Retraites : mobilisation en nette baisse malgré des manifestants « déterminés » – Le Monde

Manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 16 janvier.

Manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 16 janvier. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »

Après six semaines de conflit et un trafic SNCF revenant progressivement à la normale, les syndicats opposés à la réforme des retraites ont tenté, jeudi 16 janvier, de maintenir la contestation. Selon le ministère de l’intérieur, 187 000 personnes ont défilé dans toute la France à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, CFE-CGC et trois organisations de jeunesse) pour la 6e journée de manifestation depuis le 5 décembre.

La mobilisation est bien moindre que lors de la précédente journée de mobilisation, le 9 janvier, lorsque la Place Beauvau avait comptabilisé 452 000 personnes sur tout le territoire.

Revivez la journée de manifestation : Grève du 16 janvier : suivez en direct la journée de manifestations contre la réforme des retraites
  • A Paris, une majorité d’enseignants dans le cortège

A Paris, ils étaient 23 000 selon le ministère de l’intérieur et 28 000 selon le cabinet Occurrence, qui réalise un comptage indépendant pour plusieurs médias, dont Le Monde. La CGT a de son côté revendiqué 250 000 manifestants entre Montparnasse et la place d’Italie (contre 370 000 le 9 janvier). Ils défilaient derrière une banderole « Retraites à points : tous perdants, retraite à 60 ans : tous gagnants ! ».

On y trouvait en grande majorité des enseignants, malgré des taux de grévistes en baisse dans l’éducation nationale (6,6 % dans le primaire et 6,83 % dans les collèges et lycées, selon le ministère à la mi-journée).

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Egalement présents : des avocats en robe, des cheminots, des agents de la RATP ou des étudiants.

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  • L’intersyndicale espère remobiliser

L’intersyndicale espère retrouver une mobilisation conséquente après plusieurs journées d’actions en retrait par rapport aux 805 000 manifestants du 5 décembre, selon le ministère de l’intérieur.

« La détermination est toujours aussi grande », a assuré le numéro un de la CGT Philippe Martinez. « Il n’est jamais trop tard pour faire céder un gouvernement ».

Mais « il n’y a pas l’idée que le gouvernement aurait bougé en quoi que ce soit », a estimé Benoît Teste (FSU), reconnaissant que « la lassitude, c’est le risque de ce mouvement ».

  • Participation en nette baisse en région

Les premiers chiffres des manifestations hors Paris montraient plutôt une décrue : environ 42 000 personnes ont défilé en France hors Paris à 15 heures, selon un comptage de l’Agence France-Presse réalisé à partir des chiffres fournis par la police ou les préfectures.

A Marseille, 8 000 personnes selon la police (110 000 selon la CGT) se sont rassemblées sur le Vieux-Port. « Aucune négociation, retrait du projet Macron », demandait une banderole de la FSU. Notre journaliste sur place, Luc Leroux, a constaté que de nombreux avocats étaient présents. Ils ont prêté serment mardi à la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Etienne Peyreffite, 27 ans, explique :

« Etre aujourd’hui dans la rue, c’est une bonne raison de porter pour la première fois notre robe. C’est donner du sens à nos missions, participer à ce mouvement c’est protéger l’accès au droit des plus démunis. Dans notre serment, nous avons juré d’exercer avec indépendance et humanité, cette réforme fera que nous ne pourrons pas respecter ce serment. »

A Toulouse, les manifestants étaient 7 300 selon la préfecture et 80 000 selon la CGT.

A Lille, avant la manifestation, une soixantaine de professionnels du secteur paramédical ont jeté leurs blouses blanches devant les locaux de l’Assurance maladie. « Nous ne comprenons pas que le gouvernement s’attaque à notre système autonome qui fonctionne bien », a dénoncé Juliette Grzeszak, orthophoniste libérale, craignant que les hausses de cotisations retraite ne mettent en péril des cabinets d’orthophonistes, kinés, infirmières…

A Bordeaux, tambours, buvette et ambiance parfois électrique entre manifestants et forces de l’ordre, constaté par notre correspondante sur place :

Jérémy professeur à l’université de Bordeaux et Philippe, chercheur dans un institut de recherche expliquent que « chacun se mobilise comme il peut » et ne sont pas découragés face au nombre moins important de manifestants aujourd’hui, explique-t-il.

De son côté, le cortège de Lyon est arrivé peu après 14 heures place Bellecour. Selon la CGT, 16 000 personnes sont descendues dans la rue ce jeudi (contre 27 000 personnes selon le décompte du même syndicat le 9 janvier). La police a, elle, dénombré 6 600 manifestants. Boite de café transformée en caisse de grève autour du cou, David Longeval, cheminot à la Part Dieu et militant Sud Rail se félicite auprès de notre journaliste sur place Alcyone Wemaëre de la mobilisation du jour après un départ de cortège pourtant peu dense :

« ça fait chaud au cœur après un mouvement de grève aussi long et dans une ville comme Lyon qui n’a pas une tradition de lutte de voir autant de gens mobilisés et autant de corps de métier représentés ».

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  • Quatre raffineries sur sept connaissent toujours des difficultés

Les accès aux terminaux du port de Nantes-Saint-Nazaire, le premier de la façade Atlantique, étaient toujours bloqués jeudi à l’appel de la fédération CGT ports et docks.

Quatre raffineries sur sept « connaissent des difficultés temporaires dans leurs expéditions », de même que deux dépôts de carburant « sur environ 200 », selon le ministère de la transition écologique et solidaire.

« Nous, on est particulièrement concernés par la question de la pénibilité avec le travail de nuit ou le fait qu’on respire des produits qui ne sont pas très bons », a expliqué Jérémy Colin, 42 ans, opérateur à la raffinerie de Donges, qui défilait à Saint-Nazaire, où militants CGT côtoyaient des « gilets jaunes ».

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  • Le bras de fer avec le gouvernement se poursuit

Pendant ce temps, les propositions du gouvernement pour les différentes catégories mobilisées se poursuivent : des « augmentations importantes dès 2021 » pour les enseignants, notamment des hausses de salaires de 70 à 90 euros net par mois en début de carrière ont été annoncées jeudi, ainsi que le maintien d’« une caisse propre » à la profession d’avocat la veille. Sans convaincre les intéressés.

Si la mobilisation baisse, elle reste en tout cas soutenue majoritairement par l’opinion publique, selon plusieurs sondages. L’exécutif a répondu à la demande des syndicats réformistes (CFDT, UNSA et CFTC) en acceptant de supprimer l’instauration progressive à partir de 2022 d’un âge pivot assorti d’un bonus-malus. Et une « conférence de financement » sera chargée d’ici à fin avril de trouver les moyens de garantir l’équilibre financier en 2027.

Mais le compromis proposé est un « leurre » pour les syndicats hostiles à la réforme qui ont annoncé de nouvelles mobilisations les 22, 23 et surtout 24 janvier, avec une 7e journée d’action nationale à l’occasion de l’examen du projet de loi en conseil des ministres.

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