Syrie : offensive turque, bilan, réactions… Le point ce lundi – Le Figaro

Les États-Unis ont annoncé dimanche 13 octobre qu’ils allaient procéder au retrait du millier de soldats encore stationnés dans le nord de la Syrie, où l’armée turque a intensifié son offensive, tandis que Damas a conclu un accord avec les forces kurdes pour redéployer des troupes à la frontière turco-syrienne

Depuis le 9 octobre dernier, la Turquie et des supplétifs syriens mènent une offensive dans le nord de la Syrie, pour éloigner de la frontière la milice kurde des Unités de protection du Peuple (YPG), qualifiée d’organisation «terroriste» par Ankara.

L’armée syrienne se rapproche de la frontière turque

Les forces du régime syrien se sont rapprochées lundi de la frontière avec la Turquie, où les troupes d’Ankara et des supplétifs syriens mènent toujours des combats contre une milice kurde, a rapporté un correspondant de l’AFP. Brandissant des drapeaux syriens, entourées par des habitants venus saluer leur arrivée, les forces se sont déployées à la périphérie de Tal Tamr, au sud de la ville frontalière de Ras al-Aïn, où se déroulent des combats.

L’agence officielle syrienne Sana a confirmé l’arrivée «des unités de l’armée arabe syrienne» à la localité de Tal Tamr, située à une trentaine de kilomètres de Ras al-Aïn. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), certaines unités de l’armée sont même arrivées jusqu’à près de six kilomètres de la frontière.

Face à la progression de l’offensive turque, les Kurdes ont annoncé dimanche avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l’armée syrienne près de la frontière «en soutien aux Forces démocratiques syriennes (FDS)», la principale alliance de combattants kurdes et arabes, dominée par les YPG.

L’offensive turque s’intensifie

L’offensive d’Ankara devait d’abord se concentrer sur une bande de territoire frontalière, entre les villes de Tal Abyad et Ras al-Aïn, distantes d’environ 120 km. Mais dimanche, les forces turques ont conquis Tal Abyad, selon l’agence turque Anadolu et une ONG, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Ras al-Aïn échappe encore aux forces turques, mais celles-ci se sont emparées de 40 villages depuis mercredi et «ont conquis toute la région frontalière, de Tal Abyad jusqu’à l’ouest de Ras al-Aïn», selon l’ONG.

Les combats et les bombardements turcs ou de leurs supplétifs ont été violents dimanche, tuant au moins 26 civils selon l’OSDH. Parmi ces victimes, au moins dix ont péri dans un raid de l’aviation turque à Ras al-Aïn contre un convoi comprenant des journalistes, selon l’OSDH. L’ONG a rapporté la mort «d’un journaliste», sans être en mesure de donner son identité. L’agence locale kurde Anha a ensuite rapporté la mort de son correspondant.

Le président Recep Tayyip Erdogan a répété dimanche sa détermination à poursuivre l’offensive. Cette dernière, lancée il y a cinq jours à la faveur d’un retrait américain et malgré de vives critiques internationales, vise à instaurer une «zone de sécurité» de 32 km de profondeur pour séparer sa frontière des territoires contrôlés par l’YGP. Cette «zone» serait susceptible d’accueillir une partie des 3,6 millions de Syriens actuellement réfugiés en Turquie, une des nombreuses conséquences du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011.

La France veut «la cessation immédiate de l’offensive» turque

La France va accentuer ses efforts pour obtenir «la cessation immédiate de l’offensive turque» contre les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie, a déclaré dimanche la présidence française dans un communiqué. «La France accentuera ses efforts diplomatiques, en étroite coordination avec ses partenaires de la coalition contre Daech, dans le cadre de l’Union européenne, de l’Otan et du Conseil de sécurité des Nations unies, pour obtenir la cessation immédiate de l’offensive turque en cours», indique le communiqué.

Le président Macron a déclaré que l’offensive lancée par la Turquie peut «entraîner des conséquences humanitaires dramatiques, une résurgence de Daech dans la région, et une déstabilisation durable du nord-est syrien», selon le communiqué. Il relève «le risque d’évasion, en raison de l’offensive de la Turquie, des terroristes de Daech faits prisonniers». «La France la condamne dans les termes les plus fermes», a-t-il dit.

Le communiqué annonce des mesures «pour assurer la sécurité des personnels français militaires et civils présents dans la zone» et «un programme de réponse humanitaire d’urgence» en faveur des populations locales.

Un bilan humain déjà considérable

Depuis mercredi 9 octobre, 104 combattants kurdes et plus de 60 civils ont été tués dans les violences, selon un dernier bilan de l’OSDH. Plus de 130.000 personnes ont été déplacées, d’après l’ONU.

La Turquie a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes kurdes sur des villes frontalières turques.

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