Comment un affront infligé à Ursula von der Leyen en Turquie a provoqué une controverse en Europe – franceinfo
Deux fauteuils pour trois. Sur des images tournées mardi 6 avril à Ankara, en Turquie, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, apparaît placée en retrait sur un divan lors de la réunion des présidents des institutions de l’UE avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Le président du Conseil européen, Charles Michel, et le président turc s’étant calés dans les deux fauteuils préparés pour la réunion, l’ancienne ministre allemande de la Défense, un peu désemparée, a d’abord cherché où s’installer avant d’opter pour le divan.
European Commission President Ursula von der Leyen was taken aback to find her fellow top EU official taking the only chair available next to Turkish President Tayyip Erdogan when the duo visited Ankara, her spokesman said https://t.co/Sx4qB0SYyk pic.twitter.com/G6aZrh3hzm
— Reuters (@Reuters) April 7, 2021
Cet affront infligé à Ursula von der Leyen a semé la controverse jusqu’à Bruxelles, mercredi 7 avril. Et pour cause, “les présidents des deux institutions ont le même rang protocolaire”, a soutenu le porte-parole d’Ursula von der Leyen, tandis que le Conseil européen faisait savoir que son président avait la préséance sur la Commission pour le protocole international.
“La présidente von der Leyen a été surprise. Elle a décidé de passer outre et de donner la priorité à la substance. Mais cela n’implique pas qu’elle n’accorde pas d’importance à l’incident”, a commenté son porte-parole, Eric Mamer. “Madame von der Leyen attend d’être traitée selon les règles protocolaires et elle a demandé à ses services de faire en sorte que ce genre d’incident ne se répète pas à l’avenir, a-t-il ajouté. Il revient aux autorités turques, en charge de la rencontre, d’expliquer pourquoi il a été offert ce type de siège à madame von der Leyen.”
Surtout, l’incident intervient à un moment diplomatique délicat, alors que les Européens ne cachent pas leurs inquiétudes face aux violations des droits fondamentaux en Turquie, et notamment la décision du président Erdogan de quitter la convention d’Istanbul sur la prévention de la violence contre les femmes et les enfants. “Je suis profondément inquiète du fait que la Turquie se soit retirée de la convention d’Istanbul”, a ainsi lancé Ursula von der Leyen à l’issue de cette réunion. “Il s’agit de protéger les femmes et les enfants contre la violence, et c’est clairement le mauvais signal en ce moment.”
“D’abord, ils se retirent de la convention d’Istanbul et maintenant ils laissent la présidente de la Commission européenne sans siège lors d’une visite officielle. C’est honteux. #WomensRights”, s’est insurgée la présidente du groupe socialiste au Parlement européen, l’Espagnole Iratxe Garcia Perez, dans un message sur son compte Twitter.
First they withdraw from the Istambul Convention and now they leave the President of European Commission without a seat in an official visit. Shameful. #WomensRights pic.twitter.com/p5Z4AHuHjK
— Iratxe Garcia Perez/♥️ (@IratxeGarper) April 6, 2021
Charles Michel n’a pas été épargné par les critiques. Une eurodéputée libérale néerlandaise s’est ainsi demandé pourquoi le président du Conseil était resté “silencieux” alors que sa collègue se retrouvait sans siège.