Président Trump, an IV : le poison du doute chez les républicains – Le Monde

La sénatrice républicaine Martha McSally de l’Arizona le 8 octobre à Phoenix.

C’est l’heure des regards fuyants, de la sueur froide qui remplace le sang froid, l’heure qui déchire les serments de loyauté. Le doute a commencé à sourdre et s’étendra comme une lèpre si la campagne de Donald Trump reste encalminée face au démocrate Joe Biden que le président attaque avec désordre et sans aucun résultat. Le 6 octobre, une question toute simple a été posée à la sénatrice républicaine sortante de l’Arizona Martha McSally au cours du débat qui l’opposait à son adversaire démocrate, l’ancien astronaute Mark Kelly : « Etes-vous fière de votre soutien au président Trump ? »

Six mois plus tôt, cet orgueil aurait sans doute été revendiqué la main sur le cœur. Mardi, l’ancienne pilote de l’armée de l’air s’est raccrochée à ce qu’elle a pu. « Je suis fière de me battre pour l’Arizona chaque jour », a-t-elle répondu, le regard fixe. Deux fois la question lui a été posée, deux fois elle a esquivé. Vendredi, le sénateur républicain également sortant de Caroline du Nord, Thom Tillis, a déclaré dans une interview à Politico que « le meilleur contrôle sur une présidence Biden » est que « les républicains conservent une majorité au Sénat », vantant le principe des checks and balances. Ce n’est pas encore le sauve-qui-peut, mais c’est à s’y méprendre.

Pour l’instant, rien ne peut rassurer le Grand Old Party. Donald Trump parle à tort et à travers depuis qu’il est sorti de l’hôpital, et son Covid-19 a ramené au cœur de la campagne le sujet qu’il voulait éviter par-dessus tout au moment où les cas de contamination repartent une nouvelle fois à la hausse dans le pays. Il n’a trouvé qu’une solution pour mettre fin à l’embarras : il suffirait que « son » département de la justice engage des poursuites contre Joe Biden, conspirateur supposé en 2016 d’un « coup d’Etat » qui n’existe sans doute que dans les obsessions du président, et le tour serait joué. Les républicains ont regardé ailleurs.

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Chacun pour soi

Le président qui se débat a annoncé cette semaine la fin des négociations avec le Congrès à propos d’un nouveau plan de soutien jugé indispensable par la Réserve fédérale, avant de se raviser, d’exiger des aides ciblées, puis enfin de proposer une enveloppe de 1 800 milliards de dollars (environ 1 500 milliards d’euros), au lieu des 2 200 exigées par la speaker démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. Après avoir accepté des années durant l’explosion de la dette fédérale, les républicains ont fait savoir qu’il n’était plus question pour eux de soutenir une telle prodigalité.

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