Covid-19 : pourquoi le gouvernement accélère-t-il sa campagne de vaccination ? – franceinfo

“Accélérer encore”, a répété Jean Castex. D’abord prévue pour le 15 juin, l’ouverture officielle de la vaccination contre le Covid-19 à tous les adultes aura finalement lieu le 31 mai, a annoncé le Premier ministre, jeudi 20 mai. Les professions prioritaires – enseignants, policiers, gendarmes, caissières ou conducteurs de bus – y auront droit une semaine avant, dès lundi 24 mai.

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En début de mois, Emmanuel Macron avait annoncé que le gouvernement souhaitait enclencher la “marche forcée”. Pourquoi cette accélération ? Franceinfo vous explique.

Pour réussir le déconfinement

Objectif affiché : “retrouver progressivement une vie normale”. Les Français pourraient passer “un été tranquille” si le nombre des cas était en dessous de 5 000 au 15 juin, a estimé vendredi sur BFMTV Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique. “On basculerait vraiment dans une nouvelle ère de l’épidémie”, a-t-il déclaré. Pour y arriver, “il faut atteindre les 60% de vaccinés de la population générale”, a-t-il estimé.

Avec son plan de déconfinement en plusieurs étapes, le gouvernement est sous pression. Il espère que la vaccination évitera de répéter le scénario de 2020 : un été insouciant suivi d’une reprise de l’épidémie à la rentrée et à l’automne. “Les chiffres aujourd’hui sont bons, la baisse [des indicateurs de l’épidémie] est nette. (…) Après, ceci se passe dans des conditions où tout n’est pas encore rouvert, où le brassage social reste quelque peu limité, et il n’y a que dans une huitaine de jours, après la réouverture et l’augmentation du brassage qu’on verra si cette baisse d’incidence va continuer”, avertit Christian Rabaud, infectiologue et président de la Commission médicale d’établissements du CHRU de Nancy, auprès de franceinfo.

Le personnel hospitalier craint en effet un “relâchement” des comportements après la réouverture des terrasses, cinémas et musées et avant de nouvelles levées de restrictions. “Sentiment mitigé quand je vois les gens heureux de se retrouver en terrasse mais vraiment très proches les uns des autres. Tiendra-t-on ainsi ?” s’est interrogé sur Twitter le président de la commission médicale des Hôpitaux de Paris, Rémi Salomon. La cadence de la vaccination porte donc un enjeu crucial pour le gouvernement.

Parce que les doses s’accumulent

Cette “accélération forte” est aussi “permise par le fait que nous allons recevoir beaucoup de doses d’ici la fin du mois de juin, donc il faut que nous ayons un taux de vaccination le plus élevé possible”, a justifié Jean Castex lors d’un déplacement jeudi dans un centre de vaccination en Seine-Saint-Denis. Plus tôt, le chef de l’Etat avait invité à “ne pas [gâcher] quelque dose que ce soit”.

Une hausse marquée des livraisons depuis début avril a en effet déjà permis d’augmenter significativement le nombre de doses administrées : le rythme quotidien d’injections a plus que doublé par rapport à la mi-mars (alors à 200 000 injections quotidiennes). D’ici à la fin juin, la France doit recevoir plus de 23 millions de doses, soit quasiment autant que le nombre de doses reçues depuis mi-mars.

Parce que la population veut être vaccinée

Des centaines de milliers de jeunes cherchent à se faire vacciner, note également Le Parisien. Un élan qu’il ne faut pas briser. Pour “empêcher presque complètement la circulation du virus” et “retourner vers une vie plus normale”, “on a besoin que les jeunes personnes aient envie de se faire vacciner (…) pour qu’on atteigne cette immunité de population”, a expliqué à franceinfo Marie-Paule Kieny, vaccinologue et présidente du comité scientifique sur les vaccins contre le Covid-19. “Sur Doctolib, la part de prises de rendez-vous de vaccination par les moins de 40 ans est en nette augmentation”, écrit le Parisien.

En outre, le nombre de Français réticents recule, selon un baromètre du Cevipof pour Le Monde. Le panel interrogé compte 20% de “vaccino-sceptiques” soit 10 points de moins qu’au moment de sa précédente publication, trois mois plus tôt. Et 65% des Français sondés pour ce baromètre déclarent vouloir se faire vacciner ou avoir déjà reçu une dose, en hausse de 16 points. Selon un autre sondage, mené par Odoxa et rapporté par France Bleu fin avril, en Ile-de-France, 78% des sondés veulent être vaccinés.

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