“La situation est dramatique” : l’appel à l’aide des boulangers, écrasés par la hausse des factures d’électric – Midi Libre

Avec des factures d’énergies multipliées par trois, sept, voire dix en 2023, beaucoup d’artisans ne s’en sortent plus. Certains sont obligés de réduire leur personnel alors que les aides gouvernementales sont jugées largement insuffisantes.

“La situation est totalement folle, dramatique !” Le cri vient des tripes et traduit la détresse de toute une profession. Président de la fédération des boulangeries et pâtisseries de l’Hérault, Antoine Soive fait remonter l’impuissance et la vulnérabilité de ses collègues face à l’envolée des tarifs du gaz. “Dans les meilleurs des cas, les factures vont doubler ou tripler en 2023. Dans les pires, selon les contrats, elles seront multipliées par sept, voire par dix ! C’est purement intenable.”

40 000 euros de charges en plus par an

D’autant que le secteur a déjà dû faire face en 2022 à une hausse exceptionnelle de toutes ses matières premières (25 à 100% selon les ingrédients). De quoi faire planer une menace sur des petits artisans qui n’ont pas tous les reins assez solides pour encaisser.

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“Certains doivent payer 15 000 à 25 000 € d’électricité en plus par an. Pour ma boulangerie de Montpellier, je dois faire face au total à 40 000 € de charges en plus en 2023, explique Antoine Soive. Comment payer ? Beaucoup d’artisans d’autres branches sont dans notre cas. On ne comprend pas comment le prix du kilowattheure a pu augmenter dans ces proportions. C’est une injustice, nous payons une gestion calamiteuse de ce qui s’est passé en France depuis dix ans en matière de gestion énergétique.”

L’amortisseur énergétique ne suffit pas

Seules les petites entreprises possédant un compteur électrique d’une puissance inférieure à 36 kVA, sont protégées, comme les ménages, par un bouclier énergétique qui verra la hausse limitée à 15% en ce début d’année.

Les autres, notamment les artisans gros consommateurs d’énergie, ne bénéficient que d’un amortisseur qui oblige le fournisseur d’énergie à appliquer une remise de 15% sur la facture. Ils peuvent aussi bénéficier d’une réduction de 20% de leur facture énergétique sur leur feuille d’impôts.

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“35% de remise quand les prix sont multipliés par trois, sept ou plus, on est loin du compte, tempête Christophe Hardy, président de l’Union des maîtres artisans boulangers (Umab) du Gard. Et les reports de charges proposés par Mme Borne ne sont que des rustines. C’est reculer pour mieux sauter car cela risque d’empirer au fil des mois sur fond de frais bancaires. Nous sommes victimes d’un amateurisme du gouvernement dans la gestion de sa politique énergétique. Nous demandons à être entendus et à bénéficier d’un tarif réglementé et adapté.”

Des artisans contraints de licencier

En Occitanie, les artisans ont encore été peu nombreux à baisser le rideau. À Bizanet, dans l’Aude, un boulanger s’est mis en grève en fin d’année pour attirer l’attention sur ses difficultés financières. À Villetelle, à la frontière de l’Hérault et du Gard, Quentin Morel, patron du Pétrin d’Ambrussum voit lui aussi sa facture électrique multipliée par cinq.

“On comptait sur les fêtes de fin d’année mais cela a été plus calme que prévu. Si on augmente nos prix, les gens régulent leur consommation sur fond d’inflation.” Il a dû se séparer de son pâtissier et devra aussi envisager de ne plus salarier sa compagne si la situation se dégrade davantage.

“On ne peut plus prendre sur nos marges, résume Antoine Soive et ce qu’on tente pour moins consommer d’énergie nous fait économiser 5%. C’est à pleurer… J’ai vendu trois de mes six points de vente pendant la crise Covid et cet argent que je destinais à des investissements me sert à boucher les trous. Pour beaucoup de mes confrères, la survie va devenir très vite compliquée.”

Appel à manifester devant l’Assemblée nationale 

Les boulangers ne peuvent en effet répercuter qu’une faible partie de cette hausse sur leurs prix et c’est déjà beaucoup pour des consommateurs essorés qui partent acheter leur pain en grande surface. Le prix de la baguette avoisine déjà 1,20€ et la part de galette devrait atteindre voire dépasser les 4 € contre 3,20 l’an dernier.

“Je suis très inquiet, conclut Christophe Hardy. Un appel à manifester devant l’Assemblée nationale le 21 janvier prend forme sur les réseaux sociaux. J’espère que le président Macron, qui doit présenter ses vœux à la profession jeudi, nous annoncera de bonnes nouvelles.” 

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