Grève du 5 décembre : le point secteur par secteur – Libération

Mobilisation «solidaire» pour l’opposition de gauche, «pour conserver des inégalités» pour la majorité, la grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites, sur fond de rejet de la politique du gouvernement, fait converger les colères. Le mouvement, lancé par la traditionnelle intersyndicale CGT, FO, FSU et Solidaires, et rejoint ensuite par la CFE-CGC, la CFTC et la CFDT, se veut être historique. «Jeudi noir», «grève générale et reconductible» : vers un remake de la mobilisation de 1995 ? On fait le point des secteurs touchés, ou non, par la grève.

SNCF

Cela faisait bien longtemps qu’une grève n’avait pas eu de telles répercussions sur le trafic ferroviaire. Le trafic SNCF sera extrêmement perturbé par la grève, a annoncé la direction, qui prévoit de faire circuler en moyenne un TGV sur dix et un TER sur cinq.

En région parisienne, la SNCF prévoit un Transilien (RER, trains de banlieue) sur dix. Un train Intercités sur dix devrait rouler, tandis que le trafic international sera «très perturbé» : un Eurostar sur deux, deux Thalys sur trois, et aucune liaison avec l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne, selon la direction. Des bus de substitution ont été mis en place par l’entreprise pour assurer 23% des liaisons habituelles.

SUD Rail avait ouvert la voie à «une grande grève» dès le 24 septembre en annonçant se joindre à l’initiative des syndicats de la RATP pour un «tous ensemble» à partir du 5 décembre. L’Unsa, la CGT, la CFDT ainsi que FO (non représentatif à la SNCF) se sont également joints à l’appel d’une «grève reconductible».
Celle-ci devrait durer au moins jusqu’au 9 décembre, date à laquelle les cheminots regarderont combien de secteurs sont toujours en grève, avant de décider de poursuivre ou non la mobilisation. Un point sera fait, sur le site de la SNCF, tous les jours à 17 heures concernant les perturbations des deux jours suivants.

Mais d’ores et déjà, les usagers ne peuvent plus réserver de billets TGV ni certains Intercités pour les trajets du 5 au 8 décembre. Tous les billets pour les voyages prévus dans ces délais seront «échangeables et remboursables sans conditions».

RATP

Dès le 20 septembre, les syndicats de la Régie autonome des transports parisiens (SUD, Unsa, CFE-CGC, Solidaires, FO) appelaient déjà à une grève illimitée à partir du 5 décembre avant d’être rejoints, fin octobre, par la CGT, deuxième organisation syndicale représentative. Pour jeudi, les syndicats prévoient une mobilisation semblable au 13 septembre, où près de 90% des agents avaient cessé le travail. Des assemblées générales par atelier et dépôt voteront le 5 ou le 6 décembre au matin la reconduction ou non de la grève. La circulation des RER C, E et la ligne P seront perturbées dès 17h30, mercredi, avant d’être totalement interrompue à 19 heures.

Jeudi, seules les lignes 1 et 14 du métro (automatisées) circuleront normalement, sauf si l’afflux de passagers oblige la RATP à les fermer. Onze lignes de métros seront totalement à l’arrêt. Les lignes 4 (1 train sur 3), 7 (1 train sur 4) et 9 (1 train sur 4 entre Nation et mairie de Montreuil) seront ouvertes exclusivement de 6h30 à 9h30 et de 17 heures à 20 heures. Un bus sur trois circulera dans les rues parisiennes.

Les prévisions de circulation ligne par ligne des métros, RER, bus et trams seront annoncées un à deux jours à l’avance sur le site de la RATP.

Navettes fluviales

Les Batobus qui avaient, lors de la grande grève de 1995, fait office d’alternatives au blocage des transports en commun ne sont pas concernées par la mobilisation sociale. Les neuf stations au cœur de Paris seront ainsi desservies à partir de 10 heures jusqu’à 19 heures.

Transports routiers et urbains

Les syndicats CGT Transports, FO Transports et Logistique ainsi que l’Unsa Transport appellent les salariés du secteur à participer au mouvement de grève. Seuls les conducteurs de cars et de bus doivent déposer des préavis, les autres (camions, ambulances, taxis…) peuvent simplement se signaler en grève auprès de leurs employeurs. Des perturbations sont à prévoir dans les villes ainsi que sur les routes, puisque les précédents mouvements sociaux de transporteurs routiers ont donné lieu à des opérations escargots et des blocages.

Transport aérien

La grève sera également très suivie dans le transport aérien. La direction générale de l’aviation civile (DGAC) a annoncé mardi soir, la suppression de 20% des vols sur le territoire français. «On enlève 20% des capacités, les plans de vol des compagnies aériennes doivent s’ajuster en conséquence», a déclaré Eric Héraud, porte-parole de l’Autorité de l’aviation civile française.

Les onze syndicats d’Air France ont appelé les salariés à la grève le 5 décembre. Air France a annulé 30% de ses vols domestiques et 15% de ses vols moyen-courriers jeudi. Le trafic ne redeviendra pas à la normale avant samedi, puisque FO et la CGT invitent les personnels au sol à une grève reconductible.

Energie

En plus de l’appel à la «grève illimitée», la fédération Mines et énergie de la CGT, FO et SUD prévoient des baisses de charges dans les centrales hydrauliques et nucléaires. A EDF, les organisations syndicales souhaitent organiser des coupures ciblées, visant des grandes entreprises et l’Etat. Certaines antennes réfléchissent également à faire basculer les usagers en heures creuses. Les actions seront décidées au fur et à mesure d’assemblées générales quotidiennes.

Essence

Déjà ciblés par un mouvement de protestation des professionnels du BTP, certains dépôts pétroliers pourraient ne pas être réapprovisionnés. Les fédérations des industries chimiques de la CGT, FO et SUD ont appelé à la grève reconductible à partir du 5 décembre. Les raffineries, mais aussi de très nombreuses entreprises, seraient particulièrement visées. Les syndicats ont ainsi promis qu’aucun «produit pétrolier ne devrait sortir des installations sur tout le territoire». Plusieurs stations essences pourraient ainsi souffrir de pénurie de carburant.

Des assemblées générales seront prévues en fin de journée, jeudi, pour décider des suites de la grève mais les organisations espèrent obtenir un mouvement aussi puissant que lors de la précédente réforme des retraites, en 2010.

Jeunesse

En pleine lutte contre la précarité étudiante, les organisations syndicales de jeunesse ont également appelé à se joindre au mouvement de grève du 5 décembre. Dans les universités, les syndicats Unef et Solidaires Etudiants travaillent à créer une convergence avec les salariés du privé, les fonctionnaires et les gilets jaunes. La présidence de Paris-I Panthéon Sorbonne) a d’ores et déjà, «par mesure précaution et de sécurité», décidé de fermer le centre Pierre-Mendès-France, rue de Tolbiac, fer de lance de la contestation étudiante lors des précédents mouvements sociaux. Dans les lycées, les organisations lycéennes FIDL, MNL et UNL tentent de mobiliser la jeunesse en organisant blocages et débrayages contre «les réformes Blanquer, la sélection, la précarité et la réforme des retraites».

Education

Ils avaient jusqu’à lundi soir minuit pour se mettre en grève. Les enseignants du primaire sont nombreux à avoir répondu à l’appel de leurs syndicats (SUD Education, CGT-FERC et FO et FSU). Le Snuiipp-FSU, syndicat majoritaire dans le primaire, indique un taux de grévistes de près de 70%, 40% des écoles seront fermées.

Dans le secondaire, près de 60% des professeurs se seraient déclarés grévistes, selon le Snes-FSU. Si les lycées et les collèges devraient rester ouverts, sauf en cas de blocage par les organisations syndicales de jeunesse, des perturbations sont cependant à prévoir au niveau des cours et de la restauration collective.

LIBERATION

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