L’IGPN saisie après la blessure d’un « gilet jaune » frappé à l’œil en marge d’un rassemblement – Blog Le Monde

Selon le décompte du journaliste indépendant David Dufresne, 24 personnes ont été éborgnées depuis le début de ce mouvement de contestation sociale inédit.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 19h25, mis à jour à 19h36

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La place d’Italie (Paris) noyée dans les gaz lacrymogènes, le 16 novembre 2019.

La préfecture de police annonce, lundi 18 novembre, qu’elle va saisir l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) « à la demande du ministre de l’intérieur », après la diffusion d’une vidéo montrant un manifestant touché à l’œil samedi, lors d’une manifestations de « gilets jaunes » à Paris, par un projectile qui semble être une grenade lacrymogène.

Sur cette vidéo diffusée lundi sur les réseaux sociaux et vue plusieurs centaines de milliers de fois, on voit cet homme place d’Italie. Alors que la situation est très tendue aux alentours, il discute à l’écart du chaos avec d’autres manifestants, à proximité du centre commercial Italie 2. Soudainement, un projectile vient heurter violemment son œil gauche. Sur place, des manifestants et des « street medics » le mettent aussitôt à l’abri alors qu’il se tient l’œil.

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« Il était persuadé de ne courir aucun danger »

Joint lundi par l’Agence France-presse par téléphone à l’hopital Huriez de Lille où il s’apprêtait à être opéré, Manuel T. a fait part de son intention de porter plainte « dans les prochains jours ». Ce Valenciennois de 41 ans, intérimaire dans l’industrie automobile, avait du mal à s’exprimer « à cause de sa blessure ». Présente à ses côtés à l’hôpital, une « gilet jaune » de 55 ans avec qui il s’était rendu à Paris en bus samedi a expliqué qu’il « n’avait rien vu venir » avant l’impact. Ce dernier a eu lieu « entre 14 heures et 14 h 30 », affirme-t-elle. « Dans ses souvenirs, il n’y a aucune charge, aucune violence. Il était persuadé de ne courir aucun danger », a-t-elle expliqué. A ce stade, la perte définitive de son œil gauche n’était pas encore confirmée médicalement, selon elle.

Les manifestations de samedi, marquant le premier anniversaire des « gilets jaunes », ont été émaillées de heurts dans certains quartiers de la capitale. En un an, quelque 2 500 blessés ont été recensés parmi les manifestants et environ 1 800 dans les rangs des forces de l’ordre. Selon le décompte du journaliste indépendant David Dufresne, 24 personnes ont été éborgnées depuis le début de ce mouvement inédit de contestation sociale.

En 2018, d’après le rapport annuel de l’IGPN, 19 071 cartouches de lanceurs de balles de défense (LBD) ont été tirées, contre 6 357 l’année précédente – soit une augmentation de plus de 200 %. La tendance est similaire avec les grenades à main de désencerclement (5 420 munitions, contre 1 367 en 2017, une hausse de 296 %).

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