Coronavirus : «Comme en temps de guerre, l’Italie vit un double choc pour son économie» – Le Parisien

Par Edoardo Secchi, PDG d’Italy-France Group.

FACEBOOK/Edoardo Secchi
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« Le gouvernement italien s’est réuni en début de semaine et a annoncé la fermeture immédiate des écoles et des universités italiennes jusqu’à mi-mars en attendant une étude approfondie sur l’évolution de l’infection. Il s’agit d’une décision visant à contenir la propagation du virus qui a initialement frappé la Lombardie, puis s’est propagé dans les régions de la Vénétie et de l’Emilie-Romagne. Comme en temps de guerre, l’Italie est en train de vivre un double choc pour son économie : les magasins, cinémas et théâtres sont à moitié vides. Le tourisme, les entreprises publiques et les transports ont cessé — ou presque — de fonctionner et les usines doivent faire face à des employés absents et des difficultés de gestion de leurs stocks, les chaînes d’approvisionnement étant interrompues. Le gouvernement a promis des mesures d’aides à destination de tous les secteurs touchés, avec une enveloppe totale de 3,6 milliards d’euros. Un crédit d’impôt devrait ainsi être accordé à ceux qui ont perdu plus de 25 % de leur chiffre d’affaires.

Depuis plusieurs semaines, le moteur de l’économie italienne tourne au ralenti. La Lombardie, la Vénétie et l’Emilie-Romagne représentent en effet 40,1 % du PIB national et 50 % des exportations totales. Avec la région du Piémont et de la Ligurie, elles comptent pour la moitié du PIB et des recettes fiscales. Il en découle que toute l’économie du pays risque de payer un prix très élevé. Selon les prévisions, le PIB pourrait perdre entre 9 et 27 milliards d’euros, soit une baisse de 1 % à 3 %.

En Italie, le secteur du tourisme pèse pour 146 milliards d’euros : un chiffre égal à 12 % du PIB, généré par une chaîne de 216 000 établissements d’hébergement et 12 000 agences de voyages. Confturismo estime qu’entre le 1er mars et la fin mai le pays devrait perdre 31,6 millions de touristes, soit un manque à gagner de 7,4 milliards d’euros.

Autre secteur à faire les frais de cette crise : le commerce international. Les ventes hors des frontières des provinces touchées par le coronavirus (Lodi, Crémone, Pavie, Bergame, Milan, Monza, Sondrio, Padoue, Venise, Trévise, Plaisance, Parme, Modène et Rimini) représentent 138 milliards d’euros sur un volume d’exportations total de 465 milliards d’euros. Les conséquences pour l’économie mondiale sont imprévisibles et pourraient être très lourdes. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a déjà revu à la baisse la croissance mondiale pour 2020, estimée jusque-là à 2,9 % : l’organisme international souligne que, si l’épidémie venait à être plus longue et plus virulente, la croissance pourrait se réduire de moitié et stagner à 1,5 %.

Selon l’agence de notation américaine Standard & Poor’s, la croissance dans la zone euro sera de 0,5 %, contre 1 % attendu. L’Allemagne connaîtra une croissance nulle, tandis que l’Italie pourrait perdre 0,3 %. Toujours en Italie, 10 % des entreprises risquent la faillite si le blocus des activités économiques est maintenu.

Et chez ses partenaires européens, touchés à leur tour par l’épidémie, les conséquences sont tout aussi désastreuses. Si la plupart des groupes français ont d’ores et déjà suspendu leurs missions en Italie du Nord, près de 2000 entreprises françaises sont installées sur le sol italien, dont une bonne partie dans les territoires à risque. Cela réduit leur capacité productive et les obligera inévitablement à revoir leurs objectifs pour cette année. La France est le deuxième client de l’Italie, avec une part de marché de 10,5 %, et son deuxième fournisseur, avec une part de marché de 8,6 %. Autant dire que les secteurs de la mécanique, de l’automobile, de l’agroalimentaire et de la mode risquent de tousser. »

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