Israël : la Knesset vote pour entériner une « coalition du changement », fin attendue de l’ère Nétanyahou – Le Monde

Naftali Bennett à la Knesset, le Parlement israélien, le 6 juin 2021.

Israël s’apprête, dimanche 13 juin, à ouvrir une nouvelle page de son histoire avec un vote attendu au Parlement, pour entériner une « coalition du changement » devant mettre un terme au règne de Benyamin Nétanyahou.

La Knesset se réunit en session spéciale à partir de 16 heures locales (15 heures à Paris) afin de permettre au centriste et dirigeant de l’opposition Yaïr Lapid et au chef de la droite radicale Naftali Bennett de présenter leur équipe, qui fera l’objet, en soirée, d’un vote.

Cette coalition hétéroclite – réunissant deux partis de gauche, deux du centre, trois de droite et une formation arabe – a réuni la majorité nécessaire de 61 députés sur les 120 au Parlement.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Campagne massive d’arrestations parmi les Palestiniens d’Israël

Et, à moins d’un revirement de dernière minute, elle devrait obtenir la bénédiction des élus, qui permettra ainsi d’évincer du pouvoir Benyamin Nétanyahou, à la tête du gouvernement depuis douze ans sans discontinuité.

Une manifestation devant la résidence de Benyamin Nétanyahou à Jérusalem, samedi 12 juin 2021.

Une manifestation devant la résidence de Nétanyahou

Confronté depuis un an à un procès pour corruption, M. Nétanyahou, 71 ans, a encore été, samedi soir, la cible d’une manifestation de protestation. Devant sa résidence officielle à Jérusalem, les personnes ainsi rassemblées n’ont pas attendu le vote pour célébrer la « chute » du « roi Bibi », surnom de M. Nétanyahou, qui a été le visage d’Israël depuis son retour au pouvoir en 2009, après trois premières années à la tête du gouvernement, de 1996 à 1999.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Israël, une coalition historique, allant de la gauche à l’extrême droite, unie contre Benyamin Nétanyahou

« Nétanyahou n’a cherché qu’à nous diviser, une partie de la société contre l’autre, mais demain nous serons unis, droite, gauche, Juifs, Arabes », a déclaré Ofir Robinsky lors de ce rassemblement. « C’est bon, c’est fini, il s’en va », a lancé, de son côté, Gali Israel Tal, une manifestante de 62 ans.

Passation des pouvoirs formelle lundi

La nouvelle coalition sera dirigée par Naftali Bennett, le chef du parti de droite Yamina, pendant les deux premières années, puis par Yaïr Lapid pour une période équivalente.

Après le vote prévu à la Knesset, une passation des pouvoirs formelle doit avoir lieu lundi au bureau du premier ministre.

Ces derniers jours, des députés de Yamina ont été la cible d’une intense campagne visant à les décourager de voter pour le nouveau gouvernement.

Quoi qu’il en soit, le Likoud de M. Nétanyahou a promis un « transfert pacifique du pouvoir » après plus de deux ans de crise politique marquée par quatre scrutins qui ont débouché soit sur une incapacité à former un gouvernement, soit sur un cabinet d’union n’ayant duré que quelques mois.

Une enquête sur la bousculade du mont Méron

Après les législatives de mars, l’opposition s’est finalement soudée contre Benyamin Nétanyahou et – fait rarissime – elle a réussi à rallier le parti arabe israélien Raam, de l’islamiste modéré Mansour Abbas.

« Le gouvernement œuvrera pour toute la population les religieux, les laïcs, les ultraorthodoxes, les Arabes et ce, sans exception », a promis Naftali Bennett, ex-proche de M. Nétanyahou. « La population mérite un gouvernement responsable, efficace, qui place le bien du pays à la tête de ses priorités », a renchéri Yaïr Lapid, qui devrait être chef de la diplomatie sous M. Bennett.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Israël, le pèlerinage des ultraorthodoxes au mont Méron tourne à la tragédie

Au-delà de ces déclarations, la coalition s’est engagée à mener une enquête sur la bousculade du mont Méron – qui a fait 45 morts parmi les orthodoxes, le 30 avril –, à réduire la « criminalité », à défendre les droits des personnes LGBT, mais aussi à renforcer la présence israélienne en zone dite « C », en Cisjordanie, c’est-à-dire la zone sur laquelle Israël a un contrôle militaire et civil entier et qui représente environ 60 % de ce territoire palestinien occupé depuis 1967.

Le défi d’une trêve durable avec le Hamas

Dès son entrée en fonction, le nouveau gouvernement serait confronté à des défis pressants, comme la marche prévue mardi de l’extrême droite israélienne à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël.

Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, une enclave palestinienne sous blocus israélien, a menacé de représailles en cas de tenue de cette marche près de l’esplanade des Mosquées, sur fond de vives tensions à propos de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est.

Le 10 mai, le Hamas avait lancé des salves de roquettes vers l’Etat hébreu en « solidarité » avec des Palestiniens blessés lors de heurts avec la police israélienne à Jérusalem, ce qui avait mené à une guerre de onze jours.

Lire aussi A Gaza, l’ONU appelle à régler les « causes profondes » du conflit israélo-palestinien

Un cessez-le-feu a certes été obtenu, sous l’égide de l’Egypte, qui a permis de mettre fin au conflit, mais, et ce sera un autre défi pour le nouveau gouvernement, des pourparlers en vue d’une trêve durable n’ont pas abouti.

Quant au premier ministre sortant, il pourrait devoir aussi affronter, selon la presse locale, une vague de contestations au sein du Likoud, des élus cherchant à tourner, en interne, la page Nétanyahou.

Le Monde avec AFP

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading