“C’était un soulagement énorme” : comment l’Accord de Paris sur le climat est devenu historique lors de la COP – franceinfo

À l’occasion de la journée mondiale du climat, samedi 12 décembre, l’ONU organise un sommet mondial pour rappeler l’urgence climatique. Une conférence virtuelle, pandémie oblige, qui intervient cinq ans, jour pour jour, après l’Accord de Paris sur le climat qui demandait à tous les pays de limiter le réchauffement climatique en dessous de deux degrés d’ici la fin du siècle. Ce texte fut conclu après de tumultueuses négociations, notamment avec les Américains et les Chinois.

Le 12 décembre 2015, en début de soirée, Laurent Fabius, président de la COP21 monte à la tribune sourire aux lèvres : “L’Accord de Paris pour le climat est accepté.” Paul Watkinson fait partie de la délégation française et suit depuis 20 ans les négociations climat. Il se souvient de ce moment d’émotion.”À la fin, c’était un soulagement énorme. C’était un moment très intense, tout le monde debout dans la salle…” Laurent Fabius s’apprête alors à abaisser un petit marteau en forme de feuille, symbole de la ratification de l’accord : “C’est un petit marteau, mais je pense qu’il peut faire de grandes choses”, lance-t-il à l’assemblée.

Avant ce petit coup de marteau vert, le suspens a duré jusqu’au bout, se souvient Paul Watkinson : “On a même eu, le dernier jour, un raté dans le texte avec comme mot, un ‘shall’ plutôt qu’un ‘should’, un ‘doit’, plutôt qu’un ‘devrait’. Il y avait une force juridique trop importante pour les Américains.”

Mais cet accord, bien que durement signé, n’est pas suffisant. Il faut que les pays fassent plus pour le climat et dès l’année suivante, à la COP22 de Marrakech, l’annonce de l’élection de Donald Trump assombri le ciel des négociations, le président américain ayant fait du retrait de l’Accord de Paris un argument de campagne. “Je présidais une réunion ce jour-là et la déléguée américaine est entrée dans la salle en pleurs, raconte Paul Watkinson. Mais à Marrakech, il y a quand même eu tout de suite un rebond de l’ensemble de la communauté internationale. Les Américains allaient peut-être en sortir, ce qui ne voulait pas dire que le reste de la communauté internationale allait faire défection.”

Pour Lucile Dufour, porte-parole du Réseau Action Climat, cinq ans après l’Accord de Paris, le compte n’y est toujours pas. “Heureusement, il s’est passé quelque chose entre 2015 et 2020, du bien comme du moins bien. Et cela illustre sûrement le paradoxe de cette période.”

D’un côté, on a vu émerger un mouvement citoyen, notamment sans précédent sur les questions climatiques et en même temps, on a vu des gouvernements pâtiner.

Lucile Dufour, Réseau Action Climat

à franceinfo

“Ces gouvernements ont augmenté un peu la production d’énergies renouvelables mais continué à maintenir sous perfusion une industrie, par exemple des énergies fossiles, le gaz, le charbon, le pétrole, qui continuent à être subventionnés à des centaines de milliards de dollars à l’échelle internationale”, déplore Lucile Dufour.

Cette année en raison de la pandémie, il n’y a pas de conférence climat avec des milliers de délégués du monde entier mais une visioconférence de chefs d’État : un moment plus politique pour montrer que le réchauffement climatique fait aussi partie de leur préoccupation.

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