Après l’attentat de Buffalo, la gauche accuse la théorie du “grand remplacement” – Le HuffPost

Mark Mulville/Associated Press
Payton Gendron, l’auteur de la tuerie de Buffalo, photographié ce dimanche 15 mai.

TERRORISME – Encore une fois, ces deux termes qui obsèdent l’extrême droite française accompagnent une tuerie de masse. Dans la nuit de ce samedi 14 au dimanche 15 mai, Payton Gendron, un jeune suprémaciste américain âgé de 18 ans, a ouvert le feu à l’arme lourde dans un supermarché de Buffalo, dans l’État de New York, faisant 10 morts et 3 blessés selon un premier bilan.

Un crime aux motivations raciales immédiatement établies, puisque le jeune homme avait publié un manifeste en ligne avant son attaque à la mitraillette dans ce quartier à majorité afro-américaine. Ce mode opératoire rappelle celui de Brenton Tarrant, auteur de l’attentat de Christchurch en 2019, dont il s’est inspiré, reprenant notamment l’idée de diffuser la tuerie en direct sur internet.

Comme Brenton Tarrant, Payton Gendron partage la conviction que la population blanche et occidentale subit un “grand remplacement” provoqué par l’immigration. Cette théorie xénophobe et complotiste, popularisée par l’essayiste français Renaud Camus, s’est imposée comme l’un des sujets les plus discutés de la campagne présidentielle avant la guerre en Ukraine, à l’aune de l’irruption de la candidature très radicale d’Éric Zemmour.

“Un argumentaire à la haine raciste” pour Olivier Faure

Au point de s’être retrouvée partagée par la droite via Éric Ciotti ou encore Valérie Pécresse. Une période durant laquelle Renaud Camus, condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale, était invité sur CNews pour parler de ce concept, repris par Éric Zemmour à longueur de meetings.

Sans surprise ce dimanche, alors que c’est la deuxième fois que cette théorie accompagne un acte terroriste d’extrême droite, la gauche s’alarme de sa popularisation. “La thèse complotiste du “Grand remplacement” arme le bras des terroristes suprémacistes. Elle sert d’argumentaire à leur haine raciste. Ouvrons les yeux”, a tweeté le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. “Voilà où mène le fantasme néo-fasciste du ‘Grand remplacement’: il conduit au meurtre, partout dans le monde”, a renchéri le député insoumis Loïc Prud’homme, accusant Éric Zemmour et Marine Le Pen d’avoir “colporté” cette thèse au sein du débat public français.

“Certains ont accepté, médiatisé et banalisé qu’une grande partie du débat de l’élection présidentielle se fasse autour de la thèse du ‘Grand remplacement’ au nom de laquelle ce genre de tueur raciste a encore agi”, gronde de son côté le sénateur socialiste David Assouline.

“La banalisation des idées xénophobes (en l’espèce la théorie complotiste et raciste du ‘grand remplacement’,largement développée par un Français déjà condamné en justice) sur les antennes et réseaux sociaux ici et ailleurs TUE. Pensées aux proches des victimes”, a lui écrit l’ancien rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, aujourd’hui candidat NUPES dans le Gard, Nicolas Cadène

Pour rappel, cette théorie résiste mal à l’examen statistique, puisque les chiffres mis en avant par ses promoteurs sont très largement discutables. Pour le démographe et historien Hervé Le Bras, il est même “impossible” qu’un tel scénario puisse se produire. Dans son ouvrage Il n’y a pas de grand remplacement (éditions Grasset), ce directeur d’étude à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) démonte ce concept, point par point, sur la base des données empiriques fondées et en levant le voile sur les “fantasmes” qui conduit l’extrême droite à y adhérer. Parfois pour le pire, comme le montre l’attentat commis Payton Gendron ce samedi. 

À voir également sur Le HuffPost: Tuerie à “motivation raciale” dans un supermarché de Buffalo, au moins 10 morts

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