CARTE. Guerre en Ukraine : sanctions contre la Russie, frappes sur Zaporijjia… Le point au 225e jour – Ouest-France

Volodymyr Zelensky a réclamé jeudi 6 octobre devant les dirigeants européens réunis en sommet à Prague de poursuivre l’aide militaire à Kiev afin que « les chars russes n’avancent pas sur Varsovie ou encore sur Prague ». « Il faut punir l’agresseur », a-t-il lancé, sept mois après le début de l’invasion russe en Ukraine.

Sur le front diplomatique, l’UE a approuvé de son côté une huitième série de sanctions contre Moscou.

Voici un point de la situation jeudi 6 octobre 2022 au 225e jour de la guerre.

Carte de l’Ukraine au 225e jour de conflit. | SERVICE INFOGRAPHIE OUEST-FRANCE

Nouvelles sanctions contre la Russie

L’Union européenne (UE) a imposé de nouvelles restrictions commerciales à la Russie et allongé la liste des personnes visées par des gels d’avoirs et des interdictions de voyage dans l’UE, dans le cadre d’un huitième paquet de sanctions contre Moscou entré en vigueur jeudi.

Ces nouvelles mesures, publiées au Journal officiel de l’UE, sont une « riposte à l’escalade de la Russie dans la guerre illégale qu’elle continue de livrer à l’Ukraine, qu’illustrent notamment l’annexion de territoires ukrainiens à l’issue de simulacres de “référendums”, la mobilisation de troupes supplémentaires et la menace de l’arme nucléaire ouvertement brandie », précise la Commission européenne.

Elles préparent aussi la mise en œuvre du plafonnement des prix du pétrole russe convenu par le G7, et prévoient une interdiction pour les ressortissants de l’UE d’occuper un poste au sein des organes de direction de certaines entreprises détenues par l’État russe.

Des conscrits russes disent au revoir à leurs proches, pendant la mobilisation militaire partielle décrétée par Vladimir Poutine, en Russie, le 6 octobre 2022. | EPA-EFE / MAXIM SHIPENKOV

Ce train de sanctions de l’UE, le 8e depuis la guerre déclenchée par Moscou en Ukraine le 24 février, instaure pour 7 milliards d’euros de nouvelles interdictions d’importation, afin de réduire les revenus de la Russie.

Elles comprennent notamment un embargo sur les importations de produits sidérurgiques, de machines et d’appareils, de matières plastiques, de véhicules, de textiles, de chaussures, de cuir, de céramique, de certains produits chimiques et de bijoux autres qu’en or.

Les nouvelles restrictions à l’exportation visent à réduire la capacité de la Russie à développer son secteur de la défense et de la sécurité. Une interdiction d’exporter des armes de petit calibre est également prévue.

400 km2 repris dans la région de Kherson

L’Ukraine a indiqué avoir repris en moins d’une semaine plus de 400 km2 de territoires occupés par la Russie dans le Sud du pays, où les troupes russes affirment avoir repoussé les dernières tentatives de briser leur défense.

« Les forces armées ukrainiennes ont libéré plus de 400 km2 de la région de Kherson depuis le début du mois d’octobre », a indiqué la porte-parole du commandement militaire dans le Sud, Natalia Goumeniouk, chiffrant pour la première fois les avancées ukrainiennes.

Des habitants de Kapytolyvka rentrent chez eux, à l’est d’Izioum, dans l’Oblast de Kharkiv, en Ukraine, le 6 octobre 2022. | EPA-EFE / ATEF SAFADI

L’armée de Moscou a, elle, assuré dans son rapport quotidien que « l’ennemi a été repoussé de la ligne de défense des troupes russes » dans cette même région.

Selon elle, les forces ukrainiennes ont déployé quatre bataillons tactiques sur ce front, soit plusieurs centaines d’hommes, et « tenté à plusieurs reprises de percer les défenses » russes près de Doudtchany, Soukhanové, Sadok et Brouskinskoïé.

Après avoir repris l’essentiel de la région de Kharkiv, dans le Nord-Est, l’armée ukrainienne est à l’offensive dans l’Est du pays, où elle a repris récemment le nœud ferroviaire de Lyman, et dans le Sud, où elle vise la capture de la ville de Kherson.

L’ambassadeur français convoqué par la Russie

La Russie a convoqué l’ambassadeur français, Pierre Lévy, au ministère des Affaires étrangères à Moscou pour protester contre les livraisons d’armes à l’Ukraine, au moment où Kiev a repris des territoires avec l’aide de ces armements.

« La partie russe a souligné les dangers qu’entraîne l’augmentation des livraisons d’armes et de matériel au régime de Kiev, ainsi que l’intensification des programmes d’entraînement pour la formation de militaires ukrainiens », a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué.

Lire aussi : La Russie convoque l’ambassadeur français à cause des livraisons d’armes à l’Ukraine

« Cette ligne contredit les déclarations depuis Paris de responsables officiels qui disent vouloir un règlement pacifique en Ukraine », a ajouté cette source, précisant que l’ambassadeur français s’était entretenu avec un vice-ministre russe, Alexandre Grouchko.

Le 20 septembre déjà, Pierre Lévy s’était entretenu à Moscou avec Alexandre Grouchko. Dans un communiqué, la diplomatie russe avait alors jugé « inacceptable » la poursuite « du gavage de l’Ukraine avec des armes occidentales, dont françaises ».

Un mort et 7 blessés dans des frappes sur Zaporijjia

Au moins une personne a été tuée et sept autres blessées à la suite de bombardements sur la ville de Zaporijjia, dans le sud-est de l’Ukraine, ont déclaré les autorités locales, en accusant la Russie.

Zaporijjia, contrôlée par les Ukrainiens, est située dans la région du même nom, dont Moscou a revendiqué l’annexion, bien qu’elle n’en ait pas le contrôle total.

Elle se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord-est de la centrale nucléaire de Zaporijjia, que les Russes occupent militairement depuis début mars, et que Moscou et Kiev s’accusent mutuellement de bombarder depuis des mois.

Des mines antichars et des explosifs sont déclenchés par l’équipe de déminage d’urgence de la police nationale ukrainienne, près de la ville de Lyman, dans la région de Donetsk, le 6 octobre 2022. | YASUYOSHI CHIBA / AFP

Dans la ville, les frappes de jeudi ont éventré un pan entier d’un grand immeuble d’habitation, et des secouristes fouillaient les décombres à la main, à la recherche d’éventuelles victimes. De la fumée blanche s’échappait encore d’un imposant tas de gravats arrosé par les lances d’eau des pompiers.

« Une femme est morte » et une autre « a été sauvée » par les médecins, a précisé le gouverneur régional ukrainien, Oleksandre Staroukh, sur les réseaux sociaux. Il avait auparavant fait état de deux personnes tuées.

Sept personnes ont été blessées, dont un enfant de 3 ans, a-t-il ajouté, indiquant que le bilan pouvait encore évoluer.

Le Kazakhstan convoque l’ambassadeur russe

Le Kazakhstan a dit avoir convoqué l’ambassadeur russe en place dans ce grand pays d’Asie centrale pour une « conversation sérieuse », après que Moscou a exigé l’expulsion de son homologue ukrainien dans le pays.

« L’ambassadeur [russe] a été convoqué au ministère des Affaires étrangères pour une conversation sérieuse. Nous avons échangé sur la déclaration de la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, qui ne correspond pas à l’esprit d’un partenariat stratégique d’égal à égal », a affirmé la diplomatie kazakhe dans un communiqué.

Cette semaine, Maria Zakharova avait fustigé « avec un profond regret » que le Kazakhstan n’ait pas honoré sa promesse d’expulser l’ambassadeur ukrainien au Kazakhstan, Petro Vroublevskiï, qui avait appelé un peu plus tôt à « tuer » des Russes. Celui-ci s’est depuis excusé pour ces propos.

« Ça a été une conversation assez franche », a indiqué le ministère kazakh des Affaires étrangères.

La veille, le ministère avait dénoncé dans un communiqué les propos de Maria Zakharova, tout en reconnaissant « le caractère inacceptable » des commentaires faits par Petro Vroublevskiï.

Un accord a depuis été trouvé entre Kiev et Astana pour le rappel de Petro Vroublevskiï dans la capitale ukrainienne.

Pour l’AIEA, la centrale nucléaire de Zaporijjia est ukrainienne

L’Agence internationale de l’Énergie atomique considère la centrale nucléaire de Zaporijjia comme une installation ukrainienne, a déclaré le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi.

« Pour nous, il est évident qu’elle appartient à (l’opérateur ukrainien) Energoatom puisque c’est une installation ukrainienne », a déclaré Rafael Grossi lors d’une conférence de presse à Kiev, après avoir été reçu par le président Volodymyr Zelensky et avant de se rendre à Moscou.

Une photo distribuée par le service de presse présidentiel ukrainien montre Volodymyr Zelensky rencontrant le chef de l’AIEA Rafael Grossi, à Kiev, en Ukraine, le 6 octobre 2022. | EPA-EFE/UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE

« Nous continuons à dire ce qu’il faut faire, c’est-à-dire essentiellement éviter un accident nucléaire à la centrale, ce qui reste une possibilité très, très claire », a-t-il fait valoir, dénonçant aussi « les conditions presque insupportables » dans lesquelles travaille le personnel ukrainien de la centrale.

La Russie s’est emparée de la centrale en mars peu après le début de son invasion de l’Ukraine, tout en laissant l’exploitation du site à son personnel ukrainien. Le président russe Vladimir Poutine a ordonné mercredi par décret de transférer le contrôle de la centrale aux autorités russes et d’en faire une « propriété fédérale ».

La Norvège limiter l’accès de ses ports

Rare endroit en Europe où les bateaux de pêche russes peuvent encore débarquer, la Norvège a annoncé limiter leur accès et renforcer les contrôles pour éviter que la Russie ne s’en serve pour contourner les sanctions.

« Nous suivons de près les activités russes dans les eaux et les ports norvégiens pour éviter que la Norvège ne devienne un pays de transit pour transporter illégalement des biens vers la Russie », a déclaré la cheffe de la diplomatie norvégienne, Anniken Huitfeldt, lors d’une conférence de presse.

« Nous avons reçu de nouvelles informations qui font que nous devons resserrer la possibilité pour les navires de pêche russes de faire escale dans les ports norvégiens et accroître les contrôles », a-t-elle ajouté.

En pratique, les bateaux de pêche russes ne pourront plus faire escale qu’à Kirkenes et Båtsfjord, sur les rives de la mer de Barents, ainsi qu’à Tromsø, en bordure de la mer de Norvège. Les contrôles douaniers à bord des bateaux seront aussi intensifiés.

Si la raison principale est d’empêcher la Russie de contourner les sanctions occidentales qui l’empêchent d’importer de nombreux biens et marchandises, Oslo a précisé que sa décision s’inscrivait dans un contexte plus large de vigilance accrue autour de ses installations pétrogazières en mer et sur le littoral.

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