Comment le journaliste Olivier Dubois a été enlevé au Mali – Le Monde

Capture d’écran du journaliste français basé au Mali Olivier Dubois, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux dans la nuit du 4 au 5 mai.

C’est à Gao, au nord du Mali, une de ces villes plantées au milieu du désert, voilée par la poussière, le sable, et bordant le fleuve Niger, qu’Olivier Dubois a été enlevé, le 8 avril. Ce journaliste français indépendant de 46 ans, qui travaillait habituellement pour Le Point Afrique et Libération, serait désormais aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), branche locale d’Al-Qaida, selon une vidéo diffusée dans la nuit du 4 au 5 mai sur les réseaux sociaux.

Après plusieurs semaines d’incertitude, le ministère français des affaires étrangères a brisé le silence, mercredi 5 mai au matin, et officialisé ce que son entourage et tous les bons connaisseurs de la zone sahélienne redoutaient. « Nous confirmons la disparition au Mali d’Olivier Dubois. Nous sommes en contact avec sa famille ainsi qu’avec les autorités maliennes. Nous procédons aux vérifications techniques d’usage », a indiqué le Quai d’Orsay. Sept mois après la libération de l’humanitaire Sophie Pétronin, en octobre 2020, la France compte donc un nouvel otage dans le monde.

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Comment Olivier Dubois s’est-il retrouvé dans cette situation ? Que s’est-il passé entre le 8 avril et la diffusion de cette vidéo de vingt et une secondes tournée sous une tente, à la localisation inconnue, où notre confrère apparaît assis en tailleur, récitant un court message face caméras dans lequel il appelle notamment « [s]a famille, [s]es amis et les autorités françaises » à faire « tout ce qui est en leur pouvoir » pour le libérer ? Les éléments à ce sujet sont parcellaires. Le Monde a pu reconstituer une partie de son itinéraire.

Solide carnet d’adresses

Installé au Mali depuis six ans, Olivier Dubois est un journaliste passionné, avec un solide carnet d’adresses, y compris dans les cercles djihadistes. C’est dans ce cadre qu’il avait proposé à Libération, avec qui il collaborait depuis un an, d’interviewer un chef du GSIM, à Gao. « L’homme qu’il voulait rencontrer, Abdallah Ag Albakaye, est un lieutenant de l’organisation islamiste armée, intermédiaire dans la hiérarchie, actif dans la zone de Talataye », a fait savoir mercredi Libération. Le quotidien avait néanmoins refusé l’interview, la jugeant trop risquée.

Olivier Dubois n’en était pas à son premier article du genre. Début avril, il avait publié, sur Le Point Afrique, un entretien avec Youssouf Toloba, le chef de la milice d’autodéfense Dogon du nom de Dan Na Ambassagou. L’organisation, qui se dit en guerre contre la nébuleuse djihadiste sévissant au centre du Mali, est surtout accusée d’avoir commis des massacres de civils peuls dans la région. Les Peuls sont régulièrement accusés d’être complices des djihadistes, en l’occurrence de la katiba Macina, dirigée par le prédicateur peul Amadou Koufa.

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