Guerre en Ukraine : ce que l’on sait de la situation à la centrale de Tchernobyl, privée d’électricité – franceinfo

Après la centrale nucléaire de Zaporijia, c’est au tour de Tchernobyl de concentrer les inquiétudes en Ukraine. L’opérateur ukrainien Ukrenergo a annoncé, mercredi 9 mars, que l’alimentation électrique avait été “complètement” coupée sur le site, en raison d’actions militaires russes.  Selon les experts toutefois, la coupure d’électricité ne pose “pas de risque majeur sur la sécurité”.

Que s’est-il passé ? 

La centrale, à l’origine de la plus grave catastrophe nucléaire civile en 1986, “a été complètement déconnectée du réseau électrique en raison des actions militaires de l’occupant russe”, a écrit l’opérateur sur sa page Facebook, sans plus de précision. L’offensive étant en cours, “il n’y a pas de possibilité de rétablir les lignes”, a-t-il précisé.

Des générateurs fonctionnant au diesel de secours ont pris le relais et “seront en mesure d’assurer l’activité vitale du site pendant un maximum de 48 heures”, a rapporté le régulateur. “Après cela, les systèmes de refroidissement du combustible entreposé vont s’arrêter”, a averti le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba.

La centrale de Tchernobyl, lieu de la pire catastrophe nucléaire civile de l’histoire en 1986, comprend des réacteurs qui ont été déclassés, dont le numéro 4 recouvert d’un sarcophage, et des dépôts de déchets radioactifs.

Les communications téléphoniques sont par ailleurs interrompues sur le site, où sont bloqués depuis le 24 février plus de 200 techniciens et gardiens. Ils opèrent désormais sous commandement russe. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le gendarme onusien du nucléaire, a demandé à Moscou de les autoriser à effectuer des rotations avec d’autres équipes, le repos et les horaires fixes étant essentiels à la sécurité du site.

Quel est le risque ?

Le réacteur accidenté lui-même ne pose pas de problème, a expliqué à l’AFP Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Car “le cœur fondu n’a pas besoin de système de refroidissement”. Et les combustibles toujours stockés dans une piscine sur le site ?

Compte tenu du temps qui s’est écoulé depuis l’accident de Tchernobyl de 1986, “la charge thermique de la piscine d’entreposage du combustible usé et le volume de l’eau de refroidissement sont suffisants pour assurer une évacuation efficace de chaleur sans électricité”, assure l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cette coupure de l’alimentation électrique ne présente donc “pas d’impact majeur sur la sécurité”.

Les 20 000 assemblages combustibles stockés dans la piscine “sont relativement froids”, et même si l’électricité n’est pas rétablie après 48 heures, “il n’y a pas de danger de rejets radioactifs selon ce que l’on sait des installations”, confirme Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). 

Dans un tel cas, des études réalisées après l’accident de la centrale de Fukushima au Japon en mars 2011 “montrent une montée lente en température de l’ordre de jusqu’à 60 °C mais pas de dénoyage des assemblages”. “L’eau va se réchauffer progressivement mais ne va pas être portée à ébullition”, précise-t-elle.

Qu’en est-il dans les centrales en activité ?

Une coupure de courant “poserait plus de problèmes” dans les quatre centrales en fonctionnement du pays, “où il faut absolument assurer un refroidissement du combustible présent dans le cœur du réacteur ou en piscine”, estime la responsable de l’IRSN. “La chaleur à évacuer y est beaucoup plus importante” qu’à Tchernobyl.

Des groupes électrogènes pourraient “alimenter les systèmes de refroidissement “pendant 7 à 10 jours”. Au-delà, sans électricité, “surviendrait un scénario de type Fukushima avec un risque de fusion du cœur du réacteur”.

Depuis le début de l’invasion russe, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, appelle à la plus grande retenue. Il a proposé à plusieurs reprises de se rendre en Ukraine pour établir un cadre garantissant la sécurité des sites pendant le conflit, le premier à se dérouler dans un pays doté d’un vaste programme nucléaire.

“Cette fois, si un accident survient, la cause ne sera pas un tsunami causé par Mère nature mais le résultat de l’incapacité humaine à agir au moment où nous savions que nous le pouvions et le devions”, avait-il lancé en début de semaine.

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