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Une marée humaine à Moscou

Pour la seule ville de Moscou, ce sont des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes qui ont défilé dans le cadre du « régiment immortel », qui honore la mémoire des anciens combattants de la seconde guerre mondiale. Cette initiative, née au milieu des années 2010 dans la ville de Tomsk, en Sibérie, est devenue un moment incontournable des célébrations du 9-Mai, très prisé par la population.

Malgré la pluie, une foule immense était présente à Moscou, après deux années d’interruption dues au Covid-19. On y voit drapeaux russes et drapeaux rouges, d’innombrables calots militaires, y compris sur le crâne des enfants, et une mer de portraits brandis – ceux de proches ayant combattu entre 1941 et 1945 ou ayant souffert de la guerre.

« C’est mon arrière-arrière-grand-père qui était soldat, explique Piotr, 12 ans, képi sur la tête et portant une photo en noir en banc d’un certain Oleg Artemenko. Nous devons nous souvenir de ce que nos ancêtres ont fait pour nous et pour que nous puissions être vivants. »

L’« opération militaire spéciale » lancée le 24 février donne cette année à la manifestation une teinte particulière, mais de manière discrète, presque secondaire. Les organisateurs avaient prévenu que les participants pouvaient s’ils le désiraient porter des portraits de soldats combattant en Ukraine, mais peu sont visibles.

Très peu de participants, également, arborent des écussons « Z », pourtant distribués par des volontaires le long du cortège. Ce symbole de « l’opération spéciale » est bien moins populaire dans la foule que le ruban de Saint-Georges orange et noir – quand bien même celui-ci a servi de signe de ralliement au nationalisme russe post-2014, il est considéré dans le pays comme un symbole consensuel.

« Je ne veux pas mélanger les deux, la mémoire de nos grands-parents et la politique », explique ainsi une femme d’une cinquantaine d’années, qui dit toutefois « soutenir à titre personnel tout ce que fait le président pour nous protéger ».

Beaucoup, dans la foule, fredonnent ou chantent franchement les airs militaires ou populaires anciens diffusés par des sonos, moments de communion populaire difficilement imaginables ailleurs qu’en Russie. Entre chaque chanson, durant les quelques instants de silence, la foule scande avec la même énergie un cri bien ancré dans le présent, celui-là : « Russie, Russie ! »

Benoît Vitkine (Moscou, correspondant)

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