En France, les riches ne sont pas plus nombreux mais leur fortune s’est appréciée – Le Monde

La place Vendôme, à Paris, le 8 avril en plein confinement imposé pour lutter contre la propagation de l’épidémie de Covid-19.

Non, les riches ne sont pas de plus en plus nombreux en France. En matière de revenus, l’Insee indique que le nombre de personnes « aisées », qui touchent 1,8 fois le niveau de vie médian, est passé de 6,7 millions en 1996 à 6,8 millions en 2014. Compte tenu du fait que la population française a plutôt augmenté sur la même période, il est difficile d’affirmer que les rangs des riches se sont étoffés. En revanche, les riches sont de plus en plus riches, ce qui contribue à creuser l’écart avec le reste de la population.

Lire le décryptage : Etes-vous riche ? La réponse de l’Observatoire des inégalités

« En vingt ans, les riches se sont éloignés des classes moyennes », souligne le rapport de l’Observatoire des inégalités. D’abord parce que leurs revenus ont augmenté. En 1996, l’écart entre le niveau de vie médian de la population et le niveau de vie moyen des 10 % les plus riches était de 27 800 euros annuels. En 2017, il était de 36 300 euros : l’écart s’est donc creusé de près de 8 500 euros par an en une vingtaine d’années.

Trois grandes périodes

Parallèlement, le patrimoine des plus favorisés a augmenté, ne serait-ce qu’en raison de la flambée des prix de l’immobilier, notamment à Paris, qui fait enfler mécaniquement la valeur des biens. Un chiffre éloquent : pour entrer dans le club bien fermé des 10 % les plus fortunés, en 1998, il fallait être à la tête d’un patrimoine d’une valeur de 553 000 euros. En 2010, le ticket d’entrée au même club avait plus que doublé et atteignait 1,2 million d’euros, dettes non comprises. Cette envolée s’est calmée depuis, n’augmentant « que » de 36 000 euros – ce qui représente tout de même une somme coquette pour l’essentiel de la population.

Pour caractériser l’évolution des inégalités entre les plus riches et le reste de la population, l’observatoire distingue trois grandes périodes sur les trente dernières années. Du début des années 1990 à 1996, les inégalités de revenus se sont atténuées. De 1996 à 2010, en revanche, les revenus des riches se sont envolés, pendant que les revenus des plus pauvres stagnaient, voire diminuaient. Le nombre de redevables de l’impôt sur la fortune – qui s’appliquait alors sur les patrimoines supérieurs à 800 000 euros – a été multiplié par 2,8 entre 1999 et 2010. La crise financière de 2008, qui a entraîné la baisse des dividendes et des taux d’intérêt, donc des rendements des produits financiers, a toutefois marqué un premier point d’inflexion.

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