Le projet GNU fête ses 40 ans

 

Les 40 ans de GNU, par la Free Software Foundation (FSF)

Ce 27 septembre, la Free Software Foundation (FSF) fêtera le 40e anniversaire du projet de système d’exploitation GNU et du mouvement du logiciel libre. Pour célébrer cette date marquante, la FSF annonce une réunion de hackers en Suisse, à Bienne, ce mercredi 27 septembre, et une journée «hackday» pour familles, étudiants et toutes personnes intéressées par cet anniversaire, à son siège de Boston, dans le Massachusetts, dimanche 1er octobre.

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Un message dans un forum Usenet

À la réunion helvète, interviendront notamment le fondateur, Richard Stallman, Sébastien Blin, de GNU Jami (logiciel libre de téléphonie audio et vidéo), lauréat en 2022 du Free Software Award for Projects of Social Benefit, Matthias Kirchner, président de la FSF Europe, et plusieurs webmasters.

Le 27 septembre 1983, un informaticien américain, Richard Stallman, annonce son projet de développer un système d’exploitation analogue à Unix, appelé GNU – un acronyme récursif, pour «GNU’s not Unix». Une déclaration dans un forum de discussion Usenet, net.unix-wizards, titrée «Nouvelle implémentation d’Unix», qui commence ainsi:

«Dès le prochain Thanksgiving, je commencerai à écrire un système logiciel complet, compatible Unix, appelé GNU (pour GNU n’est pas Unix), et le distribuer librement à tous ceux qui souhaitent l’utiliser. Je fais appel à toute contribution en temps, en argent, en programmes et en matériel pour faire avancer ce projet.»

(Pour plus de détails sur ces débuts, voir le chapitre «Une morale à l’épreuve» de la biographie autorisée «Richard Stallman et la révolution du logiciel libre», éditions Eyrolles, et en ligne dans les archives des Framabook de Framasoft).

Une annonce que RMS (le surnom de Richard Matthew Stallman) commente plus tard ainsi: «Avec un système d’exploitation libre, nous pourrions à nouveau avoir une communauté de hackers qui coopèrent – et inviter n’importe qui à la rejoindre. Et tout le monde pourrait utiliser un ordinateur sans commencer par conspirer pour priver ses amis.»

“GNU est au cœur d’une philosophie”

Zoë Kooyman, directrice exécutive de la FSF, qui parraine le développement de GNU, souligne: «Quand on regarde l’histoire du mouvement du logiciel libre – soit l’idée que les utilisateurs devraient contrôler leur propre ordinateur – cela commence avec GNU. Le système GNU n’est pas seulement le système d’exploitation le plus répandu basé sur des logiciels libres. GNU est également au cœur d’une philosophie qui a guidé le mouvement du logiciel libre pendant quarante ans.»

Généralement combiné avec le noyau Linux, souligne la FSF, «GNU constitue l’épine dorsale de l’internet et équipe des millions de serveurs, d’ordinateurs de bureau et de dispositifs informatiques embarqués. Outre ses avancées techniques, GNU a été le pionnier du concept de “copyleft”, l’approche des licences logicielles qui exige que les mêmes droits soient préservés dans les œuvres dérivées, et dont la licence publique générale GNU (GPL) est le meilleur exemple. Comme l’a déclaré Stallman, “le but de GNU était de donner aux utilisateurs la liberté, pas seulement d’être populaire. Nous devions donc utiliser des conditions de distribution qui empêcheraient les logiciels GNU d’être transformés en logiciels propriétaires. La méthode que nous utilisons s’appelle le “copyleft””.»

La suite est bien connue, jusqu’au succès écrasant de GNU/Linux dans les infrastructures informatiques mondiales. L’aspect juridique impliqué par la méthode précitée du copyleft, retournement du droit d’auteur, sera évidemment déterminant: en 1985, Stallman lance la Licence publique générale (GPL en anglais) de GNU Emacs, qui en 1989 devient, élargie, la Licence publique générale de GNU, ou GNU GPL en abrégé, dont les effets nourriront maints débats.

RMS de son côté élaborera la GPL version 3 (2007), continuera son inlassable militantisme – même dans l’antre de l’ennemi Microsoft (en 2019) -, fera parler de lui pour de mauvaises raisons ces dernières années (accusé de conduites misogynes, il démissionne de la FSF en 2019, puis y revient en 2021, déclenchant une forte polémique).

Mais à côté de ces tristes péripéties, restera dans l’histoire de l’informatique sa contribution décisive voilà 40 ans à une approche radicalement autre que celle des logiciels propriétaires (ou, selon son expression, «privateurs»).

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