A Paris, au cœur des défilés, la colère contre le passe sanitaire, la haine contre Emmanuel Macron – Le Monde

Plusieurs milliers de manifestants hostiles au passe sanitaire réunis place du Trocadéro à Paris, samedi 24 juillet.

« Liberté », « Ne touchez pas à nos enfants », « Nous ne sommes pas des cobayes », « Macron démission » : derrière des slogans en commun contre le passe sanitaire et la politique vaccinale du gouvernement face au Covid, des manifestants aux profils extrêmement variés ont défilé samedi 24 juillet à Paris dans plusieurs rassemblements distincts réunissant 11 000 personnes au total, selon la police.

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Dans les cortèges parisiens, entre Marseillaise et chant de l’Internationale, des gilets jaunes, des sympathisants de la France insoumise, des militants d’extrême droite mais aussi des antivaccins, des défenseurs de causes diverses, des employés inquiets des risques de licenciements s’ils refusent de se faire vacciner ou des jeunes mobilisés pour la première fois ont exprimé leur inquiétude, leur colère contre le gouvernement et, souvent, avec des mots violents, leur haine vis-à-vis d’Emmanuel Macron.

Lors de la manifestation contre l'instauration d'un passe sanitaire place du Trocadero à Paris, samedi 24 juillet.

Au milieu des gilets jaunes, Stéphane V., 50 ans, informaticien à Paris, exprime une rage immense et très profonde. Il est convaincu que la France est entrée en dictature. « C’est hors de question de laisser faire », dit ce père de trois enfants, venu accompagné de son fils. « Vous imaginez qu’ils pourront licencier quelqu’un qui n’est pas vacciné ! », doute-t-il, alors que le projet de loi du gouvernement, en cours d’examen au Parlement, fait du refus, à long terme, de présenter un passe sanitaire, un motif de licenciement pour les professions concernées. Parce qu’il faut « nourrir sa famille », Stéphane a reçu sa première dose le 19 juillet – après les annonces d’Emmanuel Macron. Il fera la suivante le 19 août mais le vit très mal, parce qu’il n’a pas le choix. Ses mots sont violents – publiés, ils seraient probablement passibles de poursuites pour incitation au meurtre. Son fils pose la main sur son bras pour qu’il crie un peu moins fort. Sans succès. « Il (Emmanuel Macron) nous oblige à aller dans la rue, on ne lâchera pas », dit cet homme pour qui Mélenchon défend la meilleure politique.

Défiance et refus de la « surveillance »

Un peu plus loin dans la foule, qui insulte régulièrement les policiers et les gendarmes (« Putes à Macron »), Eliane Duhec, 70 ans, retraitée de l’assistance publique où elle était secrétaire médicale, s’insurge contre ce qu’elle considère être des atteintes à la démocratie. « On imagine toujours que la liberté est un acquis mais elle est mise à mal. Le passe, c’est une privation de liberté pour une partie de la population ». Originaire de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), elle est venue manifester avec sa fille, âgée de 38 ans, sous une pancarte « Au nom de tous les résistants morts pour la liberté, soyons dignes ». Soutien des gilets jaunes depuis le début, militante de la cause animale, elle affirme ne rien vouloir lâcher. « On maltraite les animaux de façon industrielle et on finit par nous traiter de la même manière », assène-t-elle. « On a perdu toute confiance dans les politiques », ajoute sa fille, diplômée d’un master, salariée dans le secteur de l’écologie. Même défiance vis-à-vis des médias, perçus comme des outils de propagande que la mère et la fille contournent en s’informant sur Youtube. Toutes les deux se disent convaincues que des traitements existent contre le Covid mais que, pour des raisons d’intérêt économique, ils auraient été empêchés.

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