Affaire Griveaux : libéré, Piotr Pavlenski dit vouloir «révéler les mécaniques du pouvoir» – Le Parisien

L’ affaire Griveaux est désormais entrée dans sa phase judiciaire. Ce mardi 18 février, l’artiste russe Piotr Pavlenski et sa compagne Alexandra de Taddeo ont été mis en examen pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » et « diffusion sans l’accord de la personne d’un enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel ». Tous les deux ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de rentrer en contact. L’artiste russe a échappé à la détention provisoire que le parquet avait requis dans une seconde affaire.

Car Piotr Pavlenski est également visé par une enquête pour « violence avec arme sous l’empire de l’ivresse ». Il est soupçonné d’avoir blessé au couteau deux personnes lors de la dernière soirée du réveillon de la Saint-Sylvestre. Son sort reste en suspens dans ce second volet. « La juge d’instruction n’a pas statué sur la mise en examen. Elle lui a remis une convocation pour procéder à son interrogatoire de première comparution dans les prochains jours », précise une source judiciaire. Ce nouveau rendez-vous est fixé au 3 mars.

« Je suis content d’avoir fait ça »

Piotr Pavlenski, qui a gardé le silence pendant sa garde à vue, s’est épanché à sa sortie du tribunal mardi soir. « Je pensais que la France était un pays de liberté, ce n’est pas du tout le cas », a-t-il dénoncé. Plus tôt dans l’après-midi, avant de céder sa place à un nouveau conseil, Me Juan Branco avait indiqué que l’artiste se considérait victime d’une « procédure politique ».

L’activiste s’est en revanche montré agréablement surpris de ne pas avoir été incarcéré. « Le magistrat instructeur a pris une décision courageuse en ne suivant pas les réquisitions du parquet de placement en détention, se félicite Me Yassine Bouzrou, le nouvel avocat de l’activiste russe. La procédure est fortement critiquable au niveau procédural. Une requête en nullité sera certainement déposée prochainement. »

L’homme au visage émacié, qui avait revendiqué avant son interpellation la mise en ligne des vidéos intimes de Benjamin Griveaux, n’a pas renié son geste. « Je suis content d’avoir fait ça », a-t-il clamé, en exprimant son désir de poursuivre son « projet » baptisé « pornopolitique » dont il assume seul la paternité. « On a dit que j’étais du FSB (NDLR : les services secrets russes), qu’il y avait le Kremlin derrière moi, mais c’est facile, on dit toujours ça quand les choses dérangent ou ne plaisent pas, développe-t-il. C’est mon projet et les policiers verront dans mes ordinateurs qu’ils ont saisis qu’il n’y a rien d’autre. Moi, mes actes sont artistiques et politiques, je veux révéler les mécaniques du pouvoir. »

Alexandra de Taddeo dit avoir pardonné à Pavlenski

Face à la juge d’instruction, sa compagne Alexandra de Taddeo a choisi de ne pas s’exprimer. Mais l’étudiante de 29 ans s’est expliquée en garde à vue face aux enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) de la PJ parisienne. Elle a confirmé qu’elle avait été la destinataire, en 2018, d’une vidéo à caractère sexuel envoyée par Benjamin Griveaux, alors porte-parole du gouvernement. « Elle explique l’avoir conservée pour se protéger, précise son avocate Me Noémie Saidi-Cottier. Mais elle n’a jamais été dans une logique de vengeance à son égard. »

Selon plusieurs sources, les échanges entre l’étudiante et l’homme politique auraient été essentiellement virtuels et matérialisés par une seule rencontre. Le désormais ex-candidat (LREM) à la mairie de Paris avait porté plainte dès samedi, par l’intermédiaire de son avocat Me Richard Malka.

Alexandra de Taddeo s’est déclarée étrangère à la mise en ligne de cette vidéo intime. « Elle connaissait le projet de site Internet de son compagnon, mais elle n’a pas participé à cette diffusion ni donné son accord. Elle n’a pas été informée en amont et n’a pas été ravie de le découvrir », insiste Me Saidi-Cottier.

L’analyse des nombreux supports informatiques saisis à son domicile en perquisition devrait permettre d’éclairer les investigations. Néanmoins, la jeune femme a assuré qu’elle avait pardonné à son compagnon. « Elle comprend sa démarche et la soutient, poursuit son avocate. Elle aime l’homme, mais elle aime aussi l’artiste. Elle s’intéresse à l’art et son positionnement jusqu’au-boutiste lui plaît. C’est une femme qui a la tête sur les épaules et qui ne veut pas être vue comme une victime. »

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