Après ses vacances à Ibiza, Jean-Michel Blanquer tente d’éteindre la polémique – Le Monde

Jean-Michel Blanquer, le 18 janvier sur le plateau de TF1.

La légende veut que de Gaulle lui-même ait sonné le rappel à la décence. Au moment où Georges Pompidou s’apprêtait à rejoindre l’Elysée, le général aurait, dit-on, suggéré à son ancien premier ministre, qui avait pour habitude de se détendre à Saint-Tropez (Var), d’opter pour une destination moins « paillettes ». « La Bretagne ! » lui aurait conseillé de Gaulle. Réelle ou fantasmée, l’anecdote rappelle la force des symboles. Et l’exemplarité à laquelle est tenu l’exécutif.

A un peu moins de cent jours de l’élection présidentielle, dans un pays bousculé par une crise sanitaire interminable, toute faute de goût semble difficilement pardonnable. La révélation, lundi 17 janvier, par le site Mediapart du séjour passé à la fin de l’année 2021 par le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, à Ibiza, petite île des Baléares connue pour sa vie nocturne débridée, a inévitablement provoqué une vague d’indignation au sein de la classe politique.

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C’est sous les moqueries de la droite que le ministre, hier apprécié des conservateurs, a fait mardi son entrée à l’Assemblée nationale pour répondre aux questions au gouvernement. « Alors le DJ ? » « On est mieux à Ibiza ! » entendait-on sur les bancs de l’Hémicycle. Alors oui, il y a eu maladresse, a concédé le ministre. « Il y a, je reconnais, une symbolique (…), la symbolique, je la regrette », a admis M. Blanquer.

Appels à la démission à gauche

Le locataire de la rue de Grenelle n’en est pas à son premier mea culpa. Quatre jours plus tôt, il avait admis sur Franceinfo « des erreurs » liées au protocole sanitaire qui avait suscité la pagaille dans les écoles. Le ministre avait été chahuté dès le 3 janvier pour avoir annoncé ce protocole quelques heures avant la rentrée des classes dans une interview au Parisien. S’exprimer par voie de presse via un article – d’abord payant – sans anticipation donnait le sentiment d’un manque de considération pour les professionnels de l’éducation.

Savoir aujourd’hui que cet entretien a été accordé par téléphone, depuis Ibiza, et non en vis-à-vis, comme pouvait le laisser croire la photo de M. Blanquer, devant son bureau, parue dans le journal, prend des allures de duperie. Le directeur des rédactions du Parisien-Aujourd’hui en France, Jean-Michel Salvator, a regretté mardi une « imprudence », tandis que la rédaction niait avoir cherché à couvrir le ministre.

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Il n’empêche, l’« affaire Ibiza » vient renforcer l’image d’un ministre étranger aux angoisses des professeurs et à l’exaspération des parents d’élèves. « Le problème, ce n’est pas Ibiza, c’est le dilettantisme de ce ministre », a estimé mardi, sur France 2, le candidat écologiste à l’élection présidentielle, Yannick Jadot, tandis que la gauche appelait à sa démission.

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