Dans son discours, Macron déconfine mais remet les “jours d’après” à demain – Le HuffPost

POLITIQUE – “Nous allons retrouver pleinement la France”. C’est avec l’intention de “tourner la page du premier acte” de la crise du coronavirus qu’Emmanuel Macron s’est adressé aux Français ce dimanche 14 juin. L’occasion pour le chef de l’État d’annoncer le passage en “zone verte” de l’ensemble du territoire (à l’exception de Mayotte et de la Guyane) ainsi que la réouverture de toutes les crèches, écoles et collèges

L’occasion -surtout- de jeter les bases des “jours d’après”, puisque l’objet de cette adresse à la Nation était de se projeter dans l’après covid-19. Et sur cet aspect, difficile de savoir ce qu’il en sera vraiment. À défaut d’annonces fracassantes, Emmanuel Macron a seulement évoqué des pistes qui devront répondre à la  “première priorité” qu’il s’est fixé: la reconstruction d’une ”économie forte, écologique, souveraine et solidaire”.  

Des pistes, seulement des pistes 

Seule certitude, la relance ne se fera pas “en augmentant les impôts” (comprendre, en rétablissant l’ISF) mais en se retroussant les manches. “La seule réponse est de bâtir un modèle économique durable, plus fort, de travailler et de produire davantage pour ne pas dépendre des autres”, a déclaré Emmanuel Macron, semblant rejoindre la position initiale du Medef, pourtant écartée par le gouvernement durant le confinement. 

Macron refuse d’augmenter les impôts, la France devra “travailler davantage”

Souhaitant la mise en place d’un “pacte productif” axé notamment sur “l’indépendance” du système français, le locataire de l’Élysée a cité plusieurs pistes, allant d’un “plan de modernisation du pays autour de la rénovation thermique de nos bâtiments” au “soutien aux industries vertes” en passant par des “relocalisations” sans en préciser les conditions. Des annonces abstraites et non chiffrées accompagnées d’une nouvelle étape de décentralisation.

“Je veux ouvrir pour notre pays une page nouvelle donnant des libertés et des responsabilités inédites à ceux qui agissent au plus près de nos vies. Liberté et responsabilité pour nos hôpitaux, nos universités, nos entrepreneurs, nos maires et beaucoup d’autres acteurs essentiels”, a lancé le chef de l’État, sans en dire plus sur les contours que pourrait prendre cette réforme. Même impression de flou s’agissant les “décisions fortes” promises pour renforcer “l’égalité des chances” contre le racisme. Et pour cause, Emmanuel Macron se donne encore du temps avant de trancher ces questions et a donné rendez-vous aux Français au mois de juillet, “pour préciser ce nouveau chemin, lancer les premières actions”. 

“Où est le plan de rebond attendu?”

Ce qui, immanquablement, a laissé un goût d’inachevé chez plusieurs responsables de l’opposition. “Macron devait se ‘réinventer’, c’est raté. Nous ne voulons pas d’un Président qui se regarde dans un miroir mais qui regarde l’avenir. Où est le plan de rebond attendu? Les réponses à la jeunesse? Les mutations engagées? On ne peut pas être en retard d’une crise à chaque fois!”, a réagi le premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure. De son côté, Jean-Luc Mélenchon s’est félicité d’avoir refusé les invitations en plateau pour commenter le discours présidentiel. “J’ai eu du nez. Je n’ai pris aucune invitation télé ce soir et demain. Bon courage aux camarades pour commenter ce bavardage gluant”, a ironisé le leader de la France insoumise.   

Des critiques que l’on entend également sur les bancs de la droite. “De grandes ambitions mais seule compte la réalité des faits. La politique est d’abord un art de l’exécution. Nous attendions des annonces fortes et concrètes, nous n’avons eu qu’un rendez-vous en juillet”, a commenté la députée LR et vice-présidente de l’Assemblée nationale Annie Genevard. “Macron jaloux de son Premier ministre fait les annonces positives à sa place. Pour le reste du en même temps stérile et un déni surréaliste sur le bilan sanitaire dramatique de la France dans cette crise”, a renchéri Éric Ciotti, rappelant que tout ce qui était lié au calendrier du déconfinement était jusque-là annoncé par Édouard Philippe. 

Toujours à droite, Éric Woerth prend acte des orientations annoncées par le chef de l’État, mais attend de voir ce qu’il en sera juillet. “Il va falloir passer des idées générales à la concrétisation courageuse, fin du chômage partiel, écoles obligatoires, décentralisation et déconcentration, égalité des chances”, a-t-il prévenu. Car Emmanuel Macron a très souvent promis de se réinventer face à l’adversité, comme lors de la crise des gilets jaunes, où il était déjà question de décentralisation et de promesses de nouvelles approches. Rendez-vous est donc pris en juillet pour entrer pleinement dans les “jours d’après”. 

À voir également sur Le HuffPost: Retrouvez l’intégralité de l’allocution d’Emmanuel Macron de ce dimanche 14 juin 

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