Gouvernement Castex : Arrivé place Beauvau, Gérald Darmanin tente de séduire les policiers – 20 Minutes

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lors d’un déplacement au commissariat des Mureaux (Yvelines) — THOMAS SAMSON / POOL / AFP
  • Gérald Darmanin a remplacé Christophe Castaner au ministère de l’Intérieur mardi.
  • Dès sa première prise de parole, il a tenu à réaffirmer son soutien aux policiers qui, pour une grande partie, n’accordaient plus leur confiance à son prédécesseur.
  • Il a reçu ce mercredi les organisations syndicales, qui lui ont fait part du malaise qui règne dans les rangs policiers et lui ont demandé davantage de moyens.

Quelques mots de Christophe Castaner, une salve d’applaudissements, une accolade républicaine. Puis le nouveau ministre de l’Intérieur prend la parole dans la cour de l’hôtel de Beauvau. Lorsqu’il prend officiellement ses fonctions, en ce mardi matin, Gérald Darmanin sait que ses premières paroles seront attentivement écoutées par les policiers. Entre ces derniers et son prédécesseur, le courant ne passait plus.

Il doit les rassurer, retrouver leur confiance. « Qu’ils ne doutent jamais que je serai toujours le premier d’entre eux », martèle l’ancien ministre de l’Action et des Comptes publics dans son discours. Quelques heures plus tard, le premier flic de France effectue sa première visite ministérielle au commissariat des Mureaux ( Yvelines) où travaillait l’un des deux policiers tués en 2016 par un terroriste à Magnanville.

« C’est une visite symbolique importante. Mais il y a une très grande attente de la part des policiers. Plus que des mots, il faut désormais des actes forts pour calmer le malaise dans nos rangs », explique Stanislas Gaudon, secrétaire national du syndicat Alliance. En effet, une partie des troupes n’a jamais digéré le discours prononcé par Christophe Castaner sur la lutte contre le racisme dans la police, le 8 juin dernier. Galvanisés par les syndicats, ces agents l’ont fait savoir aux autorités à l’occasion de manifestations souvent nocturnes.

« Il serait resté place Beauvau s’il n’avait pas été si maladroit. Cette erreur lui a été fatale. Il s’est enterré tout seul », estime Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP police-FO. « Il ne pouvait plus s’en sortir, quoi qu’il dise ou fasse, même s’il a fait beaucoup pour les flics en 20 mois », poursuit-il.

« Nous donner de vrais moyens de travailler »

24 heures après avoir pris ses fonctions, Gérald Darmanin recevait ce mercredi les organisations syndicales qui comptaient bien lui faire part « du malaise profond des policiers, qui s’est accentué après les déclarations de Castaner », souligne Patrice Ribeiro, patron de Synergie Officiers.

« Il y a un blues dans la police, le blues des bleus. Les conditions de travail sont de plus en plus difficiles. Elles se sont aussi aggravées avec les accusations de racisme systémique et de violences policières, poursuit-il. Darmanin doit retisser du lien, redonner confiance aux policiers et leur réaffirmer son soutien. Il ne doit pas s’arrêter à des déclarations d’intentions et nous donner de vrais moyens de travailler. »

De ce point de vue, les syndicats voient d’un bon œil l’arrivée place Beauvau de ce jeune ministre – il a 37 ans – connaissant comme sa poche les arcanes de Bercy, où il est resté plus de trois ans. « Il sait où aller chercher l’argent, il était jusqu’à présent l’interlocuteur de Christophe Castaner quand ce dernier négociait », remarque Yves Lefebvre. « Pour nous, c’est un avantage, il sait sur quel bouton appuyer quand ça coince », complète Patrice Ribeiro qui plaide pour la mise en place d’un « plan Marshall pour la sécurité ».

« C’est un atout, observe également Stanislas Gaudon. Nous sommes en plein dans la construction des budgets pour 2021. Or, le budget de fonctionnement et d’investissement baisse depuis deux ans. Il doit défendre un vrai budget pour la police nationale. »

« Il n’aura pas d’état de grâce »

Techniques d’interventions, terrorisme, climat social tendu, livre blanc… À son arrivée, Gérald Darmanin a trouvé de nombreux autres dossiers sur son bureau. Les vacances de celui qui est aussi maire de Tourcoing seront probablement studieuses, avant une rentrée qui s’annonce compliquée. D’autant que la mobilisation des policiers en colère ne paraît pas s’essouffler. « Il n’aura pas d’état de grâce », prédit Yves Lefebvre.

« Il va devoir rentrer très très vite dans le vif du sujet », ajoute de son côté Stanislas Gaudon. Qui lui donne paradoxalement pour conseil de s’inspirer « des premiers instants » de Christophe Castaner place Beauvau. « Il faut se rappeler que lors d’une audition au Sénat, au début du mouvement des “gilets jaunes”, il avait soutenu fermement les policiers, dit-il. En décembre 2018, il avait aussi signé un protocole nous permettant d’obtenir des avancées indemnitaires. »

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