Sur l’IVG, Marine Le Pen change de position et propose de constitutionnaliser la loi Veil – Le Monde

Le député RN, Jean-Philippe Tanguy, discute avec la présidente du groupe RN, Marine Le Pen lors de la nouvelle lecture, à l’Assemblée nationale, du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023. Paris, le 21 novembre 2022.

« Pourquoi pas ». Puis non. Puis oui mais. Marine Le Pen semble, cette fois, avoir arrêté son avis quant à la constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Lundi 21 novembre, à trois jours de l’examen dans l’Hémicycle d’une proposition de loi de La France insoumise (LFI) destinée à graver dans le marbre constitutionnel le droit à l’IVG, la cheffe de file du Rassemblement national (RN) a déposé un amendement visant à consacrer les dispositions actuelles – en mentionnant spécifiquement le délai maximal de quatorze semaines de grossesse pour le recours à une IVG, un délai auquel elle s’était opposée lors de la législature précédente, jugeant que « l’acte [changeait] complètement de nature ». Avec cet amendement d’équilibre, dévoilé par RTL et France Inter, Mme Le Pen espère réconcilier un groupe où cohabitent des sensibilités très diverses en ce qui concerne les questions de société, entre partisans du mariage homosexuel et catholiques « provie ».

Les textes portés par les groupes LFI et Renaissance ont été adoptés en commission et doivent être examinés les 24 et 28 novembre. Répondant aux remises en cause récemment observées aux Etats-Unis et en Europe sous la pression de mouvements conservateurs, aucun de ces textes n’a de réelle chance d’aboutir : le Sénat y est opposé, or toute proposition de loi constitutionnelle doit être votée par les deux assemblées avant d’être soumise à un référendum. Cette dernière étape serait évitée si le texte était porté par le gouvernement. Les débats actuels ont, toutefois, un mérite politique aux yeux de la gauche et de la majorité : mettre en lumière les ambiguïtés de la droite et de l’extrême droite à ce sujet.

Par cet amendement, signé en son seul nom, Marine Le Pen met fin à une valse-hésitation, qui témoigne de son inconfort. En juillet, interrogée par Le Monde sur cette perspective, elle avait répondu : « Pourquoi pas », avant d’ajouter : « Mais cette agitation ne me paraît pas justifiée. Nous ne sommes pas les Etats-Unis, et aucun parti n’envisage de changer notre législation. » Après les vacances d’été, lors de la rentrée parlementaire du parti au Cap-d’Agde, elle se disait personnellement « contre », tout en garantissant la liberté de vote aux députés RN. Dans le Journal du Dimanche, le 13 novembre, elle préférait esquiver la question en disant ne pas comprendre « à quel danger doit répondre cette demande de constitutionnalisation ». Il y a dix ans, elle-même avait défendu le déremboursement de l’IVG par la Sécurité sociale afin, disait-elle, de dissuader de prétendus « avortements de confort ».

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