Coronavirus: Emmanuel Macron promet un «plan massif» pour l’hôpital après la crise – Le Figaro

S’afficher comme le général au milieu de ses troupes. C’est l’image qu’Emmanuel Macron a voulu envoyer aux Français en se rendant à Mulhouse, l’un des foyers les plus virulents de l’épidémie. Une ville murée dans l’angoisse. Le Grand Est enregistre une vague de plus de 400 morts et de près de 3 000 hospitalisations. Mais en se déplaçant une nouvelle fois, après des visites à l’Institut Pasteur ou dans un centre accueillant des SDF à Paris ou encore à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le chef de l’État prend le risque de brouiller le message de confinement, le fameux «Restez chez vous». Sans compter les risques pris pour sa propre santé. «Le chef de l’État n’a pas besoin d’un masque dès lors qu’il respecte la distance de protection par rapport aux autres, a rappelé la porte-parole du gouvernement Sibeth N’Diaye, à la sortie du Conseil des ministres. Le port du masque n’est pas utile pour la population générale, quand on n’est ni un soignant ni un malade. Il n’y a donc pas de raison qu’il déroge aux prescriptions données à l’ensemble de la population.»

Il n’empêche, ce mercredi après-midi, sur le parking de l’hôpital de Mulhouse où des tentes médicalisées ont été dressées pour installer le premier «élément militaire de réanimation», le chef de l’État arbore un masque FFP2. Le plus protecteur. Un symbole fort qui marque une nouvelle étape de dramatisation dans la communication officielle.

Emmanuel Macron prend des précautions nouvelles – sans pour autant arborer la tenue de quasi-cosmonaute adoptée récemment par Vladimir Poutine. La délégation qui l’accompagne est réduite au maximum. Pas de ministres avec lui. Une poignée à peine de conseillers, dont le chef d’état-major particulier, l’amiral Rogel.

La situation est inédite, c’est du jamais vu, le système est submergé

Un urgentiste à Macron

«La situation est inédite, c’est du jamais vu, le système est submergé», explique un urgentiste au président, pendant un échange. «Le flux des malades ayant besoin de réanimation est sans fin. On pourrait remplir une «réa» classique tous les jours», poursuit, effaré, un autre. Autour de la table, on trouve également des responsables de maisons de retraite et des élus comme le président de la région, Jean Rottner, ou le sénateur Jean-Marie Bockel. «Je mesure ce que vous êtes en train de vivre comme stress, comme charge de travail, leur lance le chef de l’État. Avant d’ajouter: «Vous avez beaucoup de courage, merci de vous battre avec force et détermination. La nation est derrière vous

29.000 tests par jour

Voilà pour les belles paroles – «cela fait du bien au moral des troupes», glisse toutefois ensuite un urgentiste. Mais les soignants attendent surtout une aide concrète. Justement, le président annonce qu’il y aura désormais 29.000 tests par jour, en particulier à destination des soignants et des Ehpad. Une accélération notable. Un numéro de soutien psychologique pour les médecins et les infirmiers est mis en place.

Puis, hors caméras, Emmanuel Macron visite le centre médical militaire – il ne sera pas rentré en revanche dans le CHU. Ces tentes sont en appui de l’hôpital voisin. Sa capacité totale est de 30 lits. En sortant, le président se lave les mains au gel hydroalcoolique. Puis, prend la parole solennellement devant une tente militaire, dans une scénographie martiale.

«Je veux saluer la mémoire des soignants qui ont payé de leur vie leur engagement, commence-t-il. Lorsqu’on s’engage dans une guerre, on se mobilise tout entier.» Et d’en appeler les Français à faire «bloc». «Je vois les facteurs de division, les doutes» et «toutes celles et ceux qui voudraient fracturer le pays», se lamente-t-il. Mais il faut rester «unis», «sans céder à la division», exhorte-t-il. Puis, après avoir souligné l’abnégation des soignants, il promet un «plan massif d’investissement et de revalorisation des carrières» pour l’hôpital, une «réponse profonde et dans la durée».

Parallèlement, le chef de l’État annonce le lancement d’une «opération Résilience», calquée sur le modèle de «l’opération Sentinelle», mobilisant l’armée. Ce nouveau dispositif sera «entièrement consacré à l’aide et au soutien aux populations dans les domaines sanitaires, logistiques et de la protection.» Par ailleurs, deux porte-hélicoptères seront déployés au large des Antilles et dans l’Océan indien. Un discours aux airs de mobilisation générale: «Chaque citoyen a un rôle à jouer».

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