Taubira assume les « rencontres » à gauche, Jadot a les bras « grands ouverts » et Macron rentre de Kiev : les infos politiques du 8 février – Le Monde

Le Monde tient le carnet de bord de la campagne de l’élection présidentielle de 2022 : un point quotidien, publié chaque soir à 19 heures, revient sur les faits politiques de la journée écoulée et aborde les rendez-vous à venir.

  • L’info du jour : Taubira espère toujours l’union à gauche

Elle avait prévu de dévoiler de « nouveaux chapitres » de son programme présidentiel, et la révélation d’une rencontre entre son état-major et celui de Yannick Jadot ne l’a pas fait dévier. Christiane Taubira a précisé ses mesures « pour la transition écologique et solidaire », mardi 8 février, sans rien dire d’une éventuelle association avec le candidat écologiste. L’hypothèse est pourtant omniprésente dans les esprits à gauche depuis le dîner de dimanche, à Romainville (Seine-Saint-Denis), entre les lieutenants des deux prétendants à l’Elysée.

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« Je n’ai jamais caché que je continue à parler aux autres candidats, a-t-elle affirmé au cours de cette conférence de presse à son quartier général. Il y a des rencontres. J’ai dit publiquement après le résultat de la Primaire populaire que j’allais prendre contact avec les autres candidats (…), ce que j’ai fait. (…) L’union conditionne nos chances de victoire à gauche, pas pour nous faire plaisir, mais pour être capables d’agir sur la vie des gens. » Sinon, « que dit-on à ces quatre millions de personnes qui ont basculé dans la précarité et la vulnérabilité ? « Vous allez en baver encore pendant cinq ans » ? »

Faute d’en dire plus sur les tractations avec le camp Jadot, Mme Taubira a pris soin de diffuser, le même jour, la liste des conseillers intégrant son équipe de campagne, où l’on note les noms de Pierre Larrouturou et de Charlotte Marchandise – présents à la conférence de presse –, deux de ses concurrents défaits de la Primaire populaire. « Ils m’ont rejoint pour faire campagne avec moi dès le lendemain », les a félicités Christiane Taubira. L’union, par ce bout-là, progresse.

  • L’image du jour

Yannick Jadot à Rennes, le 8 février.

Il ferme les yeux, mais a les bras « grands ouverts » : « Que tous les progressistes, humanistes rejoignent l’écologie et fassent campagne avec nous », a lancé Yannick Jadot à l’occasion d’un meeting à Rennes. Façon de répéter en creux que l’heure n’est pas à l’allégeance à Christiane Taubira. « On est sûrs de notre campagne, on n’a pas de fébrilité », a dit le candidat écologiste à l’Elysée. Il était dans la ville bretonne pour la deuxième étape de sa « tournée des possibles », qui doit permettre de consulter les électeurs afin de « répondre aux urgences climatiques et lutter contre l’explosion des inégalités ».

  • La phrase du jour : le satisfecit élyséen

« Il s’agissait pour moi de bloquer le jeu »

Dans l’avion qui l’emmenait de Moscou à Kiev, mardi matin, Emmanuel Macron a survolé la campagne présidentielle française, préférant en dire un peu plus sur sa rencontre avec Vladimir Poutine de la veille, qui visait à encourager un apaisement de la tension avec l’Ukraine. « Il s’agissait pour moi de bloquer le jeu pour empêcher une escalade et ouvrir des perspectives nouvelles (…) Cet objectif pour moi est rempli », a-t-il dit lors d’un entretien avec des journalistes. L’homme fort de la Russie avait estimé que « certaines des idées » de M. Macron pourraient « jeter les bases d’avancées communes ».

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Plus tard dans la journée, après sa rencontre avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelenski, le président de la République a loué le « sang-froid » de l’Ukraine. Son hôte a déclaré, lui, s’attendre à la tenue, « très prochainement », d’un sommet avec les dirigeants russe, français et allemand. Emmanuel Macron devait ensuite se rendre à Berlin dans la soirée pour y retrouver le chancelier allemand Olaf Scholz, lui-même tout juste rentré de Washington.

  • Le chiffre du jour

5 086

C’est le nombre de parrainages de candidats validés par le Conseil constitutionnel, mardi à 17 heures. Après Emmanuel Macron jeudi 3 février, c’est au tour de Valérie Pécresse et d’Anne Hidalgo de passer le seuil fatidique des 500 signatures requises pour se présenter à l’élection présidentielle – à condition que celles-ci, octroyées par des élus locaux, proviennent d’au moins trente départements. Au total de parrainages reçus, la candidate de la droite passe même devant le chef de l’Etat, avec 939 signatures contre 926. La socialiste en a 652.

Notre visuel : explorez les parrainages obtenus par les candidats
  • La campagne dans les archives du « Monde »

Ce matin de février 2007, un vent de civisme souffle sur la France. Le Monde a activé son réseau de correspondants à travers le pays pour connaître l’évolution des inscriptions sur les listes électorales, et les chiffres donnent le tournis. A la fin de 2006, par rapport à la fin de 2001 – deux années précédant une élection présidentielle –, le nombre de nouvelles inscriptions a augmenté de 35 % à Vaulx-en-Velin, 43 % à Paris, 277 % à La Courneuve, ou encore d’un improbable 378 % à Angoulême.

D’après l’analyse de nos collègues Jean-Baptiste de Montvalon et Acacio Pereira, « le souvenir du 21 avril 2002, qui avait vu le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, se qualifier contre toute attente pour le second tour de l’élection présidentielle, explique sans doute une bonne part des hausses constatées ». Il constate aussi que les appels à la mobilisation, lancés par des vedettes comme Joey Starr ou Djamel Debbouze, ont porté dans les quartiers sensibles où reste vivace le souvenir des émeutes de 2005. Une part de ces hausses, nuance le journaliste, provient de l’inscription automatique des jeunes qui fêtent leurs 18 ans et accèdent ainsi à la majorité, et « nul ne sait si les inscrits d’office se rendront dans les bureaux de vote ».

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Au premier tour du scrutin, le 22 avril 2007, le taux de participation atteint 83,8 % – il était de 71,6 % au premier tour de 2002. En mai 2021, selon l’Insee, 94 % des Français en âge de voter étaient inscrits sur les listes électorales. Et dans la dernière vague de l’enquête Ipsos-Sopra Steria en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et la Fondation Jean Jaurès pour Le Monde, 77 % de ceux qui ont répondu se disent « certains » ou « presque certains » d’aller voter.

Archive « Le Monde » du 8 février 2007.
  • L’agenda du mercredi 9 février

Questions-réponses. Dans la matinée, la candidate de la droite, Valérie Pécresse, doit parler aux responsables du collectif Le Pacte du pouvoir de vivre. Vers midi, le patron de La République en marche, Stanislas Guerini, a prévu d’échanger avec l’Association des journalistes parlementaires. Eric Zemmour sera l’invité, dans la soirée, de « La France dans les yeux », sur BFM-TV. L’émission s’installe en Seine-Saint-Denis, où le candidat d’extrême droite répondra à des habitants.

Et ensuite. Plusieurs organisations syndicales de magistrats et de fonctionnaires du ministère de la justice organisent une conférence de presse à Paris, mercredi à 11 heures, consacrée aux suites à donner à la mobilisation de la fin de l’année dernière.

L’appel du large. Le sommet One Ocean commence mercredi à Brest (Finistère), dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, avec le soutien des Nations unies. Il durera trois jours, avec l’objectif de mobiliser la communauté internationale pour préserver un océan sain et durable. Les ministres européens de la mer se retrouvent, eux, à La Rochelle pour deux jours.

Le Monde

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