés divers, d’aller voter », écrivaient Gilles Finchelstein, le directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, et Martial Foucault, le directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).

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« Reste à savoir quels seraient les effets d’une remobilisation d’ici au 23 avril [date du premier tour]. Question difficile, car la mobilité électorale ne concerne pas seulement les intentions de vote mais aussi les intentions de voter – autrement dit, les abstentionnistes de mars ne seront pas les mêmes que ceux d’avril », poursuivent-ils. « L’entrée dans le vote de plusieurs millions d’électeurs pourrait infléchir les résultats », estimaient les deux spécialistes.

Quid de l’effet de la guerre en Ukraine, cinq ans plus tard ? Celle-ci a donné un coup de fouet à l’intérêt porté à la présidentielle, selon la dernière enquête Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde. Par ailleurs, dans une étude menée les 2 et 3 mars, l’intention d’aller voter au premier tour frémit : avec 78 % (66 % « certains d’aller voter », 12 % « presque certains »), elle augmente d’un point en trois jours, mais est deux points plus basse qu’en mars 2017. L’abstention potentielle s’élève à 22 %, contre 20 % en mars 2017. Finalement, en 2017, l’abstention au premier tour avait été de 22,2 %.

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A l’agenda du vendredi 11 mars

Fragments de campagne. Ecrasées entre l’épidémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, les questions climatiques, énergétiques et environnementales n’ont pas trouvé de véritable écho dans le débat public. Comment remédier à ce phénomène ? Que peuvent faire les citoyens ? Faut-il systématiquement opposer la fin du monde à la fin du mois ? Quelles pistes explorer pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050 ? Nous en discutons pour cette deuxième journée spéciale.

Sommet. Emmanuel Macron accueille, vendredi 11 mars, les dirigeants des 26 autres pays de l’Union européenne à Versailles destiné à poser les fondations d’une Europe plus souveraine après le choc de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Grand oral. De nombreux candidats à la présidentielle sont présents ou représentés aux Assises du produire en France, au palais des congrès de Bordeaux.

Meetings. Yannick Jadot, le candidat écologiste à l’Elysée, prend la parole à 18 h 30, depuis la place de la Victoire, à Bordeaux. Valérie Pécresse, la candidate du parti Les Républicains, tient une réunion à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), à 18 h 30 également. La socialiste Anne Hidalgo donne rendez-vous à 19 heures à la halle Martenot, à Rennes.

Le Monde

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