Daria Douguina, fille d’un idéologue proche de Vladimir Poutine, tuée dans l’explosion d’un véhicule – Le Monde

Capture d’une vidéo du comité d’investigation russe montrant le site de l’explosion du véhicule dans laquelle Daria Douguina est morte, dimanche 21 août, dans les environs de Moscou.

La fille d’Alexandre Douguine, un idéologue nationaliste russe, proche du Kremlin et parfois décrit comme « le cerveau de Poutine », est morte, dans la nuit de samedi 20 à dimanche 21 août, dans l’explosion du véhicule qu’elle conduisait dans les environs de Moscou, ont annoncé des enquêteurs russes, cités par les médias et agences de presse nationaux.

C’est l’explosion d’une bombe placée dans le SUV qui a tué Daria Douguina, près du village de Bolchie Viaziomy, à une quarantaine de kilomètres de Moscou, a précisé la branche moscovite du comité d’investigation russe. La jeune femme « a été tuée sur les lieux ».

Selon les enquêteurs, tout porte à croire que « le crime a été planifié à l’avance et commandité », souligne le communiqué. Une enquête pour « homicide » a été ouverte, ajoute le comité, chargé des principales investigations criminelles dans le pays.

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Le véhicule appartenait à Alexandre Douguine

Un proche de la jeune femme de 29 ans, Andreï Krasnov, a confirmé sa mort à l’agence de presse TASS. Il a précisé que le véhicule appartenait au père de la jeune femme, lequel aurait été la cible première de cette attaque.

« C’était le véhicule de son père. [Daria] avait une autre voiture, mais elle a pris celle de son père aujourd’hui, pendant qu’Alexandre se rendait ailleurs. Il est revenu, il était sur les lieux de la tragédie. D’après ce que j’ai compris, Alexandre ou probablement tous les deux étaient la cible », a déclaré M. Krasnov. Des images, qui n’ont pas pu être vérifiées, semblent montrer Alexandre Douguine, la tête dans les mains, se tenant devant le véhicule en flammes.

Le père et la fille venaient de participer à un festival culturel, près de Moscou. Selon des médias russes citant des témoins, ils devaient rentrer ensemble de cet événement, mais M. Douguine aurait décidé de prendre la route seul au dernier moment.

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Alexandre Douguine, 60 ans, cible depuis 2014 de sanctions américaines et de l’Union européenne, plaide de longue date pour l’annexion par Moscou des territoires dans lesquels vivent des populations russophones. Il est également un promoteur de la doctrine « eurasiste », une sorte d’alliance entre l’Europe et l’Asie sous la direction de la Russie et influence une partie de l’extrême droite française.

Fière d’être sanctionnée par l’Occident

Ces dernières années, l’Ukraine a interdit plusieurs de ses ouvrages, notamment Ukraine. Ma guerre. Journal géopolitique et Revanche eurasiatique de la Russie. L’influence du théoricien nationaliste auprès du président russe se serait toutefois réduite ces derniers mois, selon certains experts.

Daria Douguina était, quant à elle, journaliste et analyste politique, selon le communiqué des enquêteurs russes. Elle a, à plusieurs reprises, soutenu l’invasion de l’Ukraine par Moscou et a été sanctionnée, plus tôt cette année, par les autorités britanniques et américaines pour « désinformation » en ligne en lien avec la guerre en Ukraine. La BBC rappelle ainsi qu’elle avait décrit cette dernière comme un « conflit de civilisations » dans un entretien et s’était déclarée fière de figurer parmi les personnes sanctionnées par l’Occident.

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Aucun suspect n’a été identifié dans l’immédiat et personne n’a revendiqué l’attaque. Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak, a nié toute implication de l’Ukraine dans l’explosion. « L’Ukraine n’a sans aucun doute rien à voir avec l’explosion d’hier, parce que nous ne sommes pas un Etat criminel », a-t-il affirmé au cours d’un entretien à la télévision.

Le président de la république autoproclamée de Donetsk, Denis Pouchiline, a fustigé sur Telegram d’« abjectes crapules », accusant directement des « terroristes du régime ukrainien ». Sur le même réseau, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a estimé que « si la piste ukrainienne se confirm[ait] (…), il s’agira[it] de la politique du terrorisme d’Etat mise en place par le régime de Kiev ».

Le Monde avec AP et AFP

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