Les émissions mondiales de CO₂ restent à des niveaux record cette année – Le Monde

Pour les scientifiques, cette année constitue le « véritable test » afin de voir si le monde a infléchi la courbe. Après une chute historique en 2020, liée à la pandémie de Covid-19, et un fort rebond en 2021, les émissions mondiales de CO2 restent finalement à des niveaux record en 2022. Elles ne montrent aucun signe d’une diminution « nécessaire et urgente » pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. A ce rythme, il y a désormais 50 % de chance de dépasser ce seuil d’ici à neuf ans.

Voilà les conclusions du dernier bilan du Global Carbon Project, un consortium de plus de 100 scientifiques issus de 80 laboratoires internationaux travaillant sur le cycle du carbone. Leurs résultats sont publiés dans la revue Earth System Science Data, vendredi 11 novembre, ainsi que dans un atlas interactif. Ils constituent une nouvelle alerte pour les dirigeants réunis à la conférence mondiale sur le climat (COP27), à Charm El-Cheikh, en Egypte.

Cette étude prévoit que les émissions mondiales de CO2 − le principal gaz à effet de serre et première cause du dérèglement climatique − atteindront 40,6 milliards de tonnes en 2022, frôlant le record de 2019, et en hausse de près de 1 % par rapport à 2021. La majeure partie provient de la combustion d’énergies fossiles et des cimenteries, dont les rejets devraient représenter 36,6 milliards de tonnes cette année, en hausse de 1 % par rapport à 2021. Ces émissions s’étaient effondrées de 5,4 % en 2020, avant de croître de 5,1 % en 2021. Le reste des émissions est lié aux changements d’usage des terres, en particulier la déforestation ; elles semblent être restées stables cette année.

La Chine reste le premier émetteur

Au total, les niveaux très élevés d’émissions « restent globalement stables depuis 2015 », note Pierre Friedlingstein, directeur de recherche au CNRS, à l’Ecole normale supérieure et à l’université d’Exeter (Royaume-Uni), et premier auteur de l’étude. « On n’est plus dans une trajectoire de forte croissance chaque année, mais on reste très loin du compte. »

« Ce bilan est une mauvaise nouvelle. C’était très naïf de penser que les investissements verts des plans de relance allaient permettre de maintenir les émissions à la baisse », réagit Philippe Ciais, directeur de recherche (CEA) au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement et l’un des auteurs de l’étude. Les extrapolations réalisées par l’étude – puisque l’année n’est pas achevée – sont toutefois à prendre avec prudence, étant plus incertaines que lors des précédents bilans. « On est passés d’un monde où l’on pouvait prédire les émissions grâce à de nombreux indicateurs à un monde chaotique, secoué par de multiples crises et la guerre en Ukraine, où tout peut basculer », rappelle-t-il.

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