Législatives: dans l’Ain, la réélection incertaine de Damien Abad, accusé de viol par deux femmes – BFMTV

Jusqu’ici député Les Républicains de l’Ain, le nouveau ministre des Solidarités est visé par les témoignages de deux femmes l’accusant de viol, révélés par Mediapart.

Il l’a martelé lundi: “Un homme innocent doit-il démissionner? Je ne crois pas.” Nommé ministre des Solidarités vendredi, Damien Abad est sous le coup d’accusations de viol portées par deux femmes, a révélé Mediapart samedi au lendemain de son entrée au gouvernement.

Si l’intéressé exclut de quitter ses fonctions, une démission n’est officiellement pas la piste envisagée au sommet de l’État, qui s’en remet à la justice. “L’établissement de la vérité, c’est à la justice de le faire (…) Elle est la seule à pouvoir ou devoir trancher” , a martelé lundi la nouvelle porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, au sortir du premier Conseil des ministres.

“En l’état”, le parquet de Paris n’a pas ouvert d’enquête, a-t-il fait savoir mercredi, faute “d’élément permettant d’identifier la victime des faits dénoncés”.

En plus des accusations, Damien Abad pourrait être contraint de démissionner du gouvernement à l’issue des législatives s’il n’est pas réélu dans l’Ain. Élu en 2012 puis 2017, sous les étiquettes successives de l’UMP et des Républicains (LR), parti dont il s’est in extremis mis en congé à la veille de son entrée au gouvernement, le sortant n’est pas assuré d’être reconduit par les électeurs.

Percée de Le Pen dans la circonscription en avril

En avril dernier à la présidentielle, la cinquième circonscription de l’Ain a massivement voté pour Marine Le Pen, la plaçant en tête du premier tour avec 27,4% des voix, devant Emmanuel Macron (22,7%) et Jean-Luc Mélenchon (20,3%). Au second tour, Emmanuel Macron s’est imposé sur le fil avec 50,8%, contre 49,2% pour Marine Le Pen. S’il serait hasardeux de prédire le résultat de la législative à cette seule aune, la percée de la candidate d’extrême droite au détriment d’Emmanuel Macron constitue a minima un indicateur.

De surcroît, Damien Abad aura face à lui un candidat Les Républicains, en la personne de Julien Martinez, conseiller municipal à Oyonnax. Une candidature qui pourrait contribuer à un émiettement des voix et jouer en défaveur du député sortant. L’investiture de Julien Martinez a été actée en dernière minute, Damien Abad s’étant écarté de LR à la veille de la date limite pour déposer son dossier en préfecture.

“J’y vais parce que Damien Abad nous a baladés. Il a manqué de clarté vis-à-vis de ses intentions. Quand on est un chef, impliquant de nombreuses responsabilités, on ne peut pas avoir l’attitude qu’il a pu avoir”, avait tancé le candidat LR officiel dans les colonnes du Progrès à l’égard de l’ancien patron des députés LR, le 20 mai alors que les accusations n’étaient pas encore connues.

Concernant les révélations de Mediapart, Julien Martinez craint que cela se répercute sur la campagne.

“Comme dirait Christian Jacob, c’est entre lui et sa conscience. Ça va polluer la campagne et c’est assez malheureux parce que ça nous détourne des vrais enjeux des territoires et c’est pas ce que je souhaite”, a estimé Julien Martinez auprès de BFMTV.

Pour le candidat de Reconquête! de la circonscription, Philippe Tournier-Billon, cette affaire est “une chose de plus qui décrédibilise le personnel politique, les politiciens professionnels”. Le candidat d’extrême droite juge sur notre antenne qu’au regard du potentiel fort taux d’abstention, cela risque de “dégoûter les électeurs de se déplacer”.

Démission des ministres battus aux législatives

En cas de défaite, si d’aventure Damien Abad reste en poste au gouvernement jusqu’aux législatives, le scrutin constituera une porte de sortie: dimanche, l’Élysée a fait savoir que tout ministre candidat aux législatives qui serait battu devrait démissionner. Une règle qui vise les 15 membres de l’exécutif candidats, y compris la première d’entre eux, Élisabeth Borne.

Dans la cinquième circonscription de l’Ain, les révélations de Mediapart pourraient aussi influencer le choix dans l’isoloir. “Même si je ne pense pas qu’il l’a fait, je ne voterai pas pour lui”, a déclaré un électeur à France 3.

“Je m’apprêtais à voter pour lui. Mais s’il est coupable, ça modifie tout”, a aussi confié une électrice retraitée au Parisien. Si une autre électrice dit être en “plein doute” et qu’une autre confesse que cela fait “réfléchir”, certains électeurs ne comptent pour autant pas changer leurs intentions et voter pour lui en dépit des accusations.

Auprès de BFMTV, une habitante d’Oyonnax dit toutefois “espérer” que le député reste candidat. “Si c’est encore sans suite, ma foi, à lui de voir et tenir sa place”, étaye-t-elle.

“Je pense qu’il doit rester droit dans ses bottes et continuer”, ajoute un homme.

Volte-face au sommet de l’État

Damien Abad restera-t-il en poste jusqu’aux législatives? Le contexte électoral pourrait-il peser en faveur d’une éviction? Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, aussi visé par une plainte pour viol, pour laquelle le parquet a requis un non-lieu en janvier dernier, est pour sa part resté à Beauvau.

Mardi, l’exécutif a admis que le Château et Matignon avaient été au courant de la plainte classée sans suite, mais pas de sa teneur ni du signalement d’une deuxième femme. Mais dans la soirée, Matignon a rétropédalé, l’entourage d’Élisabeth Borne assurant que “la ministre n’avait pas connaissance des faits avant la nomination de M. Abad” et qu’elle en avait “pris connaissance dans l’article de Mediapart samedi soir”.

Une volte-face, et une certaine fébrilité à la tête de l’exécutif? Dimanche, la Première ministre avait publiquement dit que “bien évidemment”, elle n’était “pas au courant” jusqu’à la parution des informations de nos confrères. Lundi, Olivia Grégoire insistait: “À ma connaissance, aucun membre du gouvernement n’avait connaissance de ces faits.”

Clarisse Martin Journaliste BFMTV

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